Sévérien (Jean-Pierre-M.-A.) SALAVILLE – 1881-1965

Athènes, 10. 01.1963.
« Il y a longtemps que je songe à vous écrire, après la visite du P.
Provincial [Noël Bugnard], mais j’ai voulu attendre que le P. Nowack vous
ait lui-même écrit. Je sais maintenant qu’il l’a fait et qu’il vous a
exposé sa situation. En septembre, le P. Nowack résidait au lycée léonin
nouvellement bâti des Frères Maristes au quartier de Néa- Smyrni. Il venait
de temps à autre passer avec moi trois heures de la soirée pour finir
certains travaux et examiner les possibilités de collaboration,
conformément aux directives du P. Général. Le P. Elpide [Stéphanou] a
téléphoné un soir pour lui dire de faire place nette à Psychiko. J’ai
admiré le calme avec lequel il lui a répondu, en indiquant ce qu’il faisait
et en rappelant la mission confiée par le P. Général. Malgré son
extrême fatigue, le P. Nowack continue à donner son concours à un groupe
important d’intellectuels orthodoxes. Sa collaboration me manque à
moi-même. Le P. Mondésert des Sources Chrétiennes nous a rendu
visite il y a 15 jours et il insiste pour la réédition avec le texte grec
de l’ouvrage de Cabasilas sur l’Explication de la divine liturgie… ».
P. Salaville au P. Saint- Martin.

Notices Biographiques A.A

Religieux de la Province de Lyon. Un grand ouvrier de l’unité chrétiennes. Né à Servières dans la catholique Lozère, le 29 octobre 1881, Jean-Pierre-Marie -Albert Salaville étudie dans les alumnats de l’Assomption Miribel-les-Echelles (Isère), de 1892 à 1895 et à Brian (Drôme), de 1895 à 1897. Il entre au noviciat de l’Assomption à LM (Seine-Saint-Denis) où il prend l’habit le 8 septembre 1897 sous le nom de Frère Sévérien, il y prononce ses premiers vœux le 9 septembre 1898 et se rend à Jérusalem pour ses études de philosophie (1899-1901). Il prononce ses vœux perpétuels à Jérusalem le 4 octobre 1899, étudie la théologie à Rome (1904-1905), à Phanaraki Kadi-Keuï (1905- 1906) et Jérusalem (1906-1908), trois centres où il apprend à connaître et aimer l’Orient chrétien. Il lui consacre son activité dès qu’il est ordonné prêtre, le 9 mai 1907 à Jérusalem. Il fait deux années dans les maisons d’œuvres de la Mission d’Orient comme professeur à Phanaraki et Koum-Kapou (19011903). On connaît déjà de lui des études en ce domaine parues dans la Revue Augustinienne en 1903, notamment l’Union des Eglises d’après les Orientaux. Dès 1907, le P. Salaville est adjoint à l’institut d’études byzantines et il en est bientôt le directeur, fonction qu’il occupe vingt ans. En cette qualité, il anime son organe de l’époque, les Echos d’Orient, qui contribue le plus efficacement à faire connaître les chrétiens d’Orient, alors si ignorés ou bien si méconnus, à ceux d’Occident. En 1914 il répond à l’appel des armes. Sa frêle constitution le fait verser dans le service auxiliaire dont il est vite libéré. Après un court passage à Rome (1914-1916), il rejoint à Athènes Mgr Petit et y demeure jusqu’en 1920. Avec le P. Gervais Quenard, il fonde en 1922, en vue d’un public plus étendu, la revue Union des Eglises, éditée par la Bonne Presse, connue pour sa riche documentation , son attrayante présentation dont la disparition, à la veille de la deuxième guerre mondiale, est particulièrement ressentie. Le P. Salaville dirige également dès 1908 le séminaire oriental de Kadi-Keuï et y forme des séminaristes qui donnent le témoignage d’une fidélité héroïque à l’Église au temps de l’établissement du communisme dans les pays de l’Est. Nommé à Rome au Collège international de Tor di Nona en 1929, il est distingué dans les hautes sphères des institutions ecclésiastiques et il est choisi comme professeur de théologie orientale à l’Athénée Pontifical Urbain(1932-1940). Il est nommé consulteur de la Congrégation Orientale en 1936 et directeur spirituel au Collège Roumain. Il enseigne ensuite aux Facultés Catholiques de Lyon (1942-1945), en remplacement du P. Martin Jugie. En 1949, il retourne dans son cher Orient, à Athènes, et y fonde un Centre d’Etudes Byzantines. Supérieur de la communauté rue Heptanissou en 1949 et délégué régional pour la Grèce, A.A il lui faut chercher très vite une autre résidence, la maison ne pouvant contenir à la fois l’alumnat, la communauté paroissiale et l’institut. Après bien des démarches, il peut s’installer en 1953 dans un appartement du quartier de Psychiko. Comme savant, il s’intéresse à toutes les branches des études orientales, mais est surtout un spécialiste de la liturgie. Son très long article Eucharistie (Epiclèse) dans le Dictionnaire de Théologie Catholique rend service à de nombreux liturgistes. On ne compte pas moins de 300 titres de livres, articles, notices publiés sous diverses formes et en diverses revues et encyclopédies. On peut d’ailleurs en trouver une première liste dans les Mélanges que lui ont dédiés en 1958 les Etudes byzantines. Le P. Vitalien Laurent, directeur de l’institut à Paris, dans l’article liminaire de ce recueil, présente le P. Salaville dans un triptyque: il le salue comme l’historien des liturgies orientales, comme le héraut de l’unité chrétienne et comme un historien au service de l’apostolat en faveur de cette unité. Empêché dans les dernières années de sa vie par l’affaiblissement de sa vue, de pouvoir continuer son travail scientifique, il n’en continue pas moins cette action douce et forte par sa douceur, des contacts empreints de charité et de respect, que rien n’égale et que rien ne remplace. Dans tous ses écrits, le P. Salaville évite tout ce qui peut offenser ou blesser les Orthodoxes et s’attache à relever ce qui est à leur avantage et ce qui peut mieux aider au rapprochement des esprits et préparer l’union des Eglises. Les Grecs au milieu desquels il a passé une large partie de sa vie et avec lesquels il a de fréquentes relations le tiennent en haute estime et éprouvent pour lui une sympathie souvent manifestée. Il compte aussi de nombreux amis dans le milieu orthodoxe, dont deux hauts prélats du Saint-Synode, Mgr Germain de Sardes et Mgr Gennade d’Héliopolis. Toutes les fois qu’il le peut, le P. Salaville prend part aux rencontres internationales qui promeuvent et favorisent le rapprochement des chrétiens d’Orient et d’Occident. C’est ainsi qu’on le voit à plusieurs Congrès qui se tiennent à Velehrad, le lieu de sépulture de saint Cyrille, apôtre des Slaves, en 1909, 1911, 1924, 1927, 1932, 1936, aux Congrès internationaux des Etudes byzantines à Belgrade (1927), à Athènes (1930), à Rome (1936), à Paris et Bruxelles (1948), à Thessalonique (1953). Dans ce cadre d’activité unioniste, il est nommé en 1937 membre honoraire de l’Académie de Velehrad par Mgr Scepticky, archevêque de Lemberg. Grand serviteur de la cause de l’unité, le P. Salaville accueille avec ferveur les travaux du Concile de Vatican Il en ce domaine. Déjà en 1932, l’Encyclopédie hellénique salue en lui le savant et l’homme d’Eglise fraternel; la notice dit mieux que tout discours les victoires remportées par sa science et son irénisme. « Remarquable par le sérieux de ses recherches et par sa profonde connaissance des Eglises d’Orient, il a publié de nombreux articles de contenu surtout liturgique et philosophico-historique dans les Echos d’orient et l’Union des Eglises et en différentes encyclopédies d’Europe par lesquels non seulement il a éclairé nombre de points obscurs de la longue et glorieuse histoire de l’Eglise d’Orient, mais aussi a débarrassé ses coreligionnaires de beaucoup d’erreurs touchant les personnages et les choses de Byzance et en général de l’Orient ». Le P. Salaville s’est éteint à Athènes le 26 octobre 1965, à l’âge de 84 ans. Il est inhumé le 27 octobre à Héraklion.

