Polycarpe HUDRY – 1834-1912

Maryborough, 2 août 1863.
« … Le temps ne m’a pas duré pendant la traversée. Cependant j’ai été
content le jour de notre arrivée à Brisbane. La première huitaine, je n’ai
pas fait grand’chose. Il a fallu se reposer un peu après un si long voyage.
Mon premier travail a commencé chez les Sœurs de la Merci. J’ai travaillé
environ un mois.
Elles me faisaient faire les commissions, elles me faisaient travailler le
jardin. Je faisais aussi le menuisier, le sacristain. De là je suis parti
avec le P. Brun pour rendre une visite au R. P. Tissot et au
Frère François [Gavète]. Nous pensions rester environ 15 jours avec eux,
comme ça
avait été décidé avec Mgr
[Quinn]. Mais pendant ces quelques jours, on a décidé que je resterai avec
le Frère François pour faire la barrière du terrain que nous avons acheté
et le P. Brun est retourné à Brisbane. Nous avons donc travaillé à
construire la barrière. Elle est terminée dans sa partie principale. Elle
vaut déjà à peu près 500 francs. Quand elle sera complète, elle en vaudra
bien 900. Les barrières de ce pays sont très solides, elles sont faites en
grande partie avec du bois de fer qui est 2 ou 3 fois plus dur que le chêne
… ».

Religieux français.

Une belle figure de religieux.

Né le 6 décembre 1834 à Saint-Jean de Belleville (Savoie) à l’époque où la province fait encore partie du Royaume de Piémont-Sardaigne, Polycarpe Hudry est du même village que les cousins Bonnefoy accueillis également à l’Assomption. Avant 1859, il connaît le collège de Nîmes (Gard) et après 1860 celui de Clichy-la-Garenne (Hauts-de- Seine). D’après les Registres, il prend l’habit le 11 mai 1860 à Paris-Auteuil où le P. Picard est chargé de la direction du noviciat. D’après la lettre du P. d’Alzon au P. Picard du 9 octobre 1862, le Frère Polycarpe, en partance pour l’Australie, n’a pas achevé son noviciat de trois ans: « je ne pense pas que nous ayons le pouvoir de dispenser le Fr. Polycarpe de six mois. Il n’y a, selon moi, que Rome qui le puisse, et je ne voudrais pas envoyer si vite une demande à Rome, après celle faite pour le Fr. Vincent de Paul [Bailly] ». Faut-il en conclure que la date indiquée de la première profession du Frère Polycarpe sur le registre, 10 octobre 1862, est fautive? Ce qui est certain, c’est que le Frère Polycarpe part en mission en Australie avec le P. Henri Brun (décembre 182). Pendant toute la durée de son séjour dans cette lointaine mission (1862- 1873) où il fait sa profession perpétuelle le 16 janvier 1870, ses supérieurs n’auront jamais que des mots élogieux à son sujet: travailleur, dévoué, d’un grand esprit religieux, le Frère Polycarpe est également très apprécié du P. d’Alzon qui n’omet jamais de le saluer dans la correspondance de l’époque. En 1873, le Frère Polycarpe est nommé à l’alumnat de Notre-Dame des Châteaux (Savoie): tout est à faire ou presque. Tour à tour maçon, sourcier, constructeur de route, responsable des jeunes religieux convers, le Frère Polycarpe est vraiment le bras droit du P. Pierre Descamps,

jeune supérieur de ce nid d’aigle qui est à aménager. En 1880, le Frère Polycarpe part pour le noviciat d’Osma en Espagne. Il y reste jusqu’en 1886 et lorsque l’abbaye de Livry (Seine-Saint- Denis) est acquise en 1886 comme noviciat, c’est encore à lui que l’on fait appel pour les premiers travaux d’aménagement et la surveillance des constructions. De Livry, il passe en 1889 à Notre-Dame de France à Jérusalem, sa dernière demeure (1889-1912). Il y meurt, paralysé depuis de longues années, le 1er juin 1912, à l’âge de 74 ans.

Un hommage fraternel.

Le P. Athanase Vanhove, supérieur à Notre-Dame de France, communique la nouvelle du décès du Frère Polycarpe en donnant quelques détails sur sa vie: « Le Frère Polycarpe reçu, je crois, à l’Assomption par le P. d’Alzon en 1859, a participé comme frère convers aux premières fondations et aux premières oeuvres de l’Assomption. Il a été successivement à Nîmes, a u collège de Clichy, en Australie, aux Châteaux, à Osma, à Livry et depuis plus de 24 ans il se dévouait à N.-D. de France. Religieux humble et fervent, ouvrier très habile et quasi universel, il a rendu partout les plus grands services à la Congrégation. À Jérusalem il a surveillé les chantiers de N.-D. de France, installé la cuisine de l’hôtellerie. Il a été le premier ouvrier de Saint-Pierre en Gallicante. Sous la direction du P. Germer-Durand, il a conduit les premières fouilles et fait les premières plantations en ce terrain si cher à l’Assomption. Mais lui, si actif, si laborieux, a été appelé par Dieu à donner à ses jeunes Frères l’exemple d’une résignation simple et joyeuse dans de longues et pénibles infirmités. La première attaque de paralysie vint le frapper en pleine activité, il y a plus de dix ans déjà. Le côté gauche fut atteint. La maladie fit des progrès incessants, rendit d’abord le travail plus pénible, ralentit la marche, courba chaque année davantage la taille robuste du Frère, troubla profondément les fonctions vitales de tout son organisme ». Le Frère Polycarpe est inhumé le 2 juin 1912 au caveau de Saint-Pierre en Gallicante, en ce terrain situé juste au dessous du Mont Sion où il a tant prié et tant travaillé.

Bibliographies

Bibliographie et documentation: Lettre à la Dispersion 1912, n° 157, p. 640; n° 165, p. 672; n° 166, p. 676; n 167, p. 679-680. Lettres d’Alzon, t. XIII (1996), p. 452. Lettre du Frère Polycarpe au P. Pernet, Maryborough, 2 août 1863. Circulaire du P. Athanase Vanhove, 3 juin 1912. Notice sur le Frère Polycarpe Hudry par le P. Marie-Alexis Gaudefroy. Dans les ACR, correspondances du Frère Polycarpe Hudry (1863-1891).