« Quel vide nous ressentons tous! Car même si nous, ses frères, aurions tant aimé l’avoir pour nous-mêmes, il appartenait à nous tous. C’est pourquoi le campus, pour chacun d’entre nous, a l’air curieux aujourd’hui. Pas de Fr. Robert assis à Charley ou Taylor, entouré d’une foule de gens. Pas de Fr. Robert accueillant les étudiants avec un sourire au service de santé. Pas de Fr. Robert sur la touche, encourageant aussi bien les supporters que l’entraîneur ou les joueurs. Pas de Fr. Robert s’arrêtant dans les couloirs ou les allées du campus pour s’entretenir avec enthousiasme avec tout un chacun. Pas de Fr. Robert servant la messe avec solennité et sa tranquille présence. Pas de Fr. Robert mettant sur pied le défilé des Athlètes chrétiens, tout en se tenant avec réserve dans les coulisses. Pas de Frère Robert se levant à toute heure de la nuit, comme un père affectueux, pour soigner les malades ou ceux qui avaient un problème. Pas de Fr. Robert au Bureau d’Orientation rassurant les parents et galvanisant les nouveaux venus de son charme irrésistible. Pas de Fr. Robert pour donner un coup de fil à des centaines d’anciens étudiants ou pour leur écrire une carte d’anniversaire.
Pendant 39 ans, le Frère a tissé sa toile magique sur ce campus et tous nous avons été saisis. 39 ans! Il a été ici si longtemps que je l’ai un jour surpris à mettre en garde un père, il y a quelques années, dont le fils avait eu des problèmes. Le père, ancien diplômé de l’Assomption, était furieux contre son fils jusqu’à ce que le Frère ne réduise la tension en lui adressant quelques mots… Nous gardons en mémoire la simplicité, la profondeur de la foi du Frère Robert qui l’illuminait d’une paix intérieureet d’un feu qui embrasait tous ceux qui l’approchaient. Tous se sont manifestés: président, professeurs, cuisiniers, dirigeants, sportifs, secrétaires et étudiants, travailleurs d’entretien et directeur des medias. Ils sont tous là. Le Frère Robert ne possédait aucun grade universitaire, il était à peine allé jusqu’en classe terminale pour retourner 22 ans après avoir quitté Saint-Bernard à Fitchburg, afin d’obtenir son diplôme à Doherty en 1974. Il n’a pas fait de théologie, ne possédait pas de diplôme de gestion ou en psychologie. Et c’est exact qu’il s’endormait régulièrement durant les pesantes réunions de communauté à Emmanuel House! Le Frère Robert aimait les gens, spécialement les étudiants. Chaque année il attendait avec impatience les résultats de l’orientation donnés au mois de juin. Durant l’été, il se préparait sur place à l’automne alors que ses confrères s’absentaient pour des jours de vacances. Il se faisait remettre la liste des nouveaux dont il apprenait par coeur le numéro de sécurité sociale! Influenceoe Nul autre ne savait mieux que le Fr. Robert entrer en contact avec les jeunes, être gai, lancer un défi ou garder le silence. Il savait lier conversation avec le solitaire et l’original, celui qui faisait tapisserie et celui qui plaisait à tous, l’étranger ou l’Américain loin de chez lui. A Emmanuel House, on ne savait jamais qui le Frère allait inviter à table… Jusqu’au bout, le Frère Robert s’est donné. Il souffrit à la fin de ses jours de la maladie de Parkinson, les 6 ou 7 dernières années de sa vie. Il dut peu à peu renoncer à certaines de ses responsabilités. Cela lui coûta beaucoup, notamment son service de santé. Il souffrait lui-même du diabète et d’infections qui le conduisirent à l’amputation d’un orteil et d’un autre doigt de pied. A tous ces maux s’en greffèrent d’autres, pneumonie, dépression, ulcères. Sa vie entière a été un service continu et nous ne pouvons douter que celui qui a embrassé tant de personnes durant sa vie a maintenant été saisi tout entier par Celui qu’il aimait tant,le Christ ».
Le Frère Robert est mort le 17 novembre 2000, à l’âge de 64 ans. D’après l’homélie de la cérémonie des funérailles du Frère, par le P. John Franck, provincial.