Bibliographies

Bibliographie et documentation: B.O.A. janvier 1966, p. 119-120. Assomption 65 n° 5 P. 11- 18. L’Assomption et ses Cluvres, 1965, n° 544, p. Il et n° 545, p. 8- 9. Rhin-Guinée, 1965, n° 64. Du P. Sévérien Salaville, dans les ACR, rapports sur Kadi-Keuï (1911-1914, 1921), sur les Echos d’orient (1913, 1923, 1928-1929, 1935), sur le scolasticat de Tor di Nona (1935), sur la revue Union des Eglises (1923), sur Athènes (1949-1959), sur Lyon (1943-1946), sur l’Institut d’Etudes byzantines à Athènes (1957-1960), correspondances (1903-1963), articles sur l’Union des Eglises d’après les orthodoxes (1903), Léon XIII et l’Orient (1903), Les forêts de chasse des empereurs byzantins (1903), le Cinquantenaire de la Mission d’Orient (1913), l’Archiconfrérie de Notre-Dame de l’Assomption (1914), Eloge de Mgr Petit (1927), l’Apostolat unioniste en Grèce (1962); la Prière pour l’unité du monde chrétien, Bonne Presse, 1944; Conférences pour l’union des Eglises (1927), Liturgies Orientales, Cabasilas (1942-1943), le rôle du diacre dans la liturgie orientale (1961). Revue des Etudes byzantines, Mélanges Salaville 1958 et tome XXIII, 1965, p. 5-6. Catholicisme, 1993, t. XIII, col. 730- Notices Biographiques