Raphael (Prosper) LENAERTS – 1937-1958

Portrait.
« Le Frère Raphaël était des plus assidus aux jeux tant au grand air qu’à
l’intérieur, aux promenades et aux petites soirées récréatives. Bref,
c’était un confrère aimé et recherché de tous. Il redoutait tout autant un
commerce trop
assidu avec certains Frères que trop de réserve à l’égard de
tels autres. Il aimait le contact avec son supérieur (P. Hilarion Leroi].
Il demanda même de venir s’entretenir avec lui plus fréquemment que prévu
par les Constitutions. Il lui parlait sans difficulté ni gêne. En toute
loyauté et humilité, il commençait toujours par parler de ses manquements;
c’est seulement ensuite qu’il posait des questions ou demandait quelque
chose. D’une piété discrète quoique réelle, il récitait l’office avec soin
et il me dit son grand plaisir de le réciter en ch?ur. Il était
heureux de mener, pendant les vacances, une vie of the strict observance,
comme il lui fut
dit en plaisantant. Il ne craignait pas de se dévouer à certains travaux
manuels et il les rendait avec le sourire. Il passa une matinée à couper le
gazon d’une vaste pelouse, riant de ses aventures avec la tondeuse
mécanique. Je le vois grimper sur une échelle, agile comme un chat, pour
déboucher une gouttière obstruée ».

Religieux de la Province de Belgique.

Formation.

Prosper Lenaerts est né le 12 janvier 1937 à Bunsbeek en Belgique, près de Tirlemont, au diocèse de Malines. Il accomplit sa formation secondaire dans les alumnats de Zepperen et de Kapelle-op-den-Bos (1949-1956). Le 28 septembre 1956, il prend l’habit religieux à Taintegnies, sous le nom de Frère Raphaël et y prononce ses premiers voeux le 29 septembre 1957. Il commence ses études de philosophie au scolasticat de Louvain (1957-1958) qui vient de renaître de ses ruines après 17 ans d’abandon. Durant l’été 1958, avec quelques confrères et compagnons, anglais, belges et français, il se rend en vacances en Angleterre au noviciat Holy Cross à Heatfield, désireux de se perfectionner dans la maîtrise de la langue anglaise. Le 23 août, ils organisent une promenade sur les lieux historiques de la mémorable bataille de Hastings (1066), remportée par le normand Guillaume le Conquérant. Après la visite des ruines de l’abbaye et le pique-nique, les étudiants marchent à pied jusqu’à Saint-Léonards pour y prendre un bain dans la mer.

Récit d’une noyade mortelle.

Arrivé à la plage vers 15h15, le groupe se divise pour ne pas trop attirer l’attention. A 15h 30, les Frères Raphaël et Benediet Sketchley pénètrent dans l’eau, suivis bientôt par d’autres Frères. Ils y restent environ 25 minutes. Après dix minutes de repos, le Frère Raphaël demande au Frère Benedict de revenir avec lui dans la mer. Ils s’avancent tous deux de 10 mètres, près d’un brise-lames et s’amusent à sauter en même temps que les vagues pour ne pas être recouverts par l’eau. Chaque fois, ils sont progressivement déportés vers la gauche. Ils passent ainsi le brise-lames sans s’en rendre compte

et tombent dans un trou d’environ quatre mètres. Perdant pied, ils s’affolent et disparaissent pour reparaître une ou deux fois à la surface. Le Frère Benedict a la présence d’esprit de faire la planche et cette man?uvre le sauve. Quant au Frère Raphaël, le Frère Benedict croit le voir resurgir une fois encore, puis c’est fini. Leurs compagnons, tout comme d’autres nageurs, ne se doutent pas un instant du drame qui vient de se dérouler. lis pensent tout simplement que les deux Frères continuent à s’amuser. Cependant une dame, entendant les cris du Frère Benedict, réussit à le ramener hors de l’eau. Deux autres hommes tentent en vain de porter secours au Frère Raphaël, cependant qu’un prêtre donne J’absolution sous condition. C’est au bout de trente minutes que les vagues rejettent sur la plage le corps du Frère Raphaël. Des policiers, avertis le plus vite possible, pratiquent sans résultat la respiration artificielle. Le P. Maegher, lazariste, lui donne également sous condition le sacrement de l’Extrême-Onction. Le corps est porté à la morgue de Saint-Leonards où l’autopsie révèle que le Frère Raphaël a succombé à une crise cardiaque. La dépouille mortelle est transportée par avion en Belgique. Les obsèques du frère Raphaël ont lieu le 2 septembre 1958 à Bunsbeeck, en présence de la famille et des amis, des deux Provinciaux de Belgique et d’Angleterre, les PP. Stéphane Lowet et Austin Treamer, des religieux étudiants et des élèves des trois plus hautes classes de l’alumnat de Zepperen. Le Frère Raphaël n’avait que 22 ans. C)n se souvient de lui comme d’un jeune confrère optimiste, remplissant avec soin son office de sacristain au noviciat et en maison d’études, adonné avec sérieux à ses études, mais sans excès, peu porté aux subtilités de la science philosophique dont il résumait cependant avec clarté les cours. Doué pour les langues, il faisait la part belle à leur connaissance et à leur approfondissement. De bonne humeur, il était apprécié en communauté, marquant son souci de vivre en communion avec tous.

Bibliographies

Bibliographie et documentation: B.O.A. juin 1959, P. 54-55. Lettre à la Famille 1959, n° 261, p. 141-142. The Assumptionist, autumn 1958, p. 21. Foyer Assomptioniste, 1958, 65, p. 24-25. Portrait par les PP. Hilarion Leroi et Austin Treamer.