Religieux de la Province de Paris. Le cours d’une existence Inachevée. Ludovic-Michel-Raymond-Marius Sandevoir est né le 26 janvier 1917 à Saint-Omer (Pas-de-Calais). Il fait ses classes primaires au collège Saint-Bertin et à l’école Notre-Dame de sa ville natale. Il entre à l’alumnat de grammaire du Bizet en Belgique et passe ensuite à celui de Clairmarais (Pas-de-Calais). Le ler octobre 1924, il prend l’habit, sous le nom de Frère Raymond, au noviciat des Essarts (Seine-Maritime) où il prononce ses premiers voeux le 3 octobre 1935. Il se rend d’abord à Layrac (Lot-et-Garonne) pour une année complémentaire de philosophie (1935-1936), puis au scolasticat Saint-Jean à Scy-Chazelles (Moselle) pour la philosophie scolastique (1936- 1938). Mobilisé le 4 novembre 1938, il est incorporé au 8ème régiment des Zouaves au camp de Mourmelon (Marne), puis à Châlons-en-Champagne. Il fait parvenir en 1940 les nouvelles suivantes de son parcours à l’armée: « Mon nouvel état me valut d’être présenté à la commission d’expérimentation de l’infanterie, dont les bâtiments touchent ceux du 8ème Zouaves. J’y entrai le 22 décembre comme secrétaire du service général de cette commission. je devais remplir cette charge jusqu’au 21 mai 1940. Le 6 septembre 1939, quelques jours après la déclaration de guerre, la commission quittait Mourmelon avec tout son personnel et son matériel pour se rendre au camp de la Courtine, dans la Creuse. Le 21 mai je quitte la commission avec trois de mes camarades pour rejoindre le dépôt des Zouaves qui se trouve à Reims. Nous allons jusqu’à Paris. Mais là on nous dit qu’il ne faut pas compter être dirigés sur Reims, car il n’y a plus de train. Considérés comme des isolés on nous expédie sur Maisons-Laffitte. je passe à l’accueil d’Alzon [Paris] la nuit du 21 au 22 mai. Le 22 mai vers 9 heures du matin nous filons sur Maisons- Laffitte. Nous sommes rassemblés dans le grand parc qui se trouve à 2 km de la gare, avec les isolés qui, pour la plupart, descendent de Belgique. Nous y restons jusque dans la soirée. Alors on nous dirige sur la station après Maisons-Laffitte où nous embarquerons pour une destination inconnue. Dans la soirée du vendredi 24 mai, nous arrivons en gare de Merroton (Gironde) où de nombreux autocars nous attendent A.A pour nous conduire au camp de Souge, à une ‘vingtaine de km de Bordeaux. je n’étais pas encore séparé de mes trois camarades partis en même temps que moi du camp de la Courtine. Je faillis l’être le 21 juin. On rassembla un bon nombre d’hommes, et j’en étais, et on les conduisit à la gare maritime de Bordeaux. U nous nous embarquâmes sur le Flandre. Nous partions à destination du Maroc. Mais 24 heures après, le remorqueur n’avait pas bougé. L’équipage, conscient du danger, et, d’autre part, l’armistice devant être signé quelques jours après, avait refusé de marcher. Nous revînmes donc au camp de Souge. Le 29 juin eut lieu un départ en masse. Les Allemands devaient occuper le camp le ler juillet. Nous nous dirigeons vers les Basses-P5q-énées. Dans la matinée du 30 juin nous arrivons en gare d’Oloron-Sainte- Marie. Un bon nombre reste là, tandis que les autres s’en vont à 20 km plus loin, à Monein. Mais 200 d’entre nous dont je suis, montent un peu plus loin, à Cuqueron, village de 300 habitants. C’est dans ce coin merveilleux que nous installons nos cantonnements pour tous le mois de juillet. Pour ma part, je me trouvais avec une vingtaine de camarades dans une des propriétés de M. le maire de Cuqueron. Ce mois de juillet fut vraiment pour nous un mois de vacances. Cependant tout le monde aspirait à la libération. Le 31 juillet je change de cantonnement. Je vais au village d’Ogeu-les-Bains, à 10 km de l’autre côté de Oloron-Sainte- Marie. Quand j’apprends que la classe 1937 est libérée, aucune exception n’étant faite pour les sursitaires ni pour les ajournés, j’écris à l’alumnat de Chanac en vue de recevoir un certificat d’hébergement qui permettra ma libération. Il me parvient le 19 août au matin. Le soir du même jour je quitte Ogeu-les-Bains pour me rendre à Oloron-Sainte-Marie où je passe la nuit. Dans la matinée du 20 août on règle mes comptes. Désormais j’étais libéré. A 15h25 je partais pour Chanac où j’arrivais le vendredi 23 août ». Le parcours militaire du Frère Raymond est terminé. De Chanac il rejoint la maison d’études de Lormoy (Essonne) pour les études de théologie. Il y prononce ses vœux perpétuels le 3 octobre 1941. Le P. Athanase Sage, supérieur de la maison, écrit à son sujet: « Le Frère Raymond a beaucoup souffert de la désunion du foyer paternel. Il s’est renfermé, est devenu excessivement nerveux, impressionnable. Il redoute de parler au point d’intriguer des Frères par son mutisme. Par ailleurs il est d’une piété solide, énergique. Il travaille, mais sans beaucoup de succès ». On sait seulement de lui qu’il est envoyé en repos à la maison de Lorgues (Var) où il meurt brusquement, sans douleur, le 12 mai 1943, à l’âge de 26 ans. Il y est inhumé.
Bibliographies
Bibliographie et documentation: Nouvelles de la Famille occupée, juin 1943, n° 19, p. 79. Lettre à la Dispersion, février 1941, n° 837, p. 220-221 (nouvelles du Frère Raymond à l’armée). Lettres du P. Jean de Matha Thomas au P. Gervais Quenard, Lorgues, 13 juin 1943 (nouvelles de Lorgues). Notices Biographiques