Raymond (Francis) GENDROT – 1912-1998

Evénements de captivité.
« Rien d’extraordinaire, n’étant pas gradé, je suis astreint au travail. On
m’emploie d’abord dans une ferme pour la saison des pommes de terre et des
betteraves en 1940, à Stehla, non loin de Muhlberg, sur l’Elbe. En novembre
1940, je suis dans une scierie à Plessa, Kreis Liebenverda. Je reviens au
camp de Muhlberg en décembre 1940; mais tous les Pères ou Frères que j’y
avais rencontrés sont partis. Par contre, je revois un ancien collègue de
l’Université d’Angers, l’abbé Jean Mahé. Avec un curé de l’Oise, l’abbé
Milin, originaire du Finistère,
et un vicaire de Plougonven,
du diocèse de Quimper, l’abbé Le Vourc’h, nous formons un groupe pour être
envoyés au marché et aboutir dans une usine de carton où je reste jusqu’à
la fin en compagnie de l’abbé Milin curé de Silly-le- Long (Oise). Des deux
autres prêtres, l’un, l’abbé Le Vourc’h, sera nommé aumônier de district à
Meissen, le second, l’abbé
Mahé, sera libéré en décembre
1943. L’apostolat auprès des camarades est assez difficile, d’une part
parce que nous sommes astreints à un travail lourd et long, d’autre part
parce que nous n’avons pas le droit de nous déplacer.

Raymond (Francis) GENDROT

1912-1998

Religieux de la Province de France.

Jeunesse et premières armes.

Francis Gendrot naît à Paimpont (Ille-et-Vilaine), au cœur de la légendaire forêt de Brocéliande, le 18 août 1912. Il passe 5 ans au petit séminaire de Châteaugiron et prend l’habit au noviciat Saint-Jean à Scy-Chazelles (Moselle), le 29 décembre 1929, sous le nom de Frère Raymond. Profès le 30 décembre 1930, il part à Saint-Gérard en Belgique pour l’année complémentaire et revient à Scy-Chazelles pour la philosophie. Il accomplit son temps de service militaire en 1933-1934. Il peut alors entreprendre ses études de théologie à Lormoy (Essonne) où il est reçu à la profession perpétuelle en novembre 1934 et ordonné prêtre le 6 mars 1938. Nommé à Saint-Maur (Maine-et-Loire), il enseigne les mathématiques et suit des cours à l’Institut catholique d’Angers. Mobilisé à Rennes en septembre 1939, fait prisonnier le 26 juin 1940 à Nogent-sur-Seine (Aube), il transite par quatre camps et aboutit à celui de Mühlberg an der Elbe en Saxe avant la fin de l’été. En avril 1945, il S’évade avec un curé de l’Oise, originaire du Finistère. Ils attendent vainement les Américains quatre semaines et rejoignent les Russes au sud-est de Leipzig. Epuisés par six jours de voyage, ils débarquent à la gare de l’Est à Paris. Le 16 mai au soir, le Frère Raymond retrouve les siens en Bretagne. Il passe deux ans à l’Ecole Sainte-Barbe de Toulouse (Haute-Garonne) et termine sa licence de sciences. Il enseigne ensuite les mathématiques à Saint-Caprais d’Agen (Lot-et-Garonne), puis à Saint-Maur (1952- 1953).

Aumônier militaire.

Dès sa nomination en avril 1954, le P. Raymond qui, par la suite, reprend son prénom de baptême Francis, joint Saïgon où il a la charge de deux bases aéronavales, dans le contexte troublé de l’époque:

la chute de Diên Biên Phu le 7 mai, les accords de Genève en juillet, la fin de l’Indochine française que le 17ème parallèle divise en deux VietNam. Les troupes françaises se retirent de la péninsule en 1956 et le Père Francis débarque à Marseille (Bouches-du-Rhône) au début de septembre. Après trois mois de repos, il est affecté à Paris et, en mai 1957, au porte-avions Bois-Belleau, qui quitte Toulon (Var) le 13 pour les exercices d’escadre dans la Mer des Caraïbes. En juillet il en revient émerveillé et part aussitôt pour la base d’Agadir, à six cents kilomètres au sud de Casablanca (Maroc). Il y assure, seul, l’aumônerie de 3.500 hommes dont 1.500 marins. En 1961, il devient l’aumônier du porte-avions Clémenceau, tantôt à Brest, tantôt à Toulon. En 1962, il est nommé à la base de Mers El-Kébir, près d’Oran (Algérie). Au cours de l’hiver, il est mis au repos à la suite d’un infarctus. Il est rayé des cadres en août 1964. Au cours de ces dix années, il a alimenté plus de vingt numéros de La Lettre à la Famille. Ses textes témoignent de ses préoccupations apostoliques, de ses relations à tous niveaux et dans tous milieux, de son action après le séisme d’Agadir (Lettre du 15 mars 1960) et de son admiration pour les techniques modernes.

Nouveaux horizons.

Sa santé rétablie, le P. Francis enseigne au collège d’Agen (1963-1964), assure l’aumônerie de l’institution des Religieuses de l’Assomption à Bordeaux-Caudéran (Gironde) pendant dix ans, puis celle du collège Lamennais tenu par les Frères de Ploërmel à Papeete (Tahiti), de 1974 à 1977. Il est ensuite curé de Bégadan et Valeyrac dans le Médoc bordelais jusqu’à l’automne de 1990. A Pont-l’Abbé d’Arnoult (Charente-Maritime), malgré le poids croissant des ans et des infirmités, il reste en éveil sur les questions d’aujourd’hui, aide des jeunes dans leurs études, se montre fraternel en communauté. Passant quelques jours dans ses anciennes paroisses du Médoc, il est hospitalisé d’urgence à Lesparre où il meurt le dimanche 26 avril 1998, à 76 ans. Ses obsèques sont célébrées le 29 avril suivant. Le Père Francis repose au caveau de La Chaume, à Pont l’Abbé d’Arnoult.

Bibliographies

Bibliographie et documentation: Documents Assomption Nécrologe (VIII) 1998-1999, p. Assomption France, Nécrologie année 1998, p. 433-434. Dans les ACR, du P. Gendrot, correspondances (1934-1961), chroniques de sa vie d’aumônier militaire dans La Lettre à la Famille (1954-1964). Supplément à La Lettre à la Famille, août 1945, n° 12. Notices Biographiques