Siméon (Matthieu) VAILHE – 1873-1960

Lormoy, 27 déc. 1952.
« Une fois de plus me voici fidèle au rendez-vous. Buon capo d’anno et
buona fine d’anno! A notre âge l’échéance paraît plus longue à arriver!
Ici les choses vont comme dans une maison d’études, mais plus régulière
cette année. On doit avoir un peu plus de 45 étudiants, mais 11 ne sont pas
de la province. André Daems est en Syrie; M.François Péjac souffre de
néphrite et ne marche qu’avec des bâtons. il y a 6 étudiants au service
militaire. On
souffre du froid et surtout de l’humidité, la maison n’est pas chauffée,
car la chaudière a sauté l’an dernier et avec elle tout le système que l’on
n’a pas renouvelé. On y travaille ces jours-ci et on nous assure que ce
sera terminé pour janvier
ou février, pour un coût de 2 millions. Souhaitons que le franc ne
dégringole pas encore et que nous puissions vivre. L’entreprise
Tisserant-Kokel pour la conversion de quelque
400 millions de musulmans semble avoir pris un mauvais départ. Trois ou 4
futurs apôtres nous furent imposés au début de l’été, un y est encore, les
deux autres partis pour Saint-Maximin. Le prieur dominicain nous a informés
que les oiseaux se sont envolés avec la caisse! Les arabicos restent des
arabicos
… ». Au P. G. Ouenard.

