Religieux de la Province de Bordeaux. Un long chemin d’épreuves, une vie hâchée. Alfred-Gustave-Joseph Roucour est né le ler janvier 1883 à Hazebouck (Nord). Il commence ses études secondaires à l’institution Saint-François d’Assise à Hazebrouck (1896-1900), petit séminaire pour le diocèse de Lille, à l’époque de Cambrai. Il entre à l’alumnat de Clairmarais (Pas-de-Calais) pour une année (1900-1901). Le 18 septembre 1901, au noviciat de Louvain (Belgique), il prend l’habit sous le nom de Frère Polycarpe. En décembre de la même année, il est envoyé au noviciat d’Orient, à Phanaraki (Turquie). Il prononce ses vœux perpétuels à Karagatch, près d’Andrinople, le 4 octobre 1904. Quatre années au service des oeuvres de la Mission d’Orient interrompent le cours de sa formation (Karagatch: 1903-1905), Varna (Bulgarie, de 1905 à 1906), et Ismidt (19061907). En 1907, il retrouve l’Europe occidentale en venant faire ses études de philosophie à Louvain (1907-1909). Il s’y révèle un homme d’études appliqué, brillant, universel, un homme déjà fait, sérieux, rassis, expérimenté. Il faut encore du secours au Bizet: le Frère Polycarpe y est envoyé pour une année (1909- 1910). Mais du Bizet, il passe à Locarno en Suisse, maison en fondation qu’il faut soutenir. Il y est affecté pour un peu plus d’un an (1910-1911). Le Frère Polycarpe accepte tous ces retards apportés à ses études: enfin en septembre 1911 il peut gagner Notre-Dame de France à Jérusalem pour ses études de théologie. Mais il s’y surmène tellement qu’au bout de deux ans, sa santé est ruinée. Une forte dépression nerveuse, baptisée crise d’anémie cérébrale, l’arrête net. Le Frère Polycarpe ne retrouvera plus sa capacité de travail. Il est envoyé au repos à Bure en Belgique où il réside de mars 1913 à février 1919. Il y vit l’isolement, les privations et les angoisses que font naître les années de guerre. A.A En février 1919, il reprend à Louvain le cours de ses études de théologie depuis longtemps abandonnées et 7 août 1921 il peut enfin être ordonné prêtre par Mgr Legraive: il y a 20 ans qu’il est rentré au noviciat! Les supérieurs lui assignent la maison de Bourville (Seine- Maritime) pour qu’il puisse y soigner sa fatigue cérébrale. Il y trouve la compagnie d’un ancien missionnaire au long cours, le P. Yves Hamon des Oeuvres de Mer. Ses nerfs à vif ne peuvent supporter ni le moindre bruit ni le moindre rayon de lumière et pourtant cette semi-inactivité lui pèse. Il demande au P. Joseph Maubon de lui donner un emploi plus déterminé. Il est alors envoyé à l’alumnat de Saint-Maur (Maine-et-Loire), mais il vit de 1921 à 1932 toujours persécuté par son mal. C’est la classe de septième qui lui est confiée. Mais bientôt la légèreté et la vivacité des enfants l’exaspèrent, leurs cris stridents le hérissent. Il ne peut plus dès lors assurer un travail que par intermittence. Il sait pourtant se faire tout à tous. Il aide l’économe au jardin, pour les classes même, au moins chaque fois que ses nerfs lui laissent un peu de répit. En 1928, il est déchargé de tout service régulier et peut, à ses bonnes heures, donner quelques leçons de mathématiques où il excelle. Le P. Polycarpe passe l’année scolaire 1932-1933 à Cahuzac (Gers), mais il y rencontre les mêmes difficultés. De retour à Saint-Maur, il semble se reprendre de 1933 à 1935. Les criailleries des enfants lui font demander la maison de Blou (Maine-et-Loire), supposée plus tranquille. Il peut y rester douze ans, de 1935 à 1947. Il y retrouve d’abord le goût de l’étude, ses facultés de dévouement s’y épanouissent. Il dit lui-même volontiers que ce sont là les meilleures années de son existence et qu’il peut y accomplir un bon travail auprès des vocations tardives. Cependant au cours de l’été 1947, l’offensive de ses maux reprend le dessus et le cœur finit par céder. Il ne peut plus assurer que des répétitions. Il devient tout à fait impotent, maladivement frileux et inquiet. On ne peut le laisser seul un instant. Dans l’impossibilité de pouvoir lui consacrer à temps plein les services d’un religieux, le P. Polycarpe est conduit à Lorgues (Var) par le P. Régis Escoubas. Il y achève une vie pleine de souffrances, le 25 mai 1950. Il y est inhumé.
Bibliographies
Bibliographie et documentation : Lettre à la Famille, 1950, p. 41. Lettre du P. Polycarpe Roucour au P. Joseph Maubon, Bourville, 27 janvier 1922. Dans les ACR, du P. Polycarpe Roucour, quatre correspondances (1909-1922). Notices Biographiques