Rémi (Victor-Clément) KOKEL – 1886-1973

Le Mesnil-Saint-Denis, 1967.
« Voici la 4ème année que je suis éloigné de Rome et même de Paris. Ne me
tenez pas rigueur si je m’enfonce un peu dans la solitude. Votre passage si
rapide qu’il fût, m’a
replongé quelque peu dans l’atmosphère de Rome, dans sa chaleur et ses
souvenirs. Permettez-moi d’y revenir en ces jours de Noël et de nouvel an
pour vous offrir mes v?ux. L’année qui se termine a été cruelle pour votre
affection fraternelle. Moi-aussi j’ai
perdu une nièce et un neveu tués dans un accident. Je ne puis oublier le P.
Barral avec qui j’ai travaillé pour Malestroit, travail hélas tombé dans
l’oubli. Les Orantes ont bien voulu me permettre de m’occuper encore de
loin de leur chère et vénérée fondatrice. C’est un dernier jalon sur la
route qui me conduira au paradis. Puissiez- vous voir tous vos fils se
hâter de devenir des saints, pas trop différents de ceux que nous avons
connus et qui ont guidé nos pas en nos jeunes années. Les Oblates et le P.
Possidius
[Dauby] se joignent à moi pour vous assurer de leur fidèle et vieille, mais
toujours jeune, affection à l’Assomption et à ses pères ».

P. Rémi Kokel au P. Wilfrid
Dufault.

Religieux français, Provincial de Belgique-Hollande (1923- 1929), Assistant général (1929-1946), Provincial de Paris (1946-1948), Procureur (1948-1964).

Années de formation.

Victor-Clément Kokel est né le 17 janvier 1886, à Oye (Pas-de-Calais), petite ville de 3.000 habitants, à l’ouest de Gravelines. Après la mort prématurée de sa femme, Catherine née Hédoire, M. Charles Kokel établit sa famille à Béthune. Le curé de la ville donne des leçons de latin au jeune Victor-Clément et, en septembre 1898, il le présente à l’alumnat de Sainghin-en-Weppes (Nord) dont le supérieur est alors le P. Benoît-Labre Caron. De septembre 1901 à juillet 1903, Victor-Clément fait ses humanités à Taintegnies (Belgique), sous le supériorat du P. Denis Hutte. Il prend l’habit religieux, le 18 octobre 1903, à Louvain, sous le nom de Frère Remi. Le noviciat commencé sous la direction du P. Benjamin Laurès se termine à Jérusalem, sous celle du P. Léonide Guyo. Profès annuel en septembre 1904, le Frère Rémi suit à Jérusalem deux années de philosophie (1905-1906), accomplit ses obligations militaires (1907-1909) et gagne Rome pour les études de théologie (1909-1911). Profès perpétuel le 6 janvier 1910, il retrouve Jérusalem pour la 3ème année de théologie (1911-1912), achevée à Rome (1912-1913). Il est ordonné prêtre le 7 juillet 1912 à Jérusalem. Secrétaire particulier du P. Emmanuel Bailly (1913-1914), il est mobilisé pendant cinq ans (1914-1919).

Premières responsabilités.

En avril 1919, il apprend sa nomination comme maître des novices à Louvain, puis à Saint-Gérard (1919-1924) où les Assomptionnistes relèvent les Visitandines de Meaux. Compréhensif, chaleureux, dynamique, le P. Rémi assure l’unité des c?urs et des esprits dans ce noviciat international et alors unique, dans un aménagement des lieux précaire et progressif. Le 25 mars 1923, la Congrégation est divisée en 4 Provinces. En mai 1923, le P. Rémi est nommé supérieur de la Province Belgo-Batave. Au chapitre de 1929, il présente le bilan de six ans d’administration et d’animation: Sart-les-Moines transformé, Zepperen aménagé, Boitel reconstruit, Bure réinstallé et acheté, la maison provinciale établie à Bruxelles près de l’église centrale de La Madeleine, la paroisse de Notre-Dame de l’Assomption fondée à Woluwe-Saint-Lambert, la paroisse Saint-Ghislain prise en charge à Haine-St-Pierre, la ‘Croix de Belgique’ dirigée par le P. Galloy, Taintegnies devenu en 1924 le noviciat belge, la mission au Congo fondée en 1929. Religieux serviable et cordial, simple et avisé,

