Raymond Lang – 1918-2002

Récit d’une conversion, histoire d’une âme.

« Je suis né le 15 août 1918 à Metz (Moselle). Vers l’âge de 14 ans, je suis allé travailler dans une fabrique de chaussures à Metz pendant deux ans&nbps: ; puis je partis pour le jura comme berger six mois, mais je dus gagner l’Alsace comme ouvrier agricole, ceci jusqu’à deux semaines avant mon départ pour l’armée comme appelé durant deux ans. A la déclaration de guerre en 1939, je me trouvai sur la ligne Maginot. Une opération providentielle de l’appendicite me fit quitter la France en mai 1940 pour le Maroc. Démobilisé en novembre 1940, je revins en France en zone libre, travaillant pour vivre chez un agriculteur du Lot-et-Garonne jusqu’en avril 1941. Je m’engageai alors dans l’infanterie coloniale de Tunisie. Je fis les campagnes militaires de Tunisie, d’Algérie, de Corse, de France et d’Allemagne occupée. A l’automne 1945 mon régiment partit pour l’Indochine.

C’est en janvier 1947 que je retournai en France, démobilisé définitivement en mai 1947. Je repris mon travail d’ouvrier agricole jusqu’en 1953, à Bure, hameau dépendant de la commune de Tressange en Moselle, à 4 kms de la frontière luxembourgeoise. J’étais le seul employé de la ferme et m’occupai particulièrement des chevaux. Le 14 août 1952, mon patron me demanda d’aller au village avec un tombereau chercher une statue de la Vierge. Le hameau en question possédait une petite chapelle dédiée à la Vierge de l’Assomption. Sur le trajet du retour, je tenais la statue par la taille, assis sur le banc devant. Il m’arriva une chose inexprimable, une sorte de retournement de moi, au point que j’éprouvai un choc émotionnel intense. Je conduisis le cheval à la ferme, repartis pour la chapelle afin de me confesser. Le curé de Tressange se trouvait dans les parages, en compagnie du Supérieur de Scy-Chazelles que je ne connaissais que de vue. Il entendit ma confession. Le 15 août, je communiai à la première messe et assistai encore à la grand-messe. Je ne puis expliquer ce que je ressentais alors, j’étais tout remué, hors de moi-même. Les jours suivants, je me rendis au village rencontrer le curé et lui expliquai de mon mieux ce qui m’arrivait. Il me donna quelques conseils. J’écrivis à un Père Capucin de Moulins-les-Metz que j’avais connu lors de ses passages pour récollections. Les jours passant, après réflexion, je donnai ma démission à mon employeur désolé.

Sur le conseil de ce brave religieux, je finis par rencontrer le Provincial des Capucins à Strasbourg. Il me reçut fort agréablement, m’offrit le couvert et demanda conseil à ses confrères sur ma situation. Sa réponse fut claire &nbps;: son ordre lui paraissait trop sévère pour m’y admettre et il m’adressa de nouveau au curé de Tressange. Après une nuit passée à Metz, de retour à Bure, j’eus la surprise de rencontrer mon frère Léon qui venait, lui, dans l’idée de chercher du travail, tout heureux de pouvoir éventuellement me remplacer. Le curé me proposa comme solution soit de frapper à la porte des frères Maristes soit à celle des Assomptionnistes. Je choisis dans mon for intérieur la seconde solution. Le curé rédigea une lettre de présentation pour le Père Marie-Antoine Schneider, alors supérieur de l’alumnat de Scy-Chazelles. Je m’y rendis en en février 1953, après avoir fait mes adieux à toutes mes connaissances de la région. Je réglai à Metz mes affaires de famille et passai un jour chez mon frère René. Je lui laissai ma bicyclette et entrai ainsi comme postulant dans la communauté de Scy. Le 31 août 1953, accompagné par le Frère Léon Tyrode, je gagnai le noviciat de Nozeroy où je pris l’habit le 21 novembre suivant. Le 22 novembre 1954, je prononçai mes premiers voeux et quittai le noviciat en septembre 1955 pour Lorgues (Var) où je fus admis à prononcer mes voeux perpétuels le 9 décembre 1957. Lorgues fut ma maison d’adoption de 1955 à 1965, puis à partir de 1978 ». Récit autobiographique.

Le Frère est décédé le 1er juillet 2002, à Lorgues où il est inhumé.

Entre temps, il a connu les maisons de Valpré (Rhône, 1965), de Chanac en 1966 (Lozère), de Lormoy (Essonne), de Scherwiller en 1971 (Bas-Rhin) et de Lyon-Debrousse en 1965 (Rhône). Il était d’un naturel réservé et très discret. La communauté garde le souvenir de sa simplicité, de sa gentillesse et de sa foi.

Le Frère Raymond Lang a su rendre une multitude de petits services dans tous les domaines.


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Bibliographies