Rogatien (Marie-Joseph) PELLICIER – 1908-1976

Douvaine, 1961.

« Je joins un mot à la lettre du P. Bornand pour vous dire que la
communauté de Douvaine, très émue par l’annonce de la mort du P. Quenard,
s’associé bien sincèrement à votre deuil et à celui de toute la
Congrégation.

Le P. Gervais avait présidé à la fondation de notre orphelinat et s’était
toujours intéressé à l’œuvre.

Ce soir la communauté dira l’office des morts pour le cher défunt et les
religieux s’acquitteront au plus vite possible des prières de règle prévues
pour un ancien supérieur général.

Nos orphelins s’associeront à la messe des morts qui va être chantée pour
lui.

Le P. Bornand va assez bien, mais pendant son voyage, il a pris un peu
froid et actuellement il tousse un peu.

Avec l’assurance de nos prières pour vous-même et pour le défunt, veuillez
agréer l’expression de mes sentiments d’affection et de fidèle obéissance
»..

Père Pellicier.
Notices Biographiques A.A

Religieux de la Province de Lyon, assistant provincial (1964- 1973). Une vie chargée de responsabilités. Marie -Joseph Pellicier, de son nom de baptême, est né le 15 août 1908, dans le village de Granier-sur-Alme (Savoie) d’une famille nombreuse et très chrétienne. Entré à l’alumnat de Saint- Sigismond (Savoie) en 1921, il poursuit ses études à Miribel- les-Echelles (Isère), de 1924 à 1926. C’est alors le choix de la vie religieuse. Il fait son noviciat en trois lieux, en Belgique et en France (1926-1927), sous le nom de Frère Rogatien. Il commence son postulat à Saint-Gérard en octobre 1926, où il prend l’habit le 31 octobre 1926, passe à Taintegnies en novembre 1926 sous la direction du P. Savinien Dewaele et accompagne le noviciat des novices français à Scy-Chazelles (Moselle). C’est en ce dernier lieu qu’il prononce ses premiers vœux, le 6 novembre 1927. Il entreprend ses études de philosophie à Saint-Gérard (1927-1929) puis celles de théologie, commencées à Louvain et terminées à Lormoy en France (1931-1934), ayant accompli de 1930 à 1931 ses obligations militaires. Le ler novembre 1932, il prononce ses vœux perpétuels à Louvain. Le P. Fulbert Cayré le présente comme « un bon religieux un peu vif de caractère, mais énergique, d’une franchise un peu rude, mais sans rancune comme sans méchanceté et par ailleurs capable d’un grand dévouement ». Le Frère Rogatien est ordonné prêtre à Noël 1934. Doté d’une bonne santé, le P. Rogatien commence alors une longue carrière où les responsabilités ne manquent pas. Professeur, puis directeur au séminaire de Plovdiv en Bulgarie (19351948), ensuite supérieur à l’alumnat de Saint-Sigismond et à l’orphelinat de Douvaine (Haute-Savoie), de 1948 à 1964. A cette dernière date, il est nommé assistant provincial à Lyon et supérieur de la Procure jusqu’en 1973. Après une année passée à Scy-Chazelles, il est nommé à Marseille (Bouches-du-Rhône) où il va passer deux ans, déchargé de responsabilités importantes et avec une activité à sa mesure. Ce sont les deux meilleures années de ma vie, aime-t-il dire. Et c’est dans la communauté de Marseille -Cluny que la mort vient le frapper à 68 ans, le 20 décembre 1976, victime d’un oedème aux poumons, après s’être soigné depuis quelques années pour ne pas trop fatiguer son cœur. Une physionomie attachante. « Aussi extraordinaire que cela puisse paraître, nous ne pouvons pas imaginer le P. Rogatien couché dans la terre. Nous l’avons toujours connu debout, dominant de sa haute stature hommes et événements. Et au moment où il quitte cette vie, je crois que l’image la plus juste est cette Parole de l’écriture disant son espérance jusque dans la tombe: A.A ‘Avec mon corps, je me tiendrai debout et de mes yeux de chair je verrai Dieu’ C’est cette image de l’homme debout qu’il nous laisse à jamais dans les divers aspects de sa vie, comme homme, comme religieux et