Romain (Camille) Durand – 1911-2003

Ouvertures sur le monde. Camille-Clément Durand est né le 14 septembre 1911 à Jarcieu, petite commune du sud de l’Isère. Après son école primaire à Pact, il gagne l’alumnat de St Sigismond (1923-1926), puis achève ses humanités à Miribel-les-Echelles (1926-1928). Il revêt l’habit assomptionniste le 28 octobre 1928 à Scy-Chazelles sous le nom de Frère Romain et il y prononce ses premiers voeux le ler novembre 1929. C’est à Lormoy qu’il s’engage définitivement dans la Congrégation, le 21 novembre 1934 et qu’il est ordonné prêtre le 21 février 1937. Il a obtenu la licence en théologie à Strasbourg. Toute sa vie, ce religieux de grande valeur spirituelle assume des charges importantes : professeur de philosophie à Scy-Chazelles (1937-1945), à Layrac (1945, de nouveau à Scy (1946), maître des novices à Nozeroy (1952-1957), professeur de théologie à Layrac (1957-1958), supérieur du scolasticat de Valpré (1959-1964), professeur à l’alumnat de Scy (196-4), assistant général à Rome (1965-1969) où il remplace au pied levé le Père Rémy Munsch, un enchaînement de responsabilités qui le trouve toujours aussi disponible, aussi humble, aussi fraternel. Homme de prière, de service et d’accueil (témoignage). Camille est décédé comme il avait vécu le 20 octobre 2003 à 93 ans, discrètement, sans bruit, après avoir aidé un de ses frères rejoindre la salle à manger et plaisanté aimablement avec lui. La plus grande partie de sa vie il l’aura passée auprès de jeunes religieux, comme professeur de philosophie, maître des novices, supérieur de scolasticat, directeur spirituel à Scy-Chazelles, Layrac, Nozeroy, Miribel-les-Echelles, Valpré. Pendant quatre années, de 1965 à 1969, il élargit son horizon en devenant assistant général à Rome, parcourant les continents à la rencontre des communautés. Revenu à Valpré, il y restera encore 25 ans (1969-1994), assumant sa part, et même plus, dans les tâches matérielles liées à l’accueil, de nombreuses directions spirituelles, l’animation d’un foyer de femmes handicapées physiques et mentales pour lesquelles il avait une affection particulière (Institut Sainte-Elisabeth à Lyon-Vaise). Après avoir rejoint Saint-Sigismond, il a gardé cet esprit de service à l’intérieur de la communauté en même temps que des activités extérieures (directions spirituelles, groupes bibliques). Son rayonnement était grand ; tous percevaient en lui un homme bon et à l’écoute des autres. Lors de ses obsèques, célébrées à Saint-Sigismond le jeudi 23 octobre 2003, le Père Marie-Bernard Kientz a résumé ainsi la vie de Camille : « Homme de prière, homme de service, homme d’écoute et d’accueil, apparemment une vie toute simple, souvent à des périodes et dans des situations difficiles, aux moments-charnière des grands bouleversements dans l’Eglise, la société, le monde, comme une parabole assez dépouillée pour laisser transparaître un Autre, assez explicite et documentée pour ne jamais induire en erreur. Au contact de ce genre de disciple, nous-mêmes qui l’avons connu sommes devenus un peu meilleurs… » Images de l’homme. « J’avais 18 ans quand le Père Romain m’a accueilli au noviciat à Nozerov. Sa tâche, à l’époque, n’était pas facile au milieu des 16 candidats qui se sont présentés cette année-là. L’image qui s’est imprégnée en moi depuis lors est celle d’un homme de prière. J’ai toujours devant mes veux son attitude : intense, incandescente. Cet homme en prière, manifestement, était près de Dieu. Je l’ai observé plusieurs fois. Il me fascinait, agenouillé, dépouillé, abandonné entre les mains de Dieu. Et lorsqu’il chantait la préface, tout son corps était habité par la prière. Il nous faisait sourire parfois alors que ses doigts, ses mains bougeaient au rythme de sa voix. Il était tout entier prière. J’aimais aussi chez lui cette sorte d’audace dangereuse encore à l’époque quand on touchait au déroulement strict de la liturgie : il nous aidait à entrer dans le sens de l’office, particulièrement lors des grandes sorties dans la forêt de la Joux ou des sources de l’Ain, en nous lisant la traduction des lectures de Matines. Par ailleurs, toujours dans cette période du noviciat, le dialogue avec lui durant les entretiens personnels ‘rendements de compte’, a su éveiller en moi la confiance…». (D’après l’homélie du Père Marie-Bernard Kientz) En maison de repos à Saint-Sigismond à partir de 1994, le Père Romain, redevenu Camille après le Concile, n’a pas dérogé à sa ligne de conduite et de vie : prière, service, discrétion. Il ne se lie peut-être pas facilement demeure toujours courtois et ne s’attarde pas en bavardages inutiles, laissant son interlocuteur sous le signe d’un fin sourire un peu énigmatique qui n’altère en rien sa détermination. Pour son jubilé de 65 années de vie religieuse à l’Assomption en 1994, il répond en remerciant le Père Claude Maréchal, alors général, de ses vœux : « Quel grand honneur vous me faites de bien vouloir vous associer à mon action de grâce au Seigneur. Ce qui ajoute à mon étonnement, voyant ce chemin parcouru, alors que si je l’avais connu à l’avance, je n’aurais pas eu la folie de m’y engager, c’est de me retrouver là où tout a commencé pour moi il y a 72 ans, quand je suis arrivé à Saint-Sigismond, alors que 8 jours auparavant mes parents et moi-même nous étions dans l’ignorance totale et des alumnats et des Pères Assomptionnistes ! Les plus belles merveilles de Dieu sont intérieures. Elles ne seront reconnues vraiment dans leur envergure réelle que dans la lumière de Dieu. Merci encore à vous, cher Père. Mon vrai merci ne peut s’exprimer que dans la prière que je veux faire pour vous ». Homme pacifié et pacifiant, le Père Camille a jusqu’à la fin de sa vie gardé toute la confiance de ses Frères en ne les surchargeant d’aucun souci personnel.

Bibliographies