Samson (Francois-Marie) GUILLEMAUD – 1852-1923

Nouvelles de Louvain, 1902.
« Je me fais avec plaisir l’interprète des frères convers de la maison de
Louvain pour vous offrir nos meilleurs vœux à l’occasion de la grande fête
de Noël que vous aurez la consolation de célébrer cette année dans la ville
éternelle près du glorieux tombeau des saints Apôtres Pierre et Paul. Nous
avons confiance, mon Père, que par leur puissante intercession, vous
obtiendrez du Christ de nouvel les grâces et bénédictions qui vous aideront
à avancer l’œuvre si nécessaire de notre sanctification que vous avez
souvent recommandée. Voici les principales nouvelles d’ici: tout d’abord
l’ordination du Frère Honorat, le 20 de ce mois, la profession de Frère
Marie-André, pour le lundi 22 décembre. Le nombre des Frères convers a
augmenté depuis votre départ pour l’Orient, nous sommes 13 maintenant. Le
Frère Marie- Dominique, en traitement chez ses parents depuis 5 mois est de
retour parmi nous et paraît avoir une meilleure santé. Le Frère Emile est
cuisinier à Saint-Trond depuis la Toussaint. J’ai appris hier qu’un
alumniste de cette maison est mort de la fièvre typhoïde, en traitement
chez les Frères de cette ville ».

Samson (Francois-Marie) GUILLEMAUD

1852-1923

Religieux de la Province de Bordeaux.

Un arrachement difficile.

François-Marie Guillemaud (1) est originaire de la Bretagne, de Helléan, près de Josselin (Morbihan) où il est né le 20 août 1852. Il a reçu sa première éducation à Hellézan puis chez les Frères de Saint- Gabriel à Ploërmel. L’un de ses frères se fit prêtre séculier, missionnaire au Chili et l’une de ses nièces Oblate de l’Assomption. En 1888, il accomplit un pèlerinage à Jérusalem qui va décider de son orientation vers la vie religieuse. Le 2 février 1891, à 39 ans, il entre au noviciat à Livry où il reçoit l’habit religieux des mains du P. Emmanuel Bailly, sous le nom de Frère Samson (2). Mais il cède bientôt au mai du pays et a la nostalgie de ses origines. Il y reste 6 mois et une autre nostalgie le pousse à revenir au noviciat, décidé cette fois à vaincre l’amour du soi natal. Il prononce ses premiers vœux de religieux convers, le 2 février 1897 et ses vœux perpétuels, le 5 mai 1900. En 1901, il faut quitter Livry, suite aux perquisitions. Le voici en Belgique, à Louvain, où il remplit la même fonction qu’en France, caviste. Tous les novices de cette époque se rappellent avec quelle franchise il s’accuse presque quotidiennement d’avoir cassé une, deux ou trois bouteilles, quelquefois davantage. Il prévoit les remontrances et les plaisanteries pour sa maladresse habituelle. Dès qu’il lève le doigt à l’obéissance, il aperçoit de tous côtés des sourires, mais rien ne l’empêche de refaire sa coulpe, inlassablement.

Volontaire pour la mission au Chili.

Le Frère Samson a le courage en 1904 de se porter volontaire pour le Chili où il va travailler 19 ans. Jusqu’à ses derniers jours, il est chargé de la porterie à Notre-Dame de Santiago. Il est difficile, quand on ne l’a pas vu, de s’imaginer ce qu’est le service de la ‘porteria’ de Lourdes à Santiago.

Chaque année, sans exagération, il y passe des milliers de gens de toute condition pour donner des messes, s’abonner à la revue, accomplir des mandas, demander l’aumône, solliciter un confesseur. Le va-et-vient est continuel les jours de fête et de pèlerinage: la porterie est alors une cohue difficile à gérer où l’on se presse et se bouscule. Dire que le Frère Samson est dans sa loge d’une sérénité imperturbable serait contraire à l’histoire. Aux personnes trop impétueuses, il prêche une patience qu’il lui arrive aussi d’oublier de pratiquer. Mais ce qui peut être rappelé justement, c’est la fidélité avec laquelle il remplit ses fonctions. ‘Sa porte’ est pour lui comme un sanctuaire où il fait ses prières et ses lectures, où il donne de bons conseils et où il distribue des aumônes. C’est la maladie qui finit par l’en arracher et la nostalgie de la porterie abrège ses derniers jours. Il a déjà souffert de deux ou trois attaques qui annoncent un déclin fatal. On l’envoie se reposer dans la paix de Mendoza. Un énorme anthrax se fixe au cou. Il est transporté à l’hôpital de Rengo (10 juillet 1923) où le Père Patrice Jandel lui donne les derniers sacrements. Il meurt le lundi 6 août 1923. Il dort son dernier sommeil dans la chapelle du cimetière des religieux de l’Assomption, à Rengo, sur la paroisse de sainte Anne dont le culte lui était familier. Il repose aux côtés des PP. Théophile Durafour, Stanislas Bébert, Epiphane Beauquis et du Frère Jules Geslin.

(1) Guillemaud est sans conteste le nom correct de ce religieux, lequel a été au cours du temps corrompu en ‘Guillemant ou Guillemand’. Nous avons pour foi le dossier personnel de ce religieux et les signatures de ses correspondances qui ne prêtent pas à confusion.

(2) Samson est le nom d’un gallois, disciple de Saint llitut, à Llantwit Major, dans le Glamorgan. Moine, puis abbé du monastère de Caldey, il se fixe en Cornouailles où il est sacré évêque par saint Dubrice. Il se rend alors en Bretagne pour l’évangéliser et établit sa résidence dans un monastère à Dot. Il est fêté le 28 juillet et a vécu entre 490 et 565. Son culte est toujours célébré en Bretagne et au pays de Galles.

Bibliographies

Bibliographie et documentation: Lettre à la Dispersion 1923, n° 63, p. 477; n° 64, p. 485. L’Assomption 1923, n° 267, p. 152. Lettre du Frère Samson Guillemaud au P. Picard, Louvain, le 19 décembre 1902. Dans les ACR, du Frère Samson Guillemaud, correspondances (1901-1914). Notices Biographiques