prêtre, comme supérieur et assistant provincial. Il est des gens qui suscitent l’admiration, l’enthousiasme et même l’envoûtement par des qualités brillantes, même si l’apparence peut se révéler trompeuse à la longue! Il n’était pas de ceux-là. Pour ceux qui l’ont bien connu, il suscitait un sentiment de solidité, de sécurité et d’amitié. D’origine montagnarde, il en avait la robustesse. Et la formation chrétienne reçue dans sa famille avait été gravée pour toujours sur un bois résistant. Homme de fidélité, le P. Rogatien est resté très attaché à sa famille, il en portait les préoccupations, les peines et les joies et étendait son souci jusqu’à son village tout entier. On savait qu’on pouvait compter sur lui soit pour le travail confié, soit pour l’amitié, car c’est un autre trait marquant. Sous J’écorce un peu rude du montagnard, très rapidement on découvrait un cœur fraternel. Simple, direct, sans artifice, mais aussi accueillant, on savait qu’on pouvait lui parler en vérité, même et peut-être surtout s’il ne se croyait pas obligé de suivre tous les méandres psychologiques qui se perdent dans les sables. Ces dernières années, ces qualités d’accueil, d’amitié, de fraternité se sont révélées encore davantage parce qu’il était débarrassé des responsabilités d’ensemble qui lui laissaient moins de spontanéité. Sa dernière communauté lui a reconnu de grandes qualités de bienveillance et d’écoute qui, auparavant, étaient parfois cachées sous une écorce plus rude. Sa vie religieuse fut marquée par ces traits fondamentaux. De famille très chrétienne qui a donné à l’Eglise un Frère Mariste et une sœur Carmélite, ayant grandi dans un village qui a donné de nombreux prêtres au diocèse et des religieux assomptionnistes, il y a puisé un esprit de foi qui inspirera toute sa vie. Sans doute a-t-il souffert du climat de sécularisation croissante dans lequel nous vivons actuellement, sans doute était-il réticent devant certaines tendances d’une présence au monde qui risquaient d’émousser le tranchant de la foi. Ce n’était pas l’homme des aventures irréfrénées et des créations hasardeuses, mais il avait assez de foi pour être ouvert à la situation nouvelle de l’Église et de la vie religieuse et soutenir ce qui lui paraissait vraiment inspiré par l’Évangile. Lui-même s’est adapté, à sa manière, aux conditions nouvelles en tenant ferme à ce qui lui paraissait essentiel: la prière et la disponibilité. Cette disponibilité religieuse, il l’a manifestée jusqu’à la fin en acceptant les différentes obédiences reçues, avec le désir manifeste de rendre service jusqu’au bout. Il a exercé son sacerdoce surtout dans des maisons de jeunes. Professeur au collège de Plovdiv en Bulgarie, directeur du petit séminaire au même endroit, à l’alumnat de Saint-Sigismond, à l’orphelinat de Douvaine, donc dans des maisons d’éducation. Au nom de la Province je lui dois un remerciement spécial pour les responsabilités qu’il a exercées pendant presque toute sa vie et de façon quasi ininterrompue. On devine tous les problèmes difficiles auxquels il a fallu faire face en ces temps troublés. J’ai toujours trouvé des conseils calmes et pondérés, marqués du coin de l’équilibre et du bon sens ». D’après le P. Morand Kleiber, dans l’homélie le jour des obsèques du P. Rogatien.

Bibliographies

Bibliographie et documentation: Documents Assomption, Nécrologe (I) 1975-1980, p. 39. Lyon-Assomption, février 1977, n° 53, p. 9-11. Documents Assomption, 1977, n° 2, p. 124-125. Lettre du P. Rogatien Pellicier au P. Wilfrid Dufault, Douvaine, le 6 février 1961. Dans les ACR, du P. Rogatien Pellicier, rapports sur Saint-Sigismond (1949- 1952), sur Douvaine (1955-1963), sur la Bulgarie (1971), correspondances (1927- 1966). Le P. Rogatien Pellicier a écrit de nombreux articles dans le bulletin de Douvaine (1956-1964). Notices Biographiques