Roger Tougas – 1933-2005

Roger Albert Tougas – notre père Roger – est né le 3 avril 1933, à Central Falls (Rhode Island, U.S.A.), d’Albert et Alexandrine Dubé, dans une famille de trois enfants. Central Falls est une ville où vivaient de nombreux canado-américains, et l’on y parlait français, c’est ainsi que Roger fit, de  1939 à 1947, ses études primaires en français et en anglais à l’école paroissiale Saint-Mathieu ; cette école était dirigée par les Sœurs de la Présentation de Marie (de Saint-Hyacinthe, Québec). Peu de souvenirs de ce temps-là, mais Roger se rappelait cependant avec joie avoir été, alors, cordigère, c’est-à-dire jeune tertiaire franciscain. C’est encore en français et en anglais, qu’il fera ses études secondaires et collégiales à notre collège de l’Assomption de Worcester, de  1947 à 1953. Il faisait partie de l’École apostolique, qui se recrutait parmi les jeunes qui songeaient à la vie religieuse assomptionniste.

Le 15 juillet 1953, il entre au noviciat de Sillery avec six autres postulants qui tous viennent de notre collège de Worcester ; de ces sept candidats, seul Roger persévérera dans la congrégation. Roger y prend l’habit le 7 septembre. Mais ce n’est pas à Sillery qu’il terminera son noviciat, mais à la maison tout récemment ouverte à Saugerties (État de New York) ; il s’y rend le 2 juillet 1954. et y fait profession le 8 septembre suivant. Il étudia ensuite la philosophie à Worcester et à Saint-Gérard (Belgique) de  1954 à 1956, et la théologie à Lormoy  (1956-1959) et Valpré  (1959-1960). Il fut ordonné prêtre à Worcester le 23 juillet 1960, par l’évêque du lieu, monseigneur Flanagan. Après une année de pastorale à notre Prep School de Worcester, il est envoyé au Québec en 1961, il y restera jusqu’à sa mort, survenue le 19 août 2005, soit quarante quatre ans.

Pendant ces décennies, il sera pendant quinze ans dans une maison d’enseignement, soit au collège d’Alzon de Bury, soit au Pavillon de l’Assomption à Cap-Rouge. Toutes les autres années, il les passera dans un Sanctuaire dédié au Sacré-Cœur, soit Beauvoir (Sherbrooke), soit Montmartre (Québec). Il fut Supérieur à Beauvoir, Cap-Rouge et Québec, et aussi, de  1975 à 1981, Supérieur régional.

De graves accidents assombrirent sa vie. Ce fut d’abord, en 1977, une fracture du maxillaire inférieur, dans un accident d’automobile, puis un traumatisme crânien, en 1982, encore dans un accident de voiture, accident qui le laissa handicapé, hémiplégique pour le reste de ses jours, enfin une fracture de la hanche en 1991, ces accidents l’obligèrent à des séjours de plusieurs mois, à l’hôpital ou dans des centres de réadaptation. Ajoutons qu’il fut opéré au cœur, en octobre 2002, et qu’il souffrit et mourut d’un cancer, découvert en janvier 2005. Il fut, on le comprend, fort affecté par les accidents, surtout celui de 1982 : quand il apprit qu’il serait handicapé pour toujours, il passa par une crise violente, mais il finit par accepter et sut tirer, de ces dures épreuves, un vraie sagesse, humaine et surnaturelle, qui fut tout profit pour son apostolat.

Cet apostolat, il l’exerça auprès des jeunes, surtout dans nos maisons d’enseignement, et cet apostolat, il le faisait avec dévouement, plaisir et bonheur. Mais ministère qu’il aima et pratiqua toujours, mais plus totalement au cours de ses vingt cinq dernières années, fut celui de conseiller spirituel. Le père Roger était un homme de relations, relations avec tous, mais, plus particulièrement, relations avec les personnes de condition modeste. Il savait les écouter, il s’intéressait vraiment à eux, à leurs joies comme à leurs peines, à leurs soucis, leurs inquiétudes. Plus que cela : il s’intéressait aussi à ce qui les intéressait. Un matin, au petit déjeuner, je lui trouvai l’air fatigué. Il me répondit qu’il l’était, parce qu’il se couchait tard. Comme je lui conseillais de se coucher plus tôt, il me dit qu’il ne le ferait pas, parce qu’il ne voulait « rien manquer »!. C’est que le soir, et souvent au cours de la journée, il regardait, à la télé, ce que les gens qu’il rencontrait regardaient. Roger voulait partager leur vie le plus possible, et cela, il le faisait spontanément, naturellement, sans calcul.

Cette forme d’apostolat, il continua de la pratiquer à Québec, pendant les neuf années suivantes, de façon plus intérieure et moins spectaculaire peut-être, mais tout autant efficace.

Sa vie allait se terminer de façon tragique. En décembre 2004, rien ne laissait présager une fin prochaine. Il y avait bien quelques hémorragies, mais elles ne paraissaient pas graves : une opération, pensait-on, les ferait cesser. Mais, malheureusement, l’opération, qui eut lieu le 31 janvier, révéla qu’il s’agissait d’un cancer, qu’il y avait déjà des métastases, qu’une chimiothérapie serait vaine. Le père Roger, qui redoutait une chimiothérapie, accepta son sort avec sérénité. Du 11 février à son décès, il résida à l’infirmerie des Frères des écoles chrétiennes, où il avait déjà séjourné. Pendant quelques mois, il « se portait bien ». Mais en juin, il commença à dépérir plus visiblement. Il restait courageux, patient, faisant bon accueil à tous ses nombreux visiteurs, en dépit de la fatigue. Le 3 août, il reçut l’onction des malades. Il est décédé vers onze heures le vendredi 19 août Le père Marcel Poirier, Supérieur provincial, et le frère Gilles Allard se trouvaient alors à son chevet. Ses funérailles ont eu lieu le lundi, 22 août, présidée par le père Marcel Poirier, en présence de nombreux fidèles, 400 personnes, frères et amis. Il repose maintenant avec ses frères assomptionnistes au cimetière Saint-Michel de Sillery.


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Bibliographies