Religieux de la Province de Lyon. Un sous-diacre précoce. Marius-Marie Cuynat est né le 3 mars 1863 à Flumet (Savoie), près d’Albertville. Il fait ses études secondaires dans les alumnats et prend l’habit à Osma (Espagne) le 5 mai 1882 sous le nom de Frère Raphaël et la direction du P. Emmanuel Bailly. Il y fait sa première profession l’année suivante, suivie de la profession perpétuelle le 20 juillet 1884. Il reçoit également sur place les ordres mineurs et le sous-diaconat (septembre 1884). Ces ordinations sont un peu à l’avance sur les échéances prévues, de façon à ce que le Frère Raphaël bénéficie des effets de l’article 50 de la loi militaire française qui en dispense les ecclésiastiques à l’étranger, rendant un service culturel. Il rentre ensuite en France et est affecté comme professeur de grammaire à l’alumnat de Mauville (Pas-de- Calais) sous la direction du P. Rémy Commun. Il y reste jusqu’au début de l’année 1887. C’est à cette époque qu’il commence à donner des signes de dérangement cérébral, sans qu’il soit encore bien possible de discerner la gravité de son état réel. Il est cependant nécessaire de le soustraire à l’environnement d’un alumnat. Il rejoint alors le noviciat qui vient de s’installer à Livry, dans l’est de Paris, alors dans la Seine-et- Oise dépendant de Versailles sur le plan ecclésiastique. On juge expédient de le renvoyer quelque temps en repos dans sa famille. Il part pour l’Orient à l’automne 1889, en même temps que le premier groupe de frères étudiants qui entendent bénéficier à Phanaraki (Turquie) de l’article 50 de la loi militaire. Le Frère Raphaël est affecté, quant à lui, au collège de Plovdiv- Philippopoli (Bulgarie). Comme sa santé paraît rétablie en 1894, on l’estime capable de suivre les cours de théologie et les supérieurs l’envoient à Phanaraki où étudient des frères, à côté du noviciat Saint-Jean.
Mais au bout de quelques mois, son comportement redevient étrange, son humeur sombre et solitaire. Il paraît malheureux aux côtés de cette communauté nombreuse, jeune et très vivante de Phanaraki. De lui-même il demande à interrompre le cours de ses études et à retourner enseigner à Phillipopoli, ce qui lui est accordé à la fin de l’année scolaire, c’est-à-dire à l’été 1895. Dans la nuit pendant 30 ans. Son état ne s’y améliore pas, bientôt se manifestent de véritables accès de folie et au printemps de 1896, il faut se résoudre à le faire interner dans un asile de fous à Chichli, hôpital tenu par des Soeurs de la Charité. C’est là qu’il va passer trente années (1896-1926). Pendant toute cette longue période, on ne le voit pas reprendre possession de ses moyens, on ne peut même guère lui rendre visite car il ne reconnaît et ne communique avec personne. Il est même plus prudent de s’abstenir de toute visite, car après quelques essais d’entrevue, il entre dans de violents accès de folie. Plusieurs fois, au cours de cette nuit, il souffre d’autres maladies infectieuses graves qui font juger appropriée l’administration du sacrement des malades. Mais, à la surprise du personnel soignant, il en réchappe chaque fois, cependant sans aucune amélioration mentale. En février 1926, il souffre d’un anthrax à la nuque que le médecin estime irrémissible. Visité par le P. Saturnin Aube et le P. Prosper Lamerand, connus à Phanaraki en 1895, le malade ne cesse de répéter: « Attends! Guillaume va venir! ». Il meurt au matin du 17 février 1926. Il est inhumé le lendemain 18 février dans le caveau de l’Assomption, au cimetière latin de Féri-Keuï (1), la messe des funérailles étant présidée par le P. Andéol Besset. (1) Sont inhumés dans la tombe de l’Assomption à Féri-Keuï [ou Ferikôyl d’après l’inscription relevée en 1999 par le P. Joseph (Celse) Ract: F. Jean de la Croix Monsterlet (1895), F. Auguste Claudet (1898), F. Gaston Kropf (1900), P. Valérien Donche (1902), F. Grégoire Varthalitis (1906), F. Raphaël Cuynat (1926), P. Arsène Bally (1931).
Bibliographies
Bibliographie et documentation: Lettre du Frère Raphaël Cuynat au P. Emmanuel Bailly, Mauville, le 30 novembre 1884. Lettre à la Dispersion 1926, n° 177, p. 81-83. Notice biographique par le P. Marie-Alexis Gaudefroy.