Pierre-Cosme (Pierre) GORET
1885-1966
Religieux de la Province de Paris.
Un médecin à l’Assomption.
Pierre Goret est né à Paris, le 15 août 1885. Il entreprend une carrière médicale avant d’entrer à l’Assomption. Son curriculum ne manque pas de titres: licencié ès-sciences naturelles, préparateur à la Faculté de Médecine (parasitologie), Interne des Hôpitaux, Docteur en médecine (1919), Médecin- Major de première classe, blessé à la guerre 1914- 1918, Croix de guerre, auteur d’un mémoire sur le cas d’Emilie Cailleux miraculée de Lourdes publié à la Bonne Presse dans la collection Apologétique, bachelier en philosophie scolastique à la Faculté Catholique de Paris. Il se présente au noviciat de Saint-Gérard (Belgique) le 16 octobre 1921. Il prend l’habit le 9 décembre 1921. On connaît les dates de ses professions: la première, le 19 décembre 1922, la perpétuelle, le 19 décembre 1925 à Saint-Gérard, sous le nom de Frère Pierre-Cosme. Médecin, il examine l’état sanitaire du noviciat et se montre parfois fort sévère, écartant parfois certains candidats à la vie religieuse pour des motifs de santé. Sa vie à l’Assomption va être fort brève sur le plan de l’activité: malade, il reste à Saint-Gérard jusqu’en 1932. Mis à l’asile de Leuze, chez les Frères de Saint- Jean de Dieu (1932-1934), il en est retiré après intervention des membres de sa famille. Transporté à Paris, il est admis à l’Hospice Lenoir-Joussereau à Saint-Mandé, de 1934 à sa mort, le 5 mars 1966 . Il est inhumé dans le caveau de sa famille, au cimetière de Vincennes, le 8 mars 1966, à 81 ans.
Souvenirs du P. Rémi Kokel.
Le P. Rémi Kokel a admis le Frère Pierre-Cosme Goret à Saint-Gérard en 1921: il dit le drame de l’existence douloureuse de ce Frère, en récapitulant quelques étapes de son parcours humain, spirituel et médical.
Le docteur a fait d’excellentes études de médecine qui lui valent de passer avec succès le concours de l’Internat des Hôpitaux de Paris. La mobilisation de 1914 l’envoie sur les champs de bataille: il s’y distingue par son courage et par son dévouement, est grièvement blessé à Verdun. Mais il ne rire point vanité de ses médailles et des citations qu’il a méritées. Sa famille, non chrétienne, n’accepte pas de partager ses sentiments lorsqu’il décide de s’engager dans la vie religieuse, à l’issue d’un voyage en Palestine et d’un séjour de deux mois à Notre-Dame de France. On ne sait pas d’où lui vient la pensée d’entrer au noviciat de l’Assomption qui vient juste de s’installer à Saint-Gérard (1921), dans les bâtiments d’un très ancien monastère bénédictin. Il y arrive avec des lettres de recommandation du P. Antonin Coggia, secrétaire du P. Maubon. De Palestine il apporte plusieurs caisses remplies d’aquarelles qu’il a peintes sur les sites les plus suggestifs du pays, dans l’intention de s’en inspirer dans ses futures méditations. Il apporte aussi de sa vie antérieure, dans sa chair, des souvenirs qui le marquent douloureusement et qui vont anéantir très rapidement toute activité extérieure pour lui. Ignorant le danger, il ne sait pas se garder des rayons ardents du soleil orientai et il subit une forte insolation. Il en sort vivant, mais quelques années après, une crise faillit l’emporter et le laisse paralysé, au point de ne plus pouvoir se tenir debout et être obligé de vivre cloué dans un lit. Il explique ses malaises par la destruction de quelques cellules des centres moteurs du cerceau, le thalamus. Pendant plusieurs années, il demeure à Saint-Gérard dans cet état maladif qui ne lui ôte pas sa forte ténacité au travail intellectuel. Après un séjour de deux ans chez les Frères de Saint-Jean de Dieu à Leuze, il est accepté en qualité de médecin frappé de maladie incurable dans un hôpital de Saint-Mandé, dans la région parisienne. Pour vaincre l’ennui, il se livre à toutes sortes d’études: il apprend l’hébreu pour ‘prier comme les juifs, comme Marie, puis le sanscrit et le chinois. Il entretient des relations suivies avec nombre de savants français, spécialistes du bouddhisme, des historiens et des ethnologues. Lorsque la maison provinciale de Paris s’installe à Denfert-Rochereau, il ne manque pas de visites de la part de confrères assomptionnistes. Le 5 mars 1966, un coup de téléphone fait part de son décès et des dispositions de sa famille pour toutes les formalités de l’inhumation. Une cérémonie religieuse est célébrée à l’église Notre-Dame de Vincennes. Trois religieux peuvent s’y rendre et participent au service funèbre une douzaine de membres de sa famille. Le petit cortège accompagne le corps à travers les rues de Vincennes jusqu’au vieux cimetière où la famille possède un caveau. Ses proches ne dirent rien au sujet des circonstances de la mort du Frère. Après une courte prière, le modeste cercueil est descendu dans la tombe, ensevelissant avec lui toute une existence de souffrances, de travail, de connaissances scientifiques, philologiques et historiques ».
Bibliographies
Bibliographie et documentation: B.O.A. janvier 1967, p. 176-177. Paris-Assomption, 1966, n° 99, p. 44-46. Lettre de Jean Moulinier, Paris, le 17 septembre 1934. Notices Biographiques