il laisse en quittant sa charge le souvenir d’un Père soucieux de partager les joies et les peines de tous. Le 27 janvier 1929, le chapitre général présidé par Mgr La Puma, procède à l’élection des membres de la Curie généralice. Le P. Rémi est nommé 3ème assistant et secrétaire général. Nommée pour 12 ans, cette curie voit ses pouvoirs prorogés en 1941 jusqu’en 1946. Conseiller compétent, défendant sa pensée avec calme et conviction, il se montre d’esprit concret, pratique et conciliant. Il dresse les procès-verbaux du Conseil, rédige les actes officiels, tient à jour les registres, expédie aux Provinciaux les pièces officielles et nominations. Tout est écrit de sa main, avec une belle écriture bien lisible. Il aime Rome et l’Italie, guide volontiers les pèlerins et publie en 1937 son Guide du pèle,rin en Italie. En juin 1940, la Curie ne peut gagner Rome, elle se divise entre zones occupée et libre. Le P. Rémi organise à la rue François 1er un Foyer d’accueil pour les religieux mobilisés. Provincial de Paris. Au chapitre général de 1946, le P. Rémi succède au P. Bal-Fontaine promu assistant général. Il devient le lvème Provincial de Paris, après les PP. Aymard Faugère, Clodoald Sérieix et Bernardin Bal-Fontaine. Il s’agit pour lui de réorganiser la Province amputée de ses deux vicariats (Amérique du Nord et Angleterre) devenus Provinces autonomes, de panser les blessures de la guerre coûteuse en hommes et destructrice des maisons, de prévoir une nouvelle carte du recrutement. Il est fier de la fondation nouvelle, la mission ouvrière Saint-Etienne, à Sèvres, dite ‘La Cloche’. Lambersart est acheté au Comte de Pas en décembre 1946. Il ne peut donner suite, par manque de personnel, à un projet de fondation au Maroc. Quand meurt le P. Romuald Souarn le 6 avril 1948, le P. Rémi est encore appelé à assumer la charge de Procureur général. Il devient, de 1948 à 1964, l’agent de la Congrégation auprès des organismes de la Curie romaine. Il trouve le temps de collaborer à la Documentation catholique, traduit des textes de L’Osservatore Romano, aime guider des pèlerins pour lesquels il réédite en 1960 son Guide de 1937 en une nouvelle formule, Le Pèlerin en Italie. Il compose une vie du P. Vincent de Paul Bailly et édite en 1964 des textes du P. Emmanuel Bailly, Le Testament d’un Père. En 1964, il devient le compagnon du P. Possidius Dauby comme aumônier des Oblates au Mesnit- Saint-Denis (Yvelines). Il y fait même du jardinage et, un jour, se laisse prendre par un feu de broussaille. Par chance, il est sauvé grâce à des électriciens qui étouffent le feu en le roulant dans l’herbe. Gravement brûlé, il met longtemps à guérir. Le jeudi 15 novembre 1973, à 87 ans, il est victime d’un spasme cérébral. Hospitalisé au Mesnil pour fracture du col du fémur. Il y meurt le 30 novembre. Ses obsèques sont célébrées dans la chapelle du Mesnil-Saint-Denis le lundi 3 décembre. Le P. Noël Bugnard prononce l’ homélie et rappelle les étapes et les grands traits de la physionomie spirituelle du P. Rémi: disponibilité, esprit de service, bonté et dévouement. La dépouille mortelle du P. Rémi est inhumée au cimetière de Montparnasse à Paris.

Bibliographies

Bibliographie et documentation: B.O.A. mars 1975, p. 265. L’Assomption et ses Oeuvres, 1974, n° 578, p. 10-11. Paris-Assomption, avril 1974, 7 pages. ART Informations, 1973, n° 44, p. 2 et 4. Dans les ACR, correspondances (1909-1973), rapports sur la Province de Belgique-Hollande (1924-1929), sur Saint-Gérard (1921), sur la Province de Paris (1945-1948), notes de retraites et de prédications (1940-1942), circulaires. Le P. Rémi Kokel est l’auteur de poésies, d’opuscules sur la P. Pernet (1962), le P. Vincent de Paul Bailly (1943, 1957), sur les projets de révision du coutumier, des Constitutions), de plan d’études dans les scolasticats (1923). Il est l’auteur de l’ouvrage, Pèlerin en Italie, B.P., 1960, 258 pages, d’une Vie du P. Vincent-de Paul Bailly, 1958. on lui doit de nombreux articles dont certains ont paru dans les revues de l’Assomption (Le Royaume, L’Assomption et ses Oeuvres)