Pierre (Pierre-Louis) REYNAUD – 1918-1985

Santos Lugares, 1968.
« Vous vous étonnerez sans doute de recevoir de mes nouvelles. C’est la
première fois que je vous écris depuis que vous êtes assistant. J’espère
que vous comprendrez ma requête. Je désire retourner définitivement en
France. J’ignore si cela vous surprendra aussi. Pourquoi? Comme je l’ai dit
au P. Solano, il y a longtemps que je songeais à retourner en France. Un
des grands motifs est la langue qui m’a toujours créé un complexe plus ou
moins grand selon les époques. Au début je me suis
dit que cela passerait. Tant que l’école apostolique a
fonctionné, les difficultés était sans grande importance, je me sentais
utile. Une fois queue a été fermée, l’apostolat aussi s’est fermé pour moi.
Tout ce que je pouvais faire ici se réduisait à l’activité d’un vieillard.
J’ai été au Chili, j’ai tenté une dernière expérience en Argentine. Le P.
Solano comprend mes difficultés,
mais il me demande de me mettre en contact avec un Provincial en France
pour vous offrir mes services. Je suis indifférent au choix de telle ou
telle Province, tous les supérieurs sont pour moi des étrangers. Soyez mon
intermédiaire auprès d’eux, vous qui me connaissez et trouverez la
solution».

Notices Biographiques A.A

Religieux français de la Province d’Amérique du Sud. Un temps en France. Pierre-Louis Reynaud est né le 18 décembre 1918 à Sahune, dans la Drôme. Après ses études à Saint- Maur (Maine-et-Loire), de 1931 à 1934, à Melle (Deux-Sèvres), de 1934 à 1935 et à Cavalerie (Dordogne), de 1935 à 1936, il entre au noviciat de Pont-l’Abbé d’Arnoult (Charente-Maritime). Il y prend l’habit sous le nom de Frère Pierre, le 27 septembre 1936, le P. Michel Pruvost étant Provincial de Bordeaux et le P. Pol de Léon Cariou maître des novices. Le 28 septembre 1937, il prononce ses premiers vœux: «Le Frère Reynaud est un novice très effacé, aimable et sérieux, qui a besoin d’être stimulé, car il pâtit parfois de son apathie ». Le Frère Pierre est envoyé pour ses études, successivement à Layrac (Lot-et-Garonne), 1937-1938, au scolasticat de Scy-Chazelles (Moselle), 19381939, et à Lormoy (Essonne), de 1941 à 1946. Le P. Athanase Sage le présente à la profession perpétuelle, émise le 23 avril 1942: « Le Frère Reynaud est un religieux discret, modeste, qui fait à Lormoy une excellente impression. S’il est doué de façon moyenne sur le plan intellectuel, par contre il s’acquitte de ce qui lui est demandé avec beaucoup de sérieux ». Un temps en Amérique Latine. Le P. Pierre est ordonné prêtre le 24 mars 1946. Ayant opté pour la Province d’Amérique du Sud, il embarque quelques mois après son ordination et oeuvre successivement à la paroisse San Martin de Tours à Buenos-Aires (19471953, à l’alumnat d’Olivos en Argentine (1953-1965), au petit séminaire de Mendoza au Chili, de 1965 à 1968 et à Santos Lugares en Argentine. Il a la chance de pouvoir bénéficier d’un voyage en Italie en 1962. A.A Il écrit au P. Wilfrid Dufaut dans une carte de remerciement: « je garderai le souvenir de ces trois semaines passées dans la Ville éternelle, semaines trop courtes mais qui m’ont fait beaucoup de bien à tous les points de vue. je me reproche un peu d’avoir été trop touriste, mais il est difficile qu’il en soit différemment. J »ai pitié pour n’être pas trop indigne de former des âmes de futurs prêtres. L’angoisse nous étreint lorsqu’on songe qu’après tout, tant d’enfants n’arrivent pas au sacerdoce à cause de notre faute. Que Dieu aie pitié de notre bonne volonté ». La fin des années soixante représente un grand changement pour les implantations missionnaires de l’Assomption. Les différentes structures scolaires, alumnats, maisons de formation, sont appelés à la reconversion, en Europe comme en Amérique. Le P. Pierre qui ne possède pas suffisamment la langue espagnole estime sa présence en Amérique Latine désormais inutile et inappropriée. Depuis l’année 1969, il s’informe des possibilités de retour en Europe. Retour en France. C’est finalement en 1973 qu’il obtient d’être transféré dans le cadre des Provinces en France. Il séjourne d’abord quelque temps à Layrac. Puis, transféré ad tempus à la Province de Bordeaux, il devient professeur dans une institution à Salerans (Hautes-Alpes), ayant un statut de religieux isolé. Le mal qui devait l’emporter est décelé au cours d’une hospitalisation à Sisteron en avril 1983. Il séjourne un mois à Lorgues (Var) et retourne à Salerans. À l’automne 1984, il est de nouveau à Sisteron où il meurt le 19 janvier 1985. On apprend par sa sœur Oblate que le P. Renaud est décédé à l’hôpital le samedi matin 19 janvier 1985, à l’âge de 67 ans. Trois religieux de Lorgues se rendent aux obsèques du Père à Salerans (Hautes-Alpes), le 23 janvier. La messe y est célébrée selon le rite de saint Pie V, avec l’autorisation de l’évêque du lieu, Mgr Raymond Séguy, selon la demande de la famille. Le Père Pierre repose dans le caveau des siens à Oraison (Alpes de Haute-Provence).

Bibliographies

Bibliographie et documentation: Documents Assomption, Nécrologe (III) 1984-1986, p. 51-52. Assomption-France, Nécrologie n° 4, année 1985, p. 62. Lettre du P. Pierre Reynaud au P. Paul Charpentier, Santos Lugares, 21 octobre 1968. Dans les ACR, du P. Pierre Reynaud, quelques correspondances (1962-1973). Notices Biographiques