Pierre-Damien (Pierre-Jean) PIRARD – 1904-1989

Bruxelles, 21 mars 1961 et 20
mai 1963.
« Laissez-moi d’abord vous souhaiter d’être aussi jeune que le printemps
qui vient de naître, mais plus ensoleillé. Nous avons eu cinq semaines
plus chaudes qu’à Nice et voilà qu’aujourd’hui le beau temps refuse de se
mettre d’accord avec le calendrier. Ce petit
mot vous dira que les Editions Universitaires se disposent à publier les
moins mauvaises
de mes interviews. Mgr Suenens à qui je demandais son imprimatur au cours
d’un déjeuner me répondit que c’était chose faite sans examen puisque
j’avais implicitement l’imprimatur pour tout ce qui paraissait dans La
Libre Belgique. Mais il me reste à obtenir la permission des Supérieurs. Ce
sera mon oeuf de Pâques ou plutôt le vôtre puisque je me ferai une joie de
vous offrir le premier volume
à sortir de presse ».
« Bien sûr, la différence du 21 au 22 janvier n’est pas grande, mais
puisque les pièces officielles exigent de la précision, je vous dirai que
je suis né le 21 janvier et que j’en suis heureux, puisque c’est le jour de
la sainte Agnès et la fête patronale de plusieurs de mes parents ».

Lettres du P. Pirard au P. Wilfrid Dufault.

Notices Biographiques A.A

Religieux de la Province de Belgique-Sud. Une vocation assomptionniste de Religieux- journaliste. Pierre-Jean Pirard est né le 21 janvier 1904 au village d’Olne, dans le diocèse de Liège (Belgique. Gamin, sa mère, Marie née Boland, une veuve austère avec quatre enfants à charge, lui interdit de jouer dans la rue. Il se rabat donc sur les livres de Jules Verne et de Walter Scott, une passion qu’il va cultiver toute sa vie. Il commence ses humanités à l’alumnat de Zepperen (1918-1921) et les poursuit à Sart-les-Moines (1921-1923), à l’issue desquelles il prend l’habit religieux, le 31 octobre 1923, à Saint- Gérard, sous le nom de Frère Pierre-Damien (1). Il prononce ses premiers vœux à Taintegnies le ler novembre 1924, avant d’entamer ses études de philosophie à Saint-Gérard (1924-1926) et celles de théologie à Louvain (1926-1930). Profès perpétuel le ler novembre 1929, «religieux très doué intellectuellement, parti pour faire de très bonnes études, touchant de l’orgue, mais qui n’est pas parfait » selon le P. Sidoine Hurtevent, il est ordonné prêtre le 20 avril 1930. Son premier poste est pour Bure (1930-1931) d’où il passe très vite à Sart-les-Moines, comme professeur des belles- lettres (1931-1937). Ses confrères plus jeunes gardent un souvenir émerveillé de cette période. De 1938 à 1944, séjournant en diverses maisons (Haine-Saint-Pierre et environs), il prêche des récollections et se met à écrire. « Il produit une dizaine de romans dont les plus réussis se déroulent dans l’atmosphère campagnarde de son enfance. On lui doit aussi des hagiographies ainsi qu’un essai sur Huysmans » selon Jacques Franck. Encouragé par un prêtre passionné de littérature, il commence à éditer en 1944 un Fichier Bibliographique, sorte de revue sur cartes postales. Un livre paraît, et le surlendemain, l’abonné reçoit une de ces cartes avec résumé du livre, appréciation littéraire et morale. A.A Il y travaille jusqu’en 1946. A partir de cette année, il consacre pratiquement tout son temps à la critique littéraire. Il est pendant près de 30 ans à la tête de la page ‘Les livres et les idées’ du journal catholique d’audience nationale, La Libre Belgique, ce qui lui vaut cette appréciation en fin de carrière, dans Hebdo Pan. « P. Pirard avait son public et des gens qui n’étaient ni réactionnaires ni bigots achetaient La Libre, le jour où paraissait son papier de deux colonnes. Les libraires le prenaient au sérieux et on ne négligeait pas son influence dans les maisons d’édition parisiennes. P. Pirard avait ses lecteurs. Dans toute la presse littéraire bruxelloise, il était même le seul à en avoir, sans doute parce qu’il était le seul à être lisible. Un de ses confrères certifiait qu’il avait un style de hussard et des goûts de notaire. Il y avait du vrai dans cette boutade ». En 1974Y il prend sa retraite tout en continuant à collaborer de manière assez régulière au journal. Il commence la dernière étape de son existence. Le dernier chapitre de sa vie est assez laborieux, c’est celui du dépouillement et de l’intériorité, dans les aléas de la maladie (dépression nerveuse) et d’un certain isolement, le P. Pierre vivant assez replié sur lui- même. Il écrit sur cette expérience: « J’ai compris de mieux en mieux qu’à parler de moins en moins, on s’entend de plus en plus ». Entré à l’hôpital le 23 août 1989, il y meurt le 5 octobre suivant, à l’âge de 85 ans. Ses obsèques sont célébrées en l’église de la Madeleine à Bruxelles, suivies de l’inhumation à Saint-Gérard. Jacques Franck résume ainsi le parcours littéraire et la figure de ce collaborateur hors pair à La Libre Belgique« Le -Père Pirard se voua au sacerdoce et au journalisme, dans un amour très sain de la vie. Homme d’une robustesse que renforçait le froc qu’il porta jusqu’au concile, les pieds au sol, un sourire gouailleur aux lèvres, déplaçant beaucoup d’air et pourtant rivé des heures entières à sa table de travail, il était un charmant confrère en même temps qu’un critique militant. Et qui maniait la plume comme les moines- soldats l’épée. Quitte à s’attendrir sur l’herbe du chemin ou sur un oisillon tombé du nid ». (1) Avec les années n’est conservé que le premier prénom, Pierre.

Bibliographies

Bibliographie et documentation; Documents Assomption, Nécrologe (iv) 1987-1990, p. 70-71. Belgique-Sud Assomption, 1989, nO 204 (In memoriam P. Pirard, 15 pages). Jacques Franck, Un des Trois de la Libre Belgique, dans Construire, décembre 1958, n° 12, p. 625-629. Hebdo Pan, ler mai 1974. Libre Belgique, 6 octobre 1989, article de Jacques Frank ‘Le père Pirard est mort’. Dans les ACR, du P. Pierre Pirard, rapports sur le Fichier bibliographique (1944-1945), correspondances (1928-1963), articles dans Belgique-Sud Assomption, Foyer Assomptioniste. Le P. Pirard a publié des romans: Le sacre du printemps, Tempête de printemps, Semailles, La Ferme aux moines, Comme un désert sans eau, Tableau de chasse (interviews), des biographies de saint Thomas More, sainte Monique, saint Louis, un essai sur Huysmans. Le P. Pirard est critique littéraire à La Libre Belgique de 1946 à 1974. Notices Biographiques