Religieux de la Province de Paris, assistant général (1928- 1929). Une figure savante et originale. Matthieu Vailhé est né à Lunel (Hérault), le 19 juillet 1873, troisième enfant d’une famille de quatre. A l’âge de 7 ans, il part avec sa famille pour Montpeyroux, puis à Caumes dans le canton de Lunas (Hérault). En 1887, il se présente à l’alumnat de Roussas (Drôme). De 1888 à 1890, il passe à l’alumnat de Nîmes (Gard) pour les études d’humanités. Le 6 août 1890, le P. Vincent de Paul Bailly lui donne l’habit et le nom de Frère Siméon au noviciat de Livry (Seine-Saint- Denis). Le jeune novice y puise l’amour du P. d’Alzon et de la Congrégation, sous la haute direction du P. Emmanuel Bailly dont il garde le souvenir d’un maître exigeant et éblouissant. Il devient profès annuel le 14 août 1891 à Livry. Le noviciat s’achève avec le P. Ernest Baudouy à Phanaraki (Turquie) par la profession perpétuelle, le 6 août 1892. Dès le mois de septembre suivant, le Frère Siméon est envoyé à Jérusalem pour ses études de philosophie et de théologie (1892-1897). Il suit les cours de l’école biblique des Dominicains où enseigne le P. Lagrange. Le P. Germer-Durand, supérieur de la communauté assomptionniste, passionne les étudiants pour l’histoire et l’archéologie bibliques, les entraînant dans de longues expéditions ou explorations dont on publie ensuite les aventures dans les Echos de Notre-Dame de France. Le Frère Siméon fait paraître en un volume le récit d’un de ces voyages pittoresques: Excursion dans les Montagnes bleues, au pays de Moab, B.P., 1896, 72 p. Il recueille en outre durant ce séjour en Terre Sainte les matériaux de plusieurs articles sur les monastères palestinie,ns qu’il fera paraître plus tard dans les Echos d’Orient et d’autres revues savantes. Le 19 décembre 1896, le Frère Siméon devient prêtre. A la fin de ses études, en septembre 1897, le P. Siméon est affecté à l’équipe du P. Louis Petit au Centre d’études byzantines de Kadi-Keuï (Turquie), malgré son désir d’entrer à la suite du P. Vincent de Paul Bailly dans le journalisme. Rédacteur et secrétaire aux nouveaux Echos d’Orient, il est également professeur d’Ecriture Sainte et d’histoire ecclésiastique. Pour donner l’illusion du nombre, chaque signature est multipliée à l’aide de pseudonymes, qualifiés de noms de guerre, et peu à peu l’atelier de Kadi-Keuï entre dans la notoriété d’un club restreint, celui des revues savantes et hautement spécialisées. Le P. Siméon, devenu membre de l’Institut archéologique russe de Constantinople, collabore à diverses encyclopédies et à la revue des Vies des Saints. Sa prédilection est l’histoire des Eglises orientales avec un penchant marqué pour le monachisme et la géographie. Il donne des centaines de notices sur les sièges épiscopaux de l’Orient ancien. Page :139/139 En juillet 1911, le P. Siméon effectue un voyage en France pour revoir son vieux père, Pierre, dont il reste le dernier enfant en vie. Le Père Emmanuel Bailly, rencontré au pèlerinage national à Lourdes, lui signifie son changement d’affectation pour Rome. Là, le P. Siméon se met à la disposition de son supérieur local, le P. Denys Hutte. Professeur et historien du P. d’Alzon. A la mort de ce dernier en avril 1912, il reçoit en héritage la rédaction de la Vie des saints et constitue une belle bibliothèque pour la communauté. Le P. Emmanuel Bailly, auteur des Notes et Documents sur la vie du P. d’Alzon, laissées inachevées, lui demande de préparer une bibliographie générale de la Congrégation. En août 1914, bloqué à Louvain (Belgique) par l’invasion des troupes allemandes, le P. Siméon se retrouve professeur d’Ecriture Sainte et d’histoire de l’Eglise. En septembre 1919, il peut reprendre son poste à Rome où il est nommé professeur d’histoire à l’Institut Pontifical Oriental, créé par le pape Benoit XV. En 1921, il fait partie durant trois ans de l’équipe capitulaire chargée de la rédaction des nouvelles Constitutions. En 1922, le pape Pie XI confie l’institut Oriental à la Compagnie de jésus, les trois assomptionnistes, les PP. Souarn, Jugie et Vailhé doivent se retirer. En 1921 également commence pour le P. Siméon un autre travail de longue haleine pour lequel sa compétence d’historien critique est tout à fait indiquée: il collationne et recopie toutes les lettres conservées du P. d’Alzon et ses écrits encore inédits. Quand on connaît l’orthographe et la ponctuation capricieuses du Fondateur, on reste confondu devant la quantité de travail que le P. Siméon s’est imposée. De ce chantier captivant, il peut faire publier 3 volumes de lettres, de 1923 à 1927, suivis d’une biographie du P. d’Alzon, écrite de première main d’après les sources originales, en deux volumes dont la parution est espacée entre 1926 et 1934, en raison d’autres travaux confiés à l’auteur. En janvier 1928, le P. Siméon est nommé assistant général pour remplacer le P. Alype Pétrement décédé et le cardinal Rossi lui demande la rédaction de notices pour les sièges épiscopaux titulaires de l’Orient ancien (1712 noms d’évêchés). Pour des raisons économiques, cet ouvrage monumental écrit en latin n’est pas publié mais on en tire un tableau édité en 1933 par le Saint-Siège, sans nom d’auteur! En août 1939, le P. Siméon passe quelques jours de vacances à Castelgandolfo quand éclate la guerre. Il quitte l’Italie avec les étudiants de Rome pour Lormoy (Essonne) où il redevient professeur. En 1944, le P. Siméon peut faire paraître une chronologie de la vie du P. d’Alzon. En 1946, on lui demande de continuer son service d’enseignant en France en attendant qu’un autre religieux plus jeune prenne la relève. Cette attente se prolonge jusqu’en 1955, mais parvenu à 82 ans, le P. Siméon est alors paralysé des deux jambes, ce qui le cloue en chambre jusqu’à sa mort, le 5 septembre 1960. Devenu sourd, le P. Siméon a gardé toute sa verve et sa lucidité presque jusqu’aux derniers jours. Atteint de congestion pulmonaire, d’urémie, il est administré le 28 août. Ses funérailles sont célébrées à Lormoy le jeudi 8 septembre. A l’issue de la cérémonie religieuse, a lieu l’inhumation au cimetière de Longpont, à l’ombre de la basilique de Notre-Dame de Bonne- Garde. Page :140/140

Bibliographies

Bibliographie et documentation. B.O.A. octobre 1961, p. 145. Lettre à la Famille, 1960, n° 298, p. 430-431; 1961, n° 316, p. 103-110. Le P. Siméon Vailhé a eu une intense activité rédactionnelle concernant les écrits du P. d’Alzon. Il a classé, copié intégralement toutes les correspondances du fondateur, édité trois volumes des lettres correspondant aux années 1822-1850 (Paris, Bonne Presse, 1923-1926), ce qui lui a permis ensuite d’écrire une biographie du P. d’Alzon en 2 volumes (Bonne Presse, 1926 et 1934) et de dresser des catalogues ou sommaires des écrits du Fondateur. On lui doit de nombreuses notes intéressant les écrits ou les faits de vie du P. d’Alzon, une Chronologie de la vie du P. d’Alzon (1946), des études et articles divers sur l’Assomption, des éphémérides sur le chapitre de 1921, un roman ‘La Perte de Jérusalem, (1925), des poésies, une biographie de Mgr Petit (1927), une recension des sièges épiscopaux titulaires, une importante correspondance (1892-1957). Pour son activité orientalistecf Darrouzès et Failler, Tables générales des Echos d’orient, Paris, 1986, p. 76-78 et Revue des Etudes Byzantines, 1960, t. XVIII (bibliographie du P. Vailhé).