Sébastien (Henri-Ferdinand) DESTOMBES – 1903-1968

Un prêtre ‘bouche-trou’.
« Je suis heureux d’aller, aussi souvent que possible, distribuer mes
services et exercer mon ministère dans les paroisses assez dénuées pour
s’en contenter [environs de Lorgues].
J’y fais peut-être du bien. Je m’en fais certainement à moi- même. Il est
réconfortant de ne pas se sentir complètement inutile et de s’arracher un
moment à l’ambiance, déprimante, à la longue, d’une antichambre, fût-elle
celle du ciel.
Pour moi, heureux mortel en hibernation sous le soleil du midi et condamné
à la privation perpétuelle des bénéfiques recyclages, je me fais l’effet
d’une de ces vieilles locomotives d’ancien modèle, mises au dépôt, et qu’on
utilise encore certains jours pour pousser des wagons vides ». Pour lui, la
retraite à Lorgues ne signifie pas inaction. Il
aime se rendre à Toulon chez les Petites-Sœurs de l’Assomption pour y
assurer l’intérim de l’aumônerie, durant l’été.

P. Henri-Ferdinand, 1965, Lorgues.

Sébastien (Henri-Ferdinand) DESTOMBES

1903-1968

Religieux de la Province de Paris.

Une vocation contrariée.

Ilenri-Ferdinand Destombes naît à Armentières (Nord), le 21 mars 1903. Sa mère, jeune veuve, élève ses 4 enfants en tenant un petit commerce au Bizet. Après ses classes à l’école libre Saint-Joseph au Bizet, Henri-Ferdinand entre à l’alumnat de Saint-Maur (Maine-et-Loire), probablement dès sa fondation, de 1915 à 1918, et achève ses études à Vinovo au Piémont (1918-1920). Il entre au noviciat à Saint- Gérard et y reçoit l’habit le 5 novembre 1920 sous le nom de Frère Sébastien. Mais en juillet 1921, une sérieuse fatigue cardiaque, se compliquant de rhumatismes articulaires et d’endocardite, conduit à la décision grave de le renvoyer dans sa famille, sans lui laisser le moindre espoir de retour. Ce refus ne décourage pas l’ex-novice qui se présente, tenace mais sans succès, chez les Oblats de Marie, les Salésiens et les Spiritains. Il finit par être accueilli à la Trappe du Mont des Cats (Nord) en 1922. Mais, nostalgique de l’Assomption, il a l’occasion de rencontrer un groupe de frères théologiens de Louvain venus préparer la réouverture du Bizet en 1924 et s’ouvre à eux de son désir de revenir à l’Assomption. Son compatriote, le P. Marie-Michel Cornillie, intercède auprès du Provincial de Paris, le P. Aymard Faugère pour que son désir soit exaucé en accord avec le Père Abbé du Mont des Cats. C’est ainsi qu’Henri-Ferdinand se présente à Taintegnies pour y commencer le 24 décembre 1924, avec le P. Savinien Dewaele un nouveau noviciat. Il garde cette fois ses prénoms de baptême, Frère Henri-Ferdinand. Le 26 décembre 1925, il fait profession et va entreprendre ses études de philosophie à Saint-Gérard (1925-1927). Il enseigne une année au Bizet (1927-1928) puis suit les cours de théologie à Louvain (1928-1931) où il est reçu profès perpétuel le 26 décembre 1928 et ordonné.

Durant la quatrième année de théologie, en raison d’une grande fatigue, le Fr. Henri-Ferdinand est envoyé au collège de Pontievoy. Il est ordonné prêtre à Lille le 10 juillet 1932, par le cardinal Liénart.

Deux hommes en un.

En septembre 1932, le Père Henri-Ferdinand est nommé au collège de l’Assomption à Nîmes, pour l’enseignement et la surveillance. Il y reste jusqu’en 1938, ‘professeur compétent, disert, très vivant, aimé et respecté’. Curieusement le P. Destombes s’estime incapable d’enseigner et demande son transfert à la province belge pour partir en mission au Congo (1933). Il est repris par des goûts monastiques en faveur de la Trappe (1934), demande l’exclaustration (1936). En 1938, devant la persistance de son dégoût pour l’enseignement, le P. Henri-Ferdinand est muté pour l’alumnat du Bizert et en 1939 affecté au ministère paroissial des Essarts (Seine- Maritime). Autre contradiction entre le jugement de ses confrères qui l’estiment « charmant, jovial, optimiste, affable et courtois, fin pince-sans-rire, maniant l’anecdote avec dextérité, doué du charisme de la bonne humeur » et sa propre opinion sur lui-même, se croyant à charge de la communauté et aspirant à la vie solitaire. Certes homme hypersensible, dramatisant facilement échecs ou difficultés, le P. Destombes va vivre 25 ans en isolé (1939-1964), ne refusant pas la visite de ses confrères, mais gardant avec les religieux de la maison voisine de Saint-Antoine des relations de jalouse autonomie. En décembre 1963, il doit de soigner pour une maladie du foie et se retrouve hospitalisé à la clinique de la Compassion à Rouen. On incrimine son régime alimentaire mal équilibré. En février 1964, une rechute exige une nouvelle hospitalisation à l’Hôtel-Dieu de Rouen. En 1965, il est opportun de le conduire à la maison de repos de Lorgues (Var) où il peut rendre de multiples services paroissiaux dans les environs. En février 1968, il doit être opéré à Marseille d’un cancer à la gorge. Il meurt à Lorgues le 31 mai 1968, après de fréquents séjours dans les hôpitaux marseillais. Ses obsèques sont célébrées sur place. Le Père Destombes est inhumé à Lorgues.

Bibliographies

Bibliographie et documentation: B.O.A. juin 1969; p. 301-303. Notice biographique par le P. Manuel Vandepitte pour Paris-Assomption, 1968, n° 113, p. 27-32. Correspondances ACR (1931-1941). Notices Biographiques