Religieux de la Province de Belgique-Sud. Dans les aléas des années: un enseignant devenu pasteur. Marcel-Albert-Ghislain Thibaut est né à Saint- Gérard en Belgique, province de Namur, le 28 novembre 1910 dans une famille très chrétienne. Il perd très tôt sa mère, Julia née Dessambre. Il suit le cycle classique de l’époque pour les alumnistes: 3 années de grammaire à Zepperen (1921-1924) et 2 années d’humanités à Sart-les-Moines (1924-1926). Il prend l’habit religieux à Taintegnies le 5 novembre 1926 sous le nom de Frère Remacle, à l’âge de 16 ans. Après avoir prononcé ses premiers vœux le 6 novembre 1927, il entreprend ses études de philosophie à Saint-Gérard (1927-1929). Les supérieurs l’envoient alors à l’alumnat Marie- Médiatrice de Bure pour enseigner en 4ème latine. Il entame ensuite ses études de théologie à Louvain (1930-1934). Profès perpétuel le 8 décembre 1931, il est ordonné prêtre le 16 avril 1934. Toute la vie ministérielle du P. Remacle est consacrée à l’enseignement: il est professeur de philosophie à Saint-Gérard (1934-1937), de théologie dogmatique à Louvain (1937-1940), à Saint-Gérard pendant la guerre (1940-1948), à Hal (1948-1952), de théologie morale à Lormoy en France (Essonne), de 1955 à 1956. Il revient une nouvelle fois à Saint- Gérard comme professeur, de 1956 à 1966. La diminution des vocations religieuses interrompt alors sa vie d’enseignant avant d’y mettre fin totalement. C’est pourquoi le P. Remacle accepte le ministère paroissial à Haine-Saint-Pierre d’abord, de 1952 à 1955, puis à Bruxelles, église de la Madeleine, où il est également supérieur de la communauté, de 1966 à 1969. Il prend en charge la petite paroisse d’Ave-et-Auffe, de janvier 1970 à juin 1984, ce qui lui laisse le loisir d’être en même temps aumônier des Orantes de l’Assomption qui y sont établies et de continuer son exercice quotidien aux orgues. Page : 49/49 En 1984, il s’estime mûr pour la retraite et gagne la maison de repos de Saint-Gérard où il mène une vie véritablement monastique. En 1990, à l’âge de 80 ans, il est encore demandé pour l’aumônerie des Sœurs du Carmel de Matagne. Deux ans plus tard, sa santé se dégradant, il réintègre la maison de repos. « Comment décrire la personnalité du P. Thibaut, sinon en disant qu’il fut un homme de Dieu? Vocation précoce chez les Sœurs Visitandines, alors à l’abbaye de Saint-Gérard, vocation qui ne fut jamais remise en cause. Un homme profondément sérieux, droit, ponctuel, équilibré, cultivé et vivant de l’essentiel dans sa vie de religieux et de prêtre. Il aimait une vie bien programmée et y était scrupuleusement fidèle. Il ne perdait jamais son temps en futilités, même agréables. Il aimait la belle musique et était devenu un organiste de talent grâce à une pratique persévérante au clavier jusqu’en ses dernières années. Professeur assidu de théologie dogmatique, il savait Mier les schémas traditionnels aux nouvelles orientations conformes à l’enseignement du Magistère. Il resta un passionné de théologie, enrichissant ses connaissances par de nombreuses lectures de livres et d’articles à jour. Il aimait le progrès en tout, mais non l’aventure. Son savoir doctrinal, le P. Thibaut sut le monnayer fidèlement dans l’apostolat paroissial auquel il fut appelé après la fermeture du scolasticat de Saint-Gérard. C’est à Haine-Saint-Pierre et surtout à Ave-etAuffe, pendant une quinzaine d’années, que le P. Remacle fut successivement vicaire et desservant. De nombreux témoignages savent reconnaître l’heureuse influence qu’il exerça sur les fidèles de tous âges, surtout les personnes âgées ou en difficulté, visitées régulièrement. Est-ce cela qui lui valut l’assistance inattendue du couple royal, le roi Baudoin et la reine Fabiola résidant au château de Ciergnon, un beau dimanche? Passionné de musique et de chant, il fut l’animateur de plusieurs chorales paroissiales déjà au temps de son professorat à Saint-Gérard. Enfin le Père Remacle fut un confrère charmant dans toutes les rencontres avec le clergé. Ses conversations laissaient une impression de connaissances sérieuses ramenant toujours aux vérités fondamentales pour éclairer les situations humaines les plus complexes. Le P. Thibaut donna l’exemple d’un ouvrier du Royaume jusqu’au bout de ses forces. De retour à la maison de repos à Saint-Gérard, il avait presque 80 ans. Mais apprenant que le Carmel de Matagne n’avait plus d’aumônier depuis plusieurs mois, il se déclara prêt à assumer cette tâche. Il resta aumônier deux ans, au grand contentement des religieuses qui ont pu apprécier son savoir théologique mis au service de la direction spirituelle. Bref, le P. Thibaut fut un prêtre et un religieux entièrement donné à Dieu, soucieux du bien-être de ses ouailles, donnant l’exemple de la prière, de l’adoration et de la disponibilité ». Le P. Elisée Dricot, auteur de ces lignes à sa mémoire, termine en disant que tout son entourage et ses relations lui doivent beaucoup (1). Quelques semaines après avoir fêté dans la joie et la discrétion ses soixante ans de sacerdoce, le P. Thibaut dut une nouvelle fois être hospitalisé à Mont-Godinne où il s’éteignit doucement le ler juin 1994, à une heure du matin. Les funérailles eurent lieu en l’église paroissiale de Saint-Gérard le 3 juin suivant, et son corps fut inhumé dans la concession des religieux, sise auprès de l’église. Page : 50/50
Bibliographies
Bibliographie et documentation: Documents Assomption, Nécrologe (VI) 1994-1995, p. 28-30. Belgique-Sud Assomption, septembre 1994, n° 243, p. 3023-3026. Lettre du P. Remacle Thibaut au P. Domitien meuwissen, Saint-Gérard, 6 juin 1962. Du P. Remacle Thibaut, dans les ACR, correspondances (1931-1963). (1) Communications, diocèse de Namur, juillet 1994.