Saint-Martin (Jean-Marie) SAINT-MARTIN – 1883-1915

Décembre 1914.
« Chaque année, le Supérieur de la communauté vous offrait les voeux de
bonne fête au nom de tous ses religieux. Les communautés se sont
multipliées cette année-ci,
mais ce sont des communautés d’une espèce particulière. Hélas, les isolés
sont encore plus nombreux qui passeront les belles fêtes de Noël dans la
solitude du cœur, tout en
vivant parmi des grandes multitudes parfois et au milieu du bruit. Pas un,
j’en suis sûr, n’oubliera le Père en regrettant la famille. Depuis
plusieurs jours pour ma part, j’y pense. Que Dieu vous aide à porter les
peines et les joies, les tristesses et les responsabilités de l’heure
présente. Que Dieu protège, fortifie, soutienne vos enfants dans les
oeuvres et dans le service de la patrie auquel un si grand nombre
sont sacrifiés et sanctifiés au sens biblique du terme. Pour moi, j’ai le
sort d’un humble infirmier de la troupe. Je m’efforcerai d’aller passer la
nuit et la journée de Noël avec nos Pères à Bordeaux, si je puis avoir une
permission. Je suis un petit régime pour achever d’extirper une entérite.
Je couche en chambrée. nous formons une communauté de sommeil un peu
gênante!
J’étais habitué à être trop bien!
».
Saint-Martin.

Notices Biographiques A.A

Religieux français. Une vie rongée par la maladie. Jean-Marie Saint-Martin est né le 27 septembre 1883 à Ourde (Pyrénées-Atlantiques). Il fait ses études secondaires dans les alumnats d’Arras (Pas- de-Calais), de 1896 à 1899, et de Saujon (Charente- Maritime), de 1899 à 1901. De bonne heure, il est remarqué par son ardeur au travail, son sérieux, sa piété, la fermeté de son caractère et son allure décidée qui se manifeste en toute chose. En 1901, il se rend au noviciat de Louvain où il prend l’habit le 25 septembre, sous le nom de Saint-Martin qui est également son patronyme. Comme beaucoup de jeunes novices de sa génération, il va achever sa formation religieuse sur les bords de la mer de Marmara, à Phanaraki (Turquie). C’est là qu’il prononce ses vœux perpétuels le 27 septembre 1903. Puis après deux années de philosophie sur place (1903-1905), il est envoyé comme professeur au collège de Varna en Bulgarie (1905-1908). En 1908, il reprend le cours de sa formation en se rendant à Notre-Dame de France à Jérusalem (1908- 1912). Il y est ordonné prêtre le 9 juillet 1911. Mais déjà sa santé donne de sérieuses inquiétudes à ses supérieurs. La première année de son sacerdoce est particulièrement pénible et il se trouve dans un état de fatigue grandissant quand il quitte Jérusalem en août 1912. Après un court séjour dans son pays natal, il est désigné pour le collège de Philippopoli en Bulgarie comme professeur. Là le rejoint l’ordre de mobilisation en août 1914. Incorporé dans le service armé, malgré son état de santé précaire, il réussit d’abord à obtenir une convalescence pour soigner une entérite rebelle. En décembre 1914, il est versé dans un service auxiliaire comme infirmier et il est basé à Saint-André de Cubzac, près de Bordeaux, en Gironde. Il se trouve à bout lorsque l’armée décide de le réformer définitivement. A.A Après quelques jours passés à Bordeaux, il peut se rendre chez une de ses sœurs à Bertren (Hautes-Pyrénées). C’est là qu’il meurt trois semaines plus tard, le 16 mai 1915, à l’âge de 32 ans. Le corps du Père SaintMartin repose dans le cimetière du village natal, à Ourde. Evocation du P. Saint-Martin par le P. Marie-Calixte Bouillon. « J’ai appris par La Croix la mort du P. Saint-Martin et je me suis empressé de faire pour lui les prières de règle. Ce religieux m’était particulièrement cher. Nous avions fait toutes nos études ensemble depuis Saujon en 1899 où nous fûmes alumnistes. Deux compatriotes, deux enfants de Notre-Dame de Lourdes ne devaient pas manquer de sympathiser bien fraternellement et de s’aider de leurs conseils. je le savais très franc, très ouvert, ennemi des lâches complaisances. Je tenais en haute estime son bon sens, son jugement sûr, et j’en profitais pour redresser mes torts et corriger mes défauts. Il avait tout du montagnard, à part la nostalgie. Le côté original, pittoresque des Choses l’attirait, l’Orient devait le ravir à ce premier point de vue, mais surtout à cause des dévouements apostoliques dont il était avide. Son noviciat à Louvain et à Phanaraki fut fervent et austère. Les deux années de philosophie qui suivirent furent par lui considérées comme la continuation du noviciat, selon la recommandation que nous avait laissée le P. Benjamin [Laurès]. Il pratiquait en Carême le jeûne quotidien. La tête, l’estomac, les jambes, tout était solide chez lui; il se fiait à cette force où l’énergie du caractère était pour beaucoup. je le revis à Jérusalem, après ses trois ans d’œuvres à Varna où il avait enseigné les premiers éléments du français à une quinzaine d’enfants. Il se rappelait avec bonheur cette jeunesse qui s’était attachée à lui comme il s’était donné à elle, apportant dans l’enseignement, comme dans ses propres études, beaucoup d’application, de méthode et de clarté, sachant très bien se mettre à la portée de ces petites intelligences. Il me disait quelquefois: ‘je veux rester un enfant toute ma vie. Rapprochez de ce mot ce qu’il vous disait d’une neuvaine à Sœur Thérèse de l’Enfant- Jésus… ».

Bibliographies

Bibliographie et documentation: Lettre à la Dispersion, 1915, n> 168, p. 605-606; n° 175, P. 653-656; 1919, n° 569, p. 271. Du P. Marie-Alexis Gaudefroy, Notice biographique sur le Père Saint-Martin. Lettre du P. Saint-Martin Saint-Martin au P. Emmanuel Bailly, Saint-André de Cubzac, 23 décembre 1914. Dans les ACR, du P. Saint-Martin Saint-Martin, correspondances (1907-1914). Notices Biographiques