Religieux de la Province de Bordeaux Première étape: vie de prêtre diocésain. Rémy-Ludovic-Hyacinthe Ronsin est né le 17 juin 1896 à Machecoul (Loire-Atlantique). Après ses études au petit séminaire de Nantes (1908-1914), il se dispose à entrer au grand séminaire, mais la mobilisation générale de sa tranche d’âge l’appelle à l’armée en 1915. Pendant quatre ans (1915-1919) il est l’un de ces millions de sans-grades et obscurs héros du quotidien qui, sans faire parler d’eux, endurent les privations et les dangers du front. Rendu à la vie civile en 1919, il peut reprendre le chemin du grand séminaire. Il est ordonné prêtre, le 29 juin 1925, à la cathédrale de Nantes. Il fait ses débuts de pastorale comme vicaire diocésain à Saint-Clément de Nantes. Il devient ensuite l’adjoint du curé Larose qui jette les fondations de la nouvelle paroisse nantaise de Sainte-Thérèse. On lui connaît aussi un autre poste comme curé à Pont-de- Cens. Il se sent attiré par la vie religieuse. Il vit d’ailleurs lui-même dans une grande austérité, disant l’office avec son adjoint. Il se livre à l’apostolat de la presse et demande à son évêque dès 1936 l’autorisation de quitter le diocèse pour entrer dans une Congrégation religieuse. Sa demande ne reçoit une réponse qu’en 1948, après avoir été aumônier des Frères des Ecoles Chrétiennes à Nantes. Deuxième étape: la vie religieuse à l’Assomption. A plusieurs reprises, l’abbé Ronsin a eu des contacts avec l’Assomption, du fait de son intérêt pour la presse catholique. Il a déjà rencontré au noviciat de Pont-l’Abbé d’Arnoult (Charente-Maritime) le P. Pol de Léon Cariou, maître des novices, pour des temps de retraite personnelle. Le 17 février 1949, il peut enfin prendre l’habit assomptionniste sous le nom de Père Rémy. Il est admis à la première profession, émise le 18 février 1950. A.A Il a 54 ans. Durant une année, il est affecté au service de l’Association Notre-Dame de Salut à Paris. Il ne s’y adapte pas. De février à juin 1951, il fait fonction de vicaire suppléant à Bordeaux-Caudéran (Gironde) et passe ensuite à la maison provinciale de Bordeaux, alors rue Croix de Seguey. Il diffuse La Croix, prospectant la ville quartier par quartier, se faisant donner par les curés de paroisse et les institutions religieuses les adresses des familles catholiques. Il leur fait servir un abonnement d’un mois gratuit et présente ensuite ses arguments les plus convaincants avec son aimable sourire pour désarmer les objections. En un an, il recueille plus de 300 nouveaux abonnements à La Croix, sans compter ceux du Pèlerin et des autres revues de la Bonne Presse. Le P. Rémy exerce en outre un ministère très apprécié auprès des Petites- Sœurs de l’Assomption, Cours Saint-Louis et à la clinique du Docteur Dubourg dont il visite régulièrement les malades. En 1956, il commence à ressentir une certaine difficulté de marche et une gêne dans le bras droit, si bien qu’il doit renoncer à écrire. Insidieusement la maladie de Parkinson progresse. En 1958, le Provincial le nomme adjoint au maître des novices à Pont- l’Abbé d’Arnoult. Mais devant les progrès de la maladie, le P. Rémy doit être dirigé sur Lorgues (Var), dès le mois de juillet 1960. Un long calvaire. Tous ceux qui ont la grâce de l’approcher et de le connaître rendent témoignage des vertus et des dispositions exceptionnelles du P. Rémy. Toute marche lui devient très vite impossible, il doit se résigner à rester assis à son bureau et à ne se déplacer qu’en petite voiture. jamais il ne laisse échapper une plainte. Il tient à célébrer fidèlement l’Eucharistie. On devine, si grande est sa piété, le mystère d’union qui unit son âme au Christ crucifié. Peu à peu sa tête s’embrouille. Il prend conscience de lui-même qu’il doit renoncer à toute forme de célébration. Dieu sait ce que lui coûte cette décision, mais on n’entend de sa bouche qu’un murmure: Tout est grâce. je ne désire rien d’autre que la volonté de Dieu. Il vit dans cet état de total abandon, entièrement livré entre les mains de son ‘bon Samaritain’, le P. Kérandel, conservant jusqu’au bout la grâce de la docilité, de la douceur et de la reconnaissance envers son entourage. S’il est vrai que la souffrance peut aigrir le caractère d’un homme et rendre un malade irritable ou exigeant, il est admirable que le P. Rémy ait échappé à toutes ces réactions de la nature. C’est dans la discrétion d’une vie entièrement donnée et purifiée qu’il rend son âme à Dieu le 19 juillet 1967. On peut lui appliquer, en l’adaptant légèrement, la célèbre phrase de Jean-Jacques Rousseau: c Si la mort de Socrate est la mort d’un sage, la mort du P. Rémy est celle d’un saint». D’une manière plus chrétienne, le P. Henri Guillemin conclut ainsi l’homélie des obsèques: « La maladie et l’infirmité ont rendu le P. Rémy encore plus pauvre dans son état, plus obéissant dans sa condition, plus aimant dans ses relations. Il achève ainsi de parfaire sa sainteté. Merci au Seigneur d’avoir donné à l’Assomption le P. Ronsin et demandons-lui de nous envoyer de telles vocations comme témoignage et signe de sainteté dans l’Eglise et l’Institut ».
Bibliographies
Bibliographie et documentation : B.O.A. janvier 1968, p. 217. A travers la Province (Bordeaux), décembre 1967, n° 157. Lettre du P. Rémy Ronsin au P. Alphonse Picot, Lorgues, 16 octobre 1961. Notices Biographiques