Riom (Jean) LE BLAIS – 1903-1970

La Rochelle, 1949.

Deux mots seulement pour vous demander où en est cette question d’aumônier
des marins? J’en avais parlé au commandant Thévenard, chef du port. Toutes
les
compagnies maritimes s’intéressent à l’affaire et, grâce à des concours
dont celui de l’amiral d’Arcourt, toute la question matérielle serait déjà
résolue.
C’est donc une chance inespérée et je crois qu’il faut en profiter. Moi,
j’ai accepté en principe toute la direction, dès que les travaux seraient
finis, mais je voudrais auparavant avoir l’assurance d’être officiellement
désigné comme aumônier des marins
(La Pallice et La Rochelle). Il y a là un bien énorme à faire, et si cette
oeuvre m’est confiée, je puis vous assurer
que je m’y consacrerais de tout coeur, car ce serait la réalisation de mon
rêve de toujours.
En attendant votre réponse, veuillez croire, bien cher Père, à mes
sentiments religieux et à mes plus ferventes prières ».

P. Riom Le Blais, curé de La
Pallice.

Religieux de la Province de Bordeaux.

Premiers parcours.

Jean Le Blais voit le jour à Plouguiel, près de Paimpol (Côtes-d’Armor), le 22 juillet 1903. Il fait ses classes primaires à Plouézec et ses classes secondaires à l’institution Saint-Joseph de Lannion (1915-1921). Il entre au grand séminaire de Saint- Brieuc (1923-1926), après le service militaire à Dinan. Il est attiré par l’apostolat des Oeuvres de Mer et apprend que l’Assomption y a fait autrefois florès avec le P. Yves Hamon, le P. Honoré Brochet et le Frère Eugène Bergé, ce dernier dirigeant encore à son époque un Foyer des marins. Il se présente au noviciat assomptionniste à Scy- Chazelles (Moselle) où il prend l’habit le 21 novembre 1927. Il prononce ses premiers v?ux, le 22 novembre 1928, sous le nom de Frère Riom (1). Il se rend ensuite en Belgique pour le scolasticat de théologie de Louvain (1928-1931), faisant un crochet par Saint-Gérard pour prendre contact avec des jeunes assomptionnistes attirés comme lui par les Oeuvres de Mer. Profès perpétuel le 21 novembre 1931 à Saint-Maur, il est ordonné prêtre à Rennes, le 5 mars 1932 (2). On se souvient de lui comme d’un bon infirmier qui soignait les grippes de ses confrères de grogs corsés de rhum alors que l’économe du temps, le P. Gonzalès Suisse se contente, lui, de les parfumer ‘au miel de Cuba’.

Ministères.

Le P. Riom est d’abord nommé comme professeur à l’alumnat de Saint-Maur (Maine-et-Loire), une année (1931-1932). Sportif et même athlète, il passionne les jeunes pour le football et entraîne même ses confrères plus âgés sur la prairie. Toujours désireux d’un apostolat en mer, il accepte les obédiences de son Provincial: de 1932 à 1935, il est envoyé comme vicaire à Fumel (Lot-et- Garonne),

puis à Melle dans les Deux-Sèvres, de 1935 à 1939. Au moment de la guerre, il est mobilisé et se trouve fait prisonnier. Cinq années de captivité dont trois en forteresse outre-Rhin ne lui laissent pas que de bons souvenirs. A la libération, il est enfin nommé curé d’une ville portuaire, à La Pallice (Charente-Maritime): il y reste de 1945 jusqu’à sa mort en 1970. Toujours passionné de sports, football, judo, rugby et même de pêche, il fonde le club l’Avenir maritime de La Pallice dont il reste longtemps le président, puis le président d’honneur, il rencontre sur le terrain bien des jeunes qui apprécient son autorité et sa constance. Au retour de la pêche au tacaud, il revient les mains vides parce qu’il distribue toutes ses prises à ceux qu’il estime en avoir plus besoin que lui. Il aime la mer et ses travailleurs, leur franc-parler et leur rudesse. Il reçoit la Médaille de la jeunesse et des sports pour ses incitations. Proche des gens et des pauvres, prêtre de c?ur et de foi, il ne s’attache guère aux structures paroissiales, préférant la vie du grand large aux côtés des dockers et aux côtés de ceux qu’il appelle les ‘tenanciers du boulevard de la soif’. Ses options pastorales sont parfois contestées par ses confrères sur qui repose le travail paroissial. Ses déclarations à l’emporte-pièce contre les réunions, les nuisances téléphoniques et les complications du discours ont au moins le don de détendre l’atmosphère. Il participe aux rencontres au moins sous la forme de boutades. Déconcertant, bourru et bon enfant, dur à la douleur et tendre devant la souffrance des autres, le P. Riom échappe un peu à toute analyse logique. Indépendant mais entouré d’amis, il reste aux yeux de ses paroissiens un être plein de vitalité, explosif, désireux d’agir et de servir à sa manière. Arrivé à La Rochelle le 6 septembre 1945, le P. Riom, après un temps d’hospitalisation, meurt à La Rochelle le 4 septembre 1970. Ses obsèques se déroulent le 6 septembre 1970, soit 25 ans après, jour pour jour. Sa famille demande le transfert de son corps au cimetière de Plouézec, où il est inhumé. (1) Riom est un prénom inconnu dans les Martyrologes et vies de Saints. On ne connaît dans les dictionnaires que la ville de Riom dans le Massif Central. (2) On trouve dans les textes trois dates d’ordination: le 30 mars 1932, le 12 mars 1932 et le 5 mars 1932, cette dernière retenue par suite d’une rectification expresse.

Bibliographies

Bibliographie et documentation: B.O.A. mars 1972, p. 174. A Travers la Province (Bordeaux), décembre 1970, n° 184, p. 1-VIII. Sud-Ouest, 5 septembre 1970. Lettre du P. Riom Le Blais, La Pallice au Provincial de Bordeaux, 17 décembre 1949. Dans les ACR, du P. Riom Le Blais, quelques correspondances (1933-1949), rapports sur La Rochelle-La Pallice (1950-1951).