Rémi GUILLEMET – 1920-1996

Succession.
Alors que vous participez à la deuxième session de Vatican II, je m’excuse
de recourir à vous pour résoudre l’affaire suivante. Ma mère, mon père
étant mort en 1957, d’accord
avec ses 6 enfants, a décidé de vendre la seule ferme qui lui appartenait,
à cause des réparations et transformations coûteuses à y effectuer.
L’acquéreur est l’un de mes frères qui l’habite depuis une douzaine
d’années. Ma mère nous laisse le prix total de la vente, soit 5.000 FF. à
chacun. Seulement en contrepartie, nous devons lui verser tous chaque année
une rente
viagère jusqu’à la fin de ses jours, et si besoin, lui venir en aide. Mon
testament prévoit que tout ce que je laisserai à mon décès sera partagé par
parts égales entre mes frères et sœurs. Seulement en 1942, je ne pouvais
pas penser à tout,
et je manquais d’expérience. Je voudrais me dépouiller de
mon bien patrimonial dès maintenant et le partager par parts égales entre
mes deux frères et mes deux sœurs. Le droit ne me permet pas de le faire à
titre gratuit. Dans le cas présent, je le ferais à titre onéreux puisque ce
serait pour racheter la rente due à ma mère. Comment modifier cela avec
votre autorisation? ».

Rémi GUILLEMET

1920-1996

Religieux de la Province de France.

Curriculum vitae.

Rémi Guillemet est né le 29 septembre 1920, à Moustoir-Ac (Morbihan), dans une famille d’agriculteurs. Il est l’aîné de six enfants, trois frères, dont Joseph décédé en novembre 1995, et trois sœurs, dont l’une est religieuse. Rémi retrouve avec plaisir au cours de ses vacances une famille très unie. Il fait ses études secondaires au petit séminaire de Sainte-Anne d’Auray (1932-1938). Il entre ensuite au grand séminaire de Vannes qu’il quitte à Noël 1940 pour venir à l’Assomption. Il prend l’habit au noviciat de Pont-l’Abbé d’Arnoult (Charente-Maritime), le 1er mai 1941 et fait profession le 5 mai 1942. En septembre, il commence sa théologie à Lormoy (Essonne) où il revient en 1944 après une année en Bretagne pour échapper au Service du Travail Obligatoire. Avec ses confrères de l’Ouest, il rejoint le séminaire de Layrac (Lot-et-Garonne). Profès perpétuel le 2 janvier 1947, il y est ordonné prêtre le 1er juin de la même année. La suite de son parcours n’est pas moins sinueuse. Il est surveillant et secrétaire à l’alumnat de Cavalerie (Dordogne) de 1947 à 1951, puis au collège Saint-Caprais d’Agen. En 1952-1953, il se repose à Layrac. Il passe un an à l’orphelinat de Toulouse (Haute Garonne) et 5 ans à l’alumnat de Melle (Deux-Sèvres). Il se soigne à Cambo-les-Bains dans les Pyrénées (juillet-octobre 1959). Il est ensuite au service des vocations: à Blou (Maine-et-Loire), à Melle de nouveau (1960-1965) et à Saint-Maur (Maine-et-Loire) jusqu’en 1970. En juillet 1970, il obtient du P. Paul Charpentier l’autorisation de vivre hors communauté. Grâce à l’abbé Rousseau, chargé de trouver un travail professionnel aux prêtres qui le souhaitent, il entre au Ministère des Finances qui apprécie sa conscience professionnelle durant une quinzaine d’années.

En 1972, il revient vivre en communauté à Paris, rue François ler. Quand la maison est fermée en vue des travaux (1979), il rejoint la communauté de la rue Mouraud, puis celle de Chaville (Hauts-de-Seine) avec laquelle il émigre à Sceaux en 1986 et, trois ans plus tard, à Vincennes, sa dernière escale.

Personnalité.

Rémi est un religieux humble et discret, austère pour lui-même, soucieux de perfection, fraternel et généreux. Depuis sa retraite professionnelle, il se dépense sans compter, avec égalité d’humeur à la cuisine, aux courses il connaît tous les fournisseurs et à la comptabilité, y compris à la maison provinciale. Il est aussi un homme de prière et fréquente beaucoup les Evangiles. Après sa mort, le P. Henri Guillemin, son supérieur à Vincennes, a trouvé sur son bureau des notes spirituelles qu’il a évoquées ou citées le jour de ses obsèques: ses résolutions de Carême, au nombre de six; une prière mystérieuse datée d’un 31 mars minuit: « Seigneur, aide-moi à faire le grand saut dans l’inconnu », un examen de conscience d’après les Béatitudes, en vue de la confession pascale le mardi saint; ces mots écrits au matin même du jeudi saint: « Obéissant jusqu’à la mort et la mort de la Croix. S’offrir soi-même en sacrifice vivant qui plaît à Dieu. Se livrer entièrement à la volonté du Père. Etre tout abandonné à la volonté de Dieu ». Sa bibliothèque ne contient que des ouvrages de piété et de théologie. Dans l’un d’eux, un signet qui l’a accompagné pendant plusieurs décennies, porte simplement ce conseil de Mgr Ghika: « N’essaie pas de faire de toi un chef-d’œuvre, mais un outil de bonheur ». Au soir du jeudi saint 1996, le P. Rémi est pris d’un malaise sur le chemin de l’église Notre-Dame de Vincennes où il va participer à l’Office. Deux heures plus tard, il entre à l’hôpital Henri Mondor de Créteil (Val- de-Marne) où l’on décèle une hémorragie cérébrale. Il reste dans le coma jusqu’au vendredi de Pâques, 12 avril. La communauté est alertée à trois heures: deux religieux se rendent à son chevet. Vers 9 heures, il est décédé. Ses obsèques sont célébrées le mardi 16 avril 1996 à Notre-Dame de Vincennes. Il repose à Montparnasse.

Bibliographies

Bibliographie et documentation:1, Documents Assomption, Nécrologe (VII) 1996-1997, p. 14-16. Assomption France, Nécrologie 1996, p. 355-357. Lettre du P. R4mi Guillmet au P. Wilfrid Dufault, Melle, le 1er septembre 1963. Dossier personnel, ACR. Notices Biographiques