Pol de Léon (Claude-Auguste) TREGUER – 1893-1913

Taintegnies, 1910.
« Notre retraite de fin d’année s’est terminée le jour de la fête du
Sacré-Coeur, divin patron de notre alumnat. Durant trois
jours, le P. Edmond [Bouvy], malgré son état de fatigue, nous a entretenus
du grand amour de Dieu pour les hommes et du rôle de médiateur entre le
ciel et la terre que doit exercer le prêtre à l’exemple de Jésus-Christ. Sa
parole lumineuse, chaude et toute apostolique nous a fait goûter ces
sublimes vérités. Parmi les élèves de première section, sept demandent à
être admis à l’Assomption, trois se dirigent vers le séminaire. Les autres
se dispersent chez les Pères Blancs, Capucins, Frères Mineurs, Pères du
Saint-Esprit, Chartreux et Missions Etrangères. Nous remercions de tout
cœur la Congrégation qui s’est dévouée pour nous avec un tel
désintéressement. Avant le départ des anciens, avant l’hiver, il y avait eu
le départ des
abeilles. P. Théodore [Defrance] a dû en faire venir d’autres d’Italie. En
voyant la douleur du P. Théodore, considérant les cadavres de ses chères
avettes joncher le sol, nous reportions nos souvenirs vers le pasteur
Aristée dont parle Virgile: Amissis, ut fama, apibus, morboque famequel…
»
Auguste Tréguer.

Religieux français. Portrait d’un jeune scolastique. « Au début de cette année scolaire, Notre-Seigneur demandait à la maison de Louvain un pénible sacrifice en rappelant à Lui, après une très courte maladie, le Frère Finbarr Looney. Un nouveau deuil, rendu plus cruel que le premier par les circonstances, vient de nous frapper. Le Frère Pol de Léon Tréguer est mort ce soir [7 mai 1913] à une heure à l’hôpital de Louvain, pendant une opération qu’il y subissait. Rien ne pouvait faire prévoir ce dénouement si brusque et, par là même, si douloureux. L’opération, demandée par le docteur Willems et décidée par le chirurgien Dandois, ne présentait aucune difficulté et personne ne s’était préoccupé de la possibilité d’un danger quelconque. L’ablation des amygdales avait à peine demandé deux minutes: une syncope venait de frapper au cœur le Frère. Malgré tous les soins prodigués pendant trois quarts d’heure, respiration artificielle, piqûres, enveloppements chauds, on ne put le rappeler à la vie. L’aumônier aussitôt prévenu lui avait administré les derniers sacrements. J’arrivai en hâte pendant la cérémonie de l’Extrême-Onction. Cette mort subite nous a tous atterrés. Le Frère était si bon, si simple. Il était parti à l’hôpital un peu après midi sans la moindre inquiétude et souriant. L’avant-veille, à l’occasion de la fête de saint Augustin, il jouait avec bonheur un rôle dans un petit drame sur le triomphe des martyrs. Le matin, il assistait calme et studieux aux classes de philosophie et d’apologétique. jusqu’au dernier moment, il s’occupait de sa charge de sacristain et observait fidèlement les divers points du règlement. En quelques instants il nous avait quittés, mais Dieu savait quelle âme il s »était choisie. Sa franchise, sa confiance, sa très grande docilité, Page :107/107 son immense désir de tout faire très bien, son attachement à sa vie religieuse, son culte pour l’esprit et les exemples des fondateurs, sa générosité dans le travail de sa perfection, son amour de la très Sainte Vierge sont, autant de traits qui marqueront profondément son image dans notre souvenir. Il avait un besoin continuel de se donner sans compter. On ne faisait jamais appel en vain à son dévouement. Si on lui faisait observer qu’il devait ménager un peu sa santé, qui ne fut jamais forte, il répondait invariablement. »Que voulez-vous? je ne puis pas refuser. Et non seulement il ne refusait rien, mais par son amabilité, son enjouement délicat, sa franche gaieté, il allait au devant des demandes timides, les prévenait et dépassait toujours les désirs formulés. Il pensait avec raison que c’était là une façon très heureuse de faire le bien autour de soi et il en profitait. Le Frère Pol de Léon achevait sa première année de philosophie. Il était arrivé ici, il y a huit mois à peine, après son noviciat commencé à Gempe et achevé à Limpertsberg. Auparavant, il avait été alumniste au Bizet et à Taintegnies. Il était né le 8 janvier 1893 à Lannilis dans le diocèse de Quimper. L’édification constante qu’il a été pour tous ceux qui l’ont connu nous commande la confiance: la soudaineté de sa mort le recommande toutefois Plus particulièrement à nos pieux et fervent suffrages. Veuillez recevoir l’expression de mes sentiments très respectueusement reconnaissants et affectueusement dévoués en Notre- Seigneur ». Résumé biographique. Claude-Auguste Tréguer est né le 8 janvier 1893 à Lannilis dans le Finistère, au diocèse de Quimper. Il fait ses études secondaires dans les alumnats du Bizet (1905-1908) et de Taintegnies(1908-1910) en Belgique. Il prend l’habit, sous le nom de Frère Pol de Léon, au noviciat de Gempe, le 14 août 1910. Profès l’année suivante, il achève son temps de noviciat à Limpertsberg (Grand-Duché de Luxembourg), où il prononce ses vœux perpétuels, le 15 août 1912. Il fait partie de l’équipe fondatrice de la maison pour laquelle son concours est sollicité dans les travaux d’aménagement, en tant qu’habile menuisier. Tout est à installer: bancs et stalles de la chapelle, bureaux en salle d’études, tables au réfectoire, bibliothèque et étagères. Il entame ensuite à Louvain ses études de philosophie, à partir de 1912, mais il meurt des suites d’un arrêt cardiaque, suite à une banale opération des amygdales, le 7 mai 1913. Il est inhumé à Park, cimetière de Louvain. Page :108/108

Bibliographies

Bibliographie et documentation: L’Assomption, 1913, n° 197, p. 84-86. Notice biographique par le P. Marie-Alexis Gaudefroy. Circulaire du P. Merklen sur le décès du Frère Pol de Léon Tréguer, 7 mai 1913. Lettre du Frère Pol de Léon Tréguer, Taintegnies, 9 juin 1910.