Placide (Jean-Baptiste) MACHON – 1873-1933

Projection missionnaire.
« A mon arrivée d’Orient, en septembre 1919, vous avez bien voulu me
remettre par le P. Antonin le ‘dossier du Congo’. Il était plutôt sobre de
renseignements. Les cours suivis à Bruxelles, des conversations avec des
missionnaires connaissant le Congo, m’ont documenté un peu. Je suis à même
de me faire une idée d’ensemble de
ce qui nous sera demandé si l’on donne suite à ce qui n’est encore qu’un
projet. La préfecture apostolique de l’Ouellé appartient aux Pères
Prémontrés. lis sont trop peu nombreux pour s’occuper à eux seuls de cet
immense territoire et ont fait appel successivement aux Croisiers pour le
Bas-Ouellé Nord, eux- mêmes conservant le Sud, puis aux Pères Dominicains
pour le Haut-Ouellé. C’est en 1911 que ces derniers entreprirent leur
mission. Ils concentrèrent leurs efforts principalement dans la partie
Sud-Ouest… Le Haut-Ouellé tire son nom d’un affluent de l’Oubangui
tributaire du Nord-Congo, au plein cœur de l’Afrique… Ce serait notre
première mission si l’Assomption est un jour appelée à évangéliser cette
région… ».
P. Placide Machon, Toulouse,
30 décembre 1920.

Religieux de la Province de Lyon.

Enfance et formation.

Jean-Baptiste Machon est un enfant du Pas-de- Calais, né le 19 mai 1873 à Beaumetz-lès-Cambrai. Il fait ses études dans les alumnats du Nord, à Arras (1887-1889) et à Clairmarais (1889-1891). Son intelligence très éveillée lui ménage des succès sur lesquels son tempérament naturellement frondeur et indépendant jette à peine quelques ombres. Désireux de vie missionnaire, il entre au noviciat de Livry-Gargan (Seine-Saint-Denis) où il prend l’habit le 14 août 1891, sous le nom de Frère Placide. Mais Clest sous le ciel enchanteur de Turquie, face à l’immensité verte de la Marmara, devant les îles des Princes, à Phanaraki, qu’il s’initie durant deux années à la vie religieuse, sous la conduite du P. Ernest Baudouy. Il est reçu profès annuel, le 8 septembre 1892. « Le Frère Placide a beaucoup changé depuis son alumnat d’humanités: c’était un mauvais esprit qu’on dut menacer de mettre à la porte. Il a gardé l’habitude de s’ériger en maître souverain de toutes choses présentes, passées et futures, mais il fait des efforts pour réagir ». Il est admis à la profession perpétuelle par le P. Vincent de Paul Bailly, le 6 janvier 1894 à Notre-Dame de France à Jérusalem où il étudie la philosophie (18931895). On lui demande le service de l’enseignement au collège de Philippopoli en Bulgarie (1895-1898) et celui de l’économat à. Varna (1898-1899). Ayant été éprouvé par le climat de la Palestine, il retrouve avec joie les bords de la Marmara pour étudier la théologie à. Kadi-Keuï (1899-1900 et 1901-1902), avec une année intermédiaire à Jérusalem (1900-1901). Le Frère Placide est ordonné prêtre à Philippopoli, le 17 décembre 1904, y ayant reçu successivement tous les ordres majeurs.

Un maître enseignant.

La vie apostolique et sacerdotale du P. Placide va se dérouler principalement dans les collèges de Bulgarie, dans l’enseignement des sciences et du dessin. Il a confirmé ses débuts à Karagatch, à l’alumnat Saint-Basile (1902-1903), il poursuit à Philippopoli (1903-1920), excellant dans ce ministère grâce à des aptitudes reconnues: clarté, maîtrise du sujet de la classe, autorité naturelle. Il aime et connaît chacun de ses élèves, il tire de chacun le meilleur parti. La guerre en 1914 l’arrache du collège. Il va s’embarquer à Constantinople avec les jeunes religieux de la mission turque. Il faillit être fait prisonnier aux Dardanelles par le Goeben. Arrivé sur le sol français, il est maintenu dans la réforme se trouvant en pays occupé par les Allemands. Il se fait infirmier volontaire, est arrêté plusieurs fois comme otage. Il est finalement acheminé à Magdebourg comme prisonnier civil. Relaxé grâce à l’intervention de la reine de Bulgarie, il part reprendre sa place au collège Saint-Augustin, mais l’entrée en guerre de la Bulgarie aux côtés des Puissances Centrales le refoule en Roumanie (novembre 1915) où il se dévoue dans des ambulances militaires et des hôpitaux, auprès de communautés religieuses. Ses supérieurs, après la guerre, l’envoient à Bruxelles se préparer pour une éventuelle fondation missionnaire au Congo. La réalisation de ce projet tarde et n’aboutira d’ailleurs que dix ans plus tard (1929). Vicaire temporaire à Toulouse (Haute-Garonne) et à Paris (1920-1921), le P. Placide est nommé à l’alumnat de Miribel-lesEchelles (Isère), bref supérieur de passage ou de transition (1921-1922). Il retrouve encore sa chère mission d’Orient (Philippopoli en 1922 et Varna en 1926). En mai 1932, il doit être rapatrié d’urgence en France, à cause de sa santé. Il garde quelque temps l’illusion d’une guérison complète. Il demande une nouvelle fois à reprendre du service en Orient. Mais les supérieurs, le retenant malgré lui, le nomment sous-directeur à l’alumnat de Scherwiller (Bas-Rhin). Il y trouve la mort subitement, dans une clinique à Strasbourg, le 27 octobre 1933, à l’âge de 57 ans. Son corps repose au cimetière de Scherwiller. Le P. Placide laisse à ses compagnons le souvenir d’un religieux très intelligent, doué pour les langues, plein d’entrain, excellent professeur, anirné d’un désir de vie missionnaire en toute situation.

Bibliographies

Bibliographie et documentation: Lettre à la Dispersion 1933, no 505, p. 357-361; no 510, p. 409-411. L’Assomption et ses Oeuvres, 1934, no 391, p. 438-439. Missions des Augustins de l’Assomption, 1934, no 378, p. 402-404. Notice biographique par le P. Marie-Alexis Gaudefroy. Vers l’autel (bulletin de Scherwiller), 1934, no 70, supplément français, p. 3. Le Petit Alumniste (bulletin de Miribel), 1933, no 541, P. 182-183. Extrait d’un rapport de 18 pages du P. Placide Machon au P. Gervais Quenard, pour une fondation en Afrique (Toulouse, 30 décembre 1920). Dans les ACR, du P. Placide machon, correspondances (1899-1932).