Roland SOURCEAUX – 1920-1989

Betioky, 1966.
« Je tiens à vous prouver que je m’en suis tiré à bon compte dans ce
stupide accident qui m’est arrivé en novembre dernier. Le choc a été
brutal, je n’ai pu éviter un kily
(tamarin), et non une borne, car il n’en existe pas sur les pistes. J’ai
été ‘knock-out’ pendant quelques minutes. Reprenant mes sens, j’ai constaté
quelques coupures à la lèvre inférieure, occasionnées par le pare-brise
réduit en miettes. J’ai même
coupé le contact, car le moteur de la 2CV tournait encore rond, mais le
mien ne l’imitait pas! Le pneu arrière droit était crevé. Je me suis étendu
sur le bord du talus, entendant des gens crier ‘maty mon Péra’. Quand je me
suis réveillé, j’étais couché sur un chargement de mangues tracté par deux
zébus. Tous
croyaient que j’étais véritablement ‘maty’ (mort) et on a semé la panique
dans tous les tanana (campements). Les païens hurlaient, les chrétiens
pleuraient et récitaient le chapelet. Enfin j’ai pu
m’asseoir et crier que ‘tsy maty, mon Péra’: ‘Pas mort, mon Père’. Ainsi
j’ai pu assister à mon enterrement, autorités civiles en tête et cohue
ensuite. Au centre médical d’Antohabato, on me fit deux piqûres au lieu
d’une pour me remettre d’aplomb».

Notices Biographiques A.A

Religieux de la Province de France. Une vie de religieux missionnaire. Roland Sourceaux est né, le 18 janvier 1920, à Longpont-sur-Orge, alors localité de Seine-et-Oise, aujourd’hui dans l’Essonne, dans une famille de maraîchers. Jaciste, il connaît le P. Emile Gabel, alors professeur de dogme au scolasticat tout proche de Lormoy. Ce dernier initie le jeune homme au latin. En 1943, Roland peut étudier à l’alumnat de Miribel-les-Echelles (Isère) où il demeure jusqu’en 1945. Il prend l’habit au noviciat de Pont-l’Abbé- d’Amoult (Charente-Maritime), le 8 décembre 1945 et fait profession le 9 décembre 1946. Le P. Christophore Figuet, son maître des novices, le décrit comme un « jeune homme bien suffisamment doué au point de vue intellectuel, même s’il a fait des études secondaires un peu écourtées. Son indéniable savoir-faire ne devra pas trop être mis à contribution pendant sa formation dans les scolasticats, parce qu’il faut le prémunir contre sa grande générosité ». Le Frère Roland est envoyé au scolasticat de Scy-Chazelles (Moselle) pour la philosophie (1946-1948). C’est à Valpré, aux portes de Lyon (Rhône) qu’il accomplit son parcours d’études théologiques (1948-1952). Profès perpétuel à Valpré, le 8 décembre 1949, il est ordonné prêtre à La Ville-du-Bois (Essonne), le 8 juillet 1951. Sans doute soucieux de préparer l’avenir, il obtient, l’année suivante, un diplôme de médecine missionnaire à l’Institut catholique de Lyon. C’est en France et dans l’économat qu’il fait ses premières armes, au noviciat de Nozeroy (Jura), de 1952 à 1954, puis à l’alumnat de Scy-Chazelles (1954- 1957). À l’été de 1957, il fait partie de l’équipe fondatrice de la mission en Côte d’Ivoire. Il est supérieur du collège d’Abidjan pendant six ans (1957-1963). Il en est ensuite l’économe. Le 29 juillet 1964, il est transféré de la Province de Lyon à celle de Paris, A.A avant de s’embarquer pour la mission de Tuléar à Madagascar (1). Après trois années de brousse à Bétioky et une à la Sans-Fil de Tuléar, il est vicaire à la cathédrale (1968-1973) et économe régional (1970-1973). C’est alors que lui survient un terrible accident de voiture. Atterrés, les Malgaches présents anticipent son décès dans leurs chants funèbres. Blessé seulement, mais très diminué dans ses forces vives, il revient en France (1). A partir du mois d’août 1973, le P. Roland doit se soigner et se repose à la maison des Essarts (Seine-Maritime). Il reprend quelques activités à Longpont (1974-1975), puis au Mesnil-Longpont, mais sa santé ne s’améliore pas. En 1977, il rejoint la maison de repos de Chanac (Lozère) qui ferme deux ans plus tard. Avec quelques autres, il choisit d’aller à Layrac (Lot-et-Garonne). « Le Père est arrivé ici le 16 août 1979. je l’ai rejoint en 1981. Nous conversions de souvenirs communs, notamment de sa famille. Il semblait parfois s’associer pleinement à ces évocations. Beaucoup se souviennent encore de ses deux fugues du 21 mars 1981 et du 19 juin 1982. Pourquoi en dire plus? Le 27juin 1982, il entre à la clinique de Montbran. Il rejoint La Candélie le 9 juillet. Le 25 octobre 1984, il est conduit à la Résidence du Parc de Rangueil à Toulouse (Haute-Garonne) où les visites de son supérieur sont un rayon de soleil dans sa vie recluse. Roland nous a apporté un double message, celui de sa générosité apostolique et de l’acceptation de sa terrible épreuve » (1). C’est à Rangueil qu’il meurt le lundi 20 février 1989. Les obsèques sont célébrées à Layrac le 23 et l’inhumation du corps a lieu le lendemain à La-Ville-du-Bois. L’homélie est prononcée par le P. Spiral, vicaire épiscopal de Versailles, ancien condisciple du P. Roland. Ce dernier évoque quelques souvenirs liés à cette église où Roland a été baptisé, reçut communion et confirmation, puis l’ordination en compagnie du P. Marie-Robert Ribouchon. Le P. Patrick Zago dit l’au revoir à ce frère aimé, fidèle serviteur dans les 16 ans de sa vie missionnaire et les autre 16 ans de sa longue épreuve de santé (2). (1) D’après Clément Goedert, Layrac, 23 février 1989. S’il s’agit du même accident, il aurait eu lieu en novembre 1965, d’après le récit même du P. Roland Sourceau,-(, paru dans Rhin-Guinée, février, 1966, n° 64. (2) D’après le P. Noël Bugnard.

Bibliographies

Bibliographie et documentation: Documents Assomption, Nécrologe (IV)-1987-1990, p. 50-51. Voulez-Vous? (Layrac), 1989, n° 148, p. 7-8. Assomption-France, Nécrologie, année 1989, p. 157. Nouvelles du P. Roland Sourceaux, Bétioky, 6 janvier 1966. Dans les ACR, du P. Roland Sourceaux, rapports sur Adidjan (1957-1962), chroniques et nouvelles depuis deux postes de mission (Abidjan et Madagascar): 1957- 1966. L’Assomption en Côte d’ivoire dans Missions Assomptionnistes, 1958, n° 44, p. 13-15; 1959, n° 49, p. 5- 12; 1959, n° 51, p. 8-12; 1961, n° 60, p. 5-16. (1) De la Côte d’Ivoire à la Grande Ile: L’Assomption et ses OEuvres, 1965, n° 542, p. 25. Notices Biographiques