Pierre-Rodolphe (C.-E.) MARTEL – 1901-1947

Testament du Frère Pierre- Rodophe Mortel.

« Je soussigné, Charles-Emile Martel, en religion Frère Pierre-Rodolphe,
novice de la Congrégation, déclare n’avoir présentement aucun bien meuble
ou immeuble.

S’il m’en arrivait par voie d’héritage ou de toute autre manière que ce
soit, ma volonté est que le tiers soit donné aux oeuvres de l’Assomption du
Canada et que les deux tiers, c’est-à-dire le reste, soit transmis à mon
père Adélard Martel.

S’il (mon père) était mort, ma mère MarieLouise Rivard épouse Martel
héritera de ces deux tiers.

Si les deux ci-dessus nommés sont morts, un partage égal de ces deux-tiers
devra être fait entre mes trois frères, Roméo, Wilfrid, Roger et ma sœur
Dolorès.

Je soussigné, Charles-Emile Martel, en religion Frère Pierre Rodolphe, ce
vingt- huitième jour d’octobre dix-
neuf-cent-quatre-vingt-quatre. Martel Charles-Emile. Inscription: Ceci est
mon testament.

Religieux de la Province d’Amérique du Nord.

D’une mer à l’autre.

Né à Princeville au Canada (Province de Québec) le 11 novembre 1901, Charles-Emile Martel fait ses études classiques au séminaire de Nicolet (1913- 1921). Il étudie la philosophie au collège de Worcester aux U.S.A. (1921-1923). Le 3 septembre 1924, sous le nom de Frère Pierre-Rodolphe, il entre au noviciat de l’Assomption à. Saint-Gérard (Belgique). Le 31 octobre 1923, il prend l’habit. Il est dirigé sur Taintegnies où il fait profession le 1er novembre 1924. C’est ensuite l’étude de la théologie à Louvain (19241928) où il est reçu à la profession perpétuelle le 6 novembre 1927 et où il est ordonné prêtre le 29 juillet 1928.

Enseignant de courte durée.

En 1928, il se rend au noviciat de Sillery- Bergerville, comme économe et professeur. Retourné au collège de Worcester en 1931, il y exerce la fonction de préfet de discipline. En 1941, au mois d’août, il est désigné à nouveau comme professeur au noviciat du Québec. Mais à peine arrivé, il se plaint de certains troubles à l’épine dorsale. Un spécialiste, consulté dès le début du mois de septembre, constate une affection de la moelle épinière encore mal caractérisée. Au début du mois de décembre, deux autres spécialis,tes finissent par se mettre d’accord et conclure à une sclérose en plaques. Un des docteurs, après avoir décrit l’évolution inévitable de cette maladie, ajoute: « Comme compensation. la nature ‘accorde aux victimes de ces microbes une certaine euphorie qui leur permet de supporter joyeusement leur triste impotence ». De fait, le P. Pierre Rodolphe reste toujours assez gai. On lui demande en le visitant: ‘Comment ça va aujourd’hui?’ Il répond, imperturbable: ça pourrait être pire ou ‘à part Ma Maladie, ça va bien’.

Il’ baisse régulièrement, selon les prévisions du médecin. Il essaie d’abord quelques petites promenades; puis, ne marchant qu’avec une canne, il réduit la distance. Enfin, ne bougeant plus de son lit, il ne peut même plus arriver à boire et à manger, sinon avec l’aide d’un infirmier. Soigné dans une maison de la Congrégation, il est heureux d’avoir à sa disposition, jour et nuit, des Frères d’un dévouement admirable. C’est pour lui aussi, il l’avoue facilement une grande grâce de pouvoir longuement se préparer à la mort qui l’attend inexorablement, car, répète-t-il, « J’ai souvent prêché aux autres, mais je ne me fais pas à l’idée que moi-même, je dois mourir ». Le 23 janvier 1947, le P. Wilfrid Dufault, supérieur provincial, vient à Québec assister à l’enterrement du cardinal Villeneuve qui a lieu le vendredi 24 janvier. Le P. Pierre-Rodolphe, ayant vu le nouveau provincial récemment nommé, peut chanter son Nunc Dimittis. Le samedi matin, 25, l’agonie commence. Elle dure jusqu’au dimanche matin, 26, 3 heures, date officielle de sa mort. L’annonce de son décès est faite aux messes dans les paroisses environnantes et de nombreuses personnes viennent prier auprès de la dépouille mortelle exposée dans le parloir de la maison. La messe des funérailles est célébrée par le frère du défunt, le P. Paul Martel (1914- 1999), enseignant au collège de Worcester, avec comme diacre, le P. Pierre-Célestin Therrien, de la communauté de New York, comme sous-diacre, le P. André Godbout, du noviciat de Sillery. Le P. Pierre-Rodolphe Martel repose dans le cimetière de l’Assomption, à Sillery, près du P. Albert Catoire (1969-1945), religieux d’origine belge inhumé le 14 mars 1945. Le P. Pierre-Rodolphe est le premier défunt de la jeune Province assomptioniste de l’Amérique du Nord, érigée en 1946. On trouve dans son carnet de notes où il écrit ses méditations pour les élèves ces pensées ou apopthegmes qui expriment toute son âme: « Le règlement est une bénédiction et non une entrave au bonheur de l’élève. Si vous voulez qué vos vacances soient heureuses, trois grands amours doivent les remplir. amour de Dieu, du prochain et de vous- même. La mort viendra comme un voleur; semez du bonheur durant votre vie ».

Bibliographies

Bibliographie et documentation: Lettre à la Famille 1947, n° 27, p. 127. L’Assomption (Worcester) avril 1947, p. 182-183 (par le P. Yvon Le Floc’h) . Assumptionists Deceased in North America, 1995, p. 20.