Pierre ANGLART – 1918-1991

Portrait.

« Le P. Pierre disait de lui- même:’Je suis un lion en cage’. C’est vrai.
Mais qui n’a découvert derrire sa rudesse apparente, une grande tendresse,
une grande bonté? Il a conçu le quotidien de sa vie comme une suite de
services très humbles allant du plus petit dépannage jusqu’au service de
fin cuisinier. Si mplement pour le plaisir de donner du bonheur à ses
frères… Il faut reconnaître que son caractère bouillant n’était pas
toujours facile à vivre.
Pour beaucoup Pierre est resté un peu mystérieux. Il cultivait cette pudeur
des gens qui n’aiment pas se livrer, il se cachait derrière une faconde
proverbiale. Il a écrit de lui:
‘J’emploie volontiers un ton enjoué et un tantinet farceur. Peut-être ne
perçoit-on pas sous l’écorce de la joie une profonde souffrance’.
Par les traits de sa personnalité riche et complexe, il avait les
difficultés de l’adulte qui s’affronte au réel mais aussi la simplicité de
l’enfant qui se réjouit et sait pardonner. Qui pourra jamais expliquer sa
grande passion pour Jeanne d’Arc? Pierre fut un pèlerin de l’impossible:
qu’il puisse reconnaître le visage
accueillant de Celui qu’il a si impatiemment cherché.

Religieux de la Province de France.

L’enfance et la formation.

Pierre est né à Angers (Maine-et-Loire) le 18 mai 191 S. Très tôt orphelin de père, il est marqué par la pauvreté de son milieu. Il fait ses études secondaires à l’alumnat de Saint-Maur (1930- 1932), à celui de Melle (1932-1934). Il prend l’habit à Pont-l’Abbé-d’Arnoult le 30 septembre 1934 où le guide et le ‘contient’ un maître des novices attentif, le P. Pol de Léon Cariou. Sa première profession est du 25 mars 1936. Il suit les cours de philosophie à Scy-Chazelles (Moselle) de 1936 à 1938, puis de théologie à Lormoy de 1938 à 1944, avec une interruption pendant la guerre. Il est profès perpétuel le 5 octobre 1941 et ordonné prêtre en 1944.

Dix-sept changements en quarante-ans.

La liste est longue de ses résidences et de ses emplois où il apporte un élan et un enthousiasme certains, mais où se font jour aussi des difficultés de tous ordres, souvent relationnelles. Il apporte dans ses tâches des idées originales et novatrices, car le P. Pierre ne manque pas d’intelligence créatrice même si l’intendance ne peut pas toujours suivre. Voici, dans l’ordre de son parcours, ses états de service: 1944-1946: économat à Cahuzac 1946-1951: professeur de mathématiques au collège d’Agen (Lot-et-Garonne) 1951-1954: professeur de mathématiques au collège de Tarbes (Hautes-Pyrénées) 1954-1958: supérieur de l’orphelinat de Toulouse (Haute-Garonne) 1958-1959: préfet de discipline au collège d’Alzon (Bône, en Algérie) 1959-1962: économe au collège de Tarbes (Hautes-Pyrénées)

Pendant six mois, secrétaire de l’économe général, le P. Eudes Hanhart à Rome (Italie, maison généralice)

1964-1971: à l’alumnat de Cahuzac (Gers)

1971-1972: en recyclage d’études à Lille (Nord)

1972-1973: aumônier du lycée de Melle (Deux-Sèvres)

1973-1974: en paroisse à La Tremblade (Charente-Maritime)

1974-1976: en paroisse dans le secteur de Gimont (Gers)

1976-1977: économe au centre d’accueil de Saint-Maur (Maine-et-Loire)

1977-1980: économe à la communauté de Paris, rue François 1er (Seine)

1980-1983: économe à la maison de repos de Lorgues (Var)

1983-1986: économe à Paris, rue de l’amiral d’Estaing (Paris, Seine)

1986-1987: économe à Agen, rue Goumy (Lot-et-Garonne)

1987-1991: supérieur de la communauté de Villefranche du Périgord. Il le reste jusqu’à sa mort à Bordeaux, à l’hôpital, le 31 janvier 1991.

Depuis quelques années il souffrait d’un déséquilibre dans le sang et d’ulcères. Opéré d’une péritonite le 21 janvier, il sombra dans le coma; ré-opéré le 29 janvier sans sortir du coma, il meurt le 31 janvier. Il fut enterré à Layrac le 4 février.

Un homme rongé par l’impatience.

« Le P. Pierre vit souvent à cent à l’heure. Il aurait voulu qu’autour de lui les choses s’améliorent et s’améliorent vite. Trop vite peut-être. A noter sa recherche pour être ‘performant’ dans J’annonce de Jésus-Christ. Il a bousculé bien des manières de faire, s’étonnant des lourdeurs, des inerties, des oppositions, surtout celles des ministres de l’Église. Il jubilait quand la réponse était là. Il a adopté d’emblée, avec passion, l’ouverture de leglise au monde réalisée par Vatican II, et il a essayé, par tous les moyens, d’appliquer certaines orientations. Ce ne fui pas toujours facile, là non plus. Il a aimé leglise, avec impatience, comme tout ce qu’il a fait. D’ailleurs son impatience à attendre que la semence germe ne lui a presque jamais laissé le temps de goùter les fruits de son travail. L’essentiel pour lui: faire de sa vie une quête incessante du visage de Jésus-Christ pour le révéler aux hommes ». D’après l’homélie du P. Le Gleuher aux obsèques du P. Pierre Anglart.

Bibliographies

Bibliographie : Documents Assomption, Nécrologe (V), 1991-1993, p. 5-6. A Rravers la Province (Paris), Nécrologie année 1991, p. 189-193. Sont conservés quelques rapports du P. Anglart sur le collège de Toulouse, années 1954-1958 et quelques correspondances adressées aux PP. Dufault, Saint-Martin, Jointer et Hanhart.