Religieux de la Province de France.
Faits et actes d’une vie.
Jules-Emilien Janin voit le jour le 31 août 1882 à Bogève (Haute-Savoie). Il fait ses études primaires à Bogève, puis à Boège. Le 8 octobre 1895, il entre à l’alumnat de Notre-Dame des Châteaux (Savoie) pour trois ans. Puis de 1898 à 1900, ce sont les études d’humanités à Brian (Drôme). Le 18 septembre 1900, le P. Félicien Vandenkoornhuyse lui donne l’habit au noviciat de Gemert (Pays-Bas). Jules prend le nom de Frère Raymond. Le noviciat se poursuit à Phanaraki en Turquie (1901-1902), sous la direction du P. Benjamin Laurès. La première profession est datée du 18 septembre 1901, la profession perpétuelle du Il septembre 1902. Les études de philosophie se déroulent à Kadi-Keuï (1902-1904), suivies de stages apostoliques dans différents postes de mission: Koum-Kapou (1904- 1905), Kadi-Keuï (1905-1907), Konia (1907-1908). Le Frère Raymond entreprend ses études de théologie à Jérusalem (1908-1911) où il est ordonné prêtre par Mgr Piccardo, le 17 juillet 1911. Le Père Raymond est d’abord employé dans les oeuvres d’enseignement, de 1911 à 1914, tout en s’intéressant à la rédaction des Echos d’Orient. Survient la guerre, c’est la longue mobilisation (août 1914-septembre 1919).
Chercheur et producteur aux Etudes byzantines.
Le P. Raymond passe ensuite à l’œuvre des Echos d’Orient dont le siège est à Kadi-Keuï, de 1919 à 1937. Lorsque la publication passe à Bucarest, il l’accompagne dans la capitale roumaine: 1937-1947. Elle devient la Revue de l’Institut français des Etudes byzantines. Après la seconde guerre mondiale, l’œuvre est transférée à Paris (1947- 1972). Ainsi depuis 1911, le Père Janin est resté dans la même activité, jusqu’à sa mort, autant par goût personnel de stabilité et de régularité que par obéissance religieuse.
Après les PP. Salaville et Grumel, le P. Janin est le dernier représentant de cette première génération d’assomptionnistes qui élaborent au contact de l’Orient un programme, tracé par Louis Petit, de recherches et de publications concernant les Eglises orthodoxes, en particulier l’église grecque. Le P. Raymond publie dans les Echos d’Orient son premier article en 1906- 1907 et cette brève esquisse sur les groupements chrétiens en Orient devient son premier ouvrage: Les Eglises orientales et les rites orientaux, achevé en 1912, publié en 1922 par la Bonne Presse et réédité en 1955 par Letouzey. En 1912 paraît également son premier article de la Chronique des Eglises orientales qui constitue la contribution principale du P. Raymond à la revue jusqu’au dernier numéro en octobre 1942, sous le pseudonyme J. Lacombe. Son but n’est pas de faire de l’érudition pure, mais de donner des informations précises sur le passé et le présent des rites orientaux. Il a conscience de travailler efficacement à l’union des Eglises. Peu enclin aux subtilités de la spéculation, porté par tempérament aux notions claires, soutenu par sa foi définitive autant que par son inlassable curiosité des choses de l’Orient, le P. Janin ne verse pas dans le mirage d’un certain oecuménisme. Après plus de 40 ans vécus dans le monde bariolé des Eglises orientales, il ne perd rien de sa sympathie pour l’objet de ses recherches, ni de sa raide objectivité ni de sa foi dans l’unité. Après 1919, il se tourne encore davantage vers les études historiques et archéologiques en touriste, en pèlerin, en érudit. Sa passion, c’est l’exactitude: inventorier et identifier les monuments du culte, les vestiges d’édifices, les lieux et noms historiques de Constantinople et des environs d’où sa compétence accrue pour la topographie. Le P. Raymond devient le collaborateur assidu des dictionnaires et encyclopédies. Après l’installation à Paris, après la parenthèse roumaine, le P. Janin rédige ses deux principaux ouvrages: Constantinople byzantine et les Eglises et les monastères de Constantinople qui sont les guides et les manuels les plus autorisés de l’ancienne capitale de l’empire. Il veut encore travailler à un inventaire des reliques de saints dans les églises grecques. Hospitalisé à Saint- Joseph au printemps 1972, il est transféré en ambulance à Lorgues en juin 1972. Il a 90 ans. Après le repas de midi, le mercredi 12 juillet 1972, il entre dans son dernier sommeil. jusqu’au bout, il garde la lucidité et l’énergie de l’ouvrier assidu à sa tâche. L’outil est tombé de ses mains, l’ouvrier étant parvenu à la limite de ses forces. Le P. Raymond est inhumé à Lorgues.
Bibliographies
Bibliographie et documentation: B.O.A. mars 1974, p. 233-234. L’Assomption et ses (Euvres, 1972, n° 572, p. 9. Nouvelles de la Province de France, 1972, n° 15, p. 17-19. ART Informations, 1969, n° 3, p. 4; 1971, n° 24, p. 2; 1972, n° 33, p. 4 et n° 34, p. 4. Dictionnaire du monde religieux dans la France contemporaine, La Savoie, Beauchesne, 1996, p. 251-252. Catholicisme, 1963, t. 23. Dictionnaire de Biographie française, 1994, t. 18, col. 433. Dictionnaire d’Histoire et de Géographie ecclésiastiques, 1995, fasc. 148-149, col. 1313-1317. Revue des Etudes byzantines, 1961, t. XIX. On trouvera dans les colonnes de ces articles l’importante bibliographie scientifique du P. Raymond Janin. Lettre du P. Raymond Janin au P. Wilfrid Dufault, Paris, 4 juillet 1961. Dans les ACR, correspondances du P. Janin (1907-1962).