Simon (Jean-Louis) DUPERRIER
1853-1882
Religieux français.
Immergé au large des côtes de la Corse.
Jean-Louis Duperrier est né le 13 septembre 1853 à Queige, petit village dans la vallée de Beaufort-sur Doron, en Savoie au diocèse de Tarentaise. On sait seulement qu’il est postulant à Notre-Dame des Châteaux (Savoie) à l’âge de 20 ans (1873). Le P. d’Alzon qui l’a connu personnellement aux Châteaux en parle avec tendresse. Jean-Louis, sous le nom de Frère Simon, va à Paris, rue François ler, pour faire son noviciat (1873-1877). Selon l’usage, il prononce ses premiers vœux pour une durée de trois ans en septembre 1877 et les renouvelle pour trois ans le 19 juin 1881. Déjà, durant cette période, sont signalées ses difficultés de santé, d’origine pulmonaire. La communauté de Paris est son port d’attache, même en novembre 1880 où, avec trois religieux il est constitué gardien des lieux désertés et mis sous scellés, la chapelle de la rue François 1er notamment. Il obtient la faveur de pouvoir participer au premier pèlerinage organisé par les Assomptionnistes en Terre Sainte, dans la perspective de demander sa guérison. Le P. Picard l’a averti: « Vous n’en reviendrez pas » à quoi le Frère Simon répond: « je consens à ce sacrifice ». Le Père Picard ne peut qu’ajouter: « Réfléchissez, priez et dans quelques jours vous me donnerez votre réponse ». Il s’embarque le 27 avril 1882 à Marseille, sur le Picardie. Fort dévoué et oublieux de lui-même, il se montre, pendant toute la durée de ce pèlerinage difficile et fatigant, fidèle à sa réputation. Un pèlerin manque de matelas, le Frère lui prête le sien et passe la nuit sur les dalles. La conséquence de cet acte de charité se fait ressentir sur sa santé. Il meurt sur le bateau, au moment du retour, le mardi 6 juin 1882. Il n’a que 29 ans. Son corps est immergé à la hauteur des côtes de la Corse, selon les lois de la navigation.
Victimes lors de ce premier pèlerinage.
Le Frère Simon n’est pas le seul ou le premier à n’avoir pu achever ce pèlerinage à Jérusalem. Nous lisons en effet d’après les chroniques parues dans Le Pèlerin qu’à bord du Guadeloupe, pour le trajet du retour, est d’abord décédé de congestion l’abbé Célestin Roueche, curé de Chèvremont près de Belfort, qui se serait imprudemment exposé au soleil, tête nue, à plusieurs reprises. C’est au tour ensuite de l’abbé Viros, du diocèse de Bordeaux, mort d’anémie et d’épuisement, malgré les conseils de modération que lui donnent ses confrères. Sur le Picardie, on compte également deux décès, celui de l’abbé Gilbert Laurent, vicaire à Montluçon (diocèse de Moulins) et le Frère Simon. La fin du pèlerinage est célébrée le mercredi 7 juin pour le premier bateau (Guadeloupe) et le lendemain 8 pour le second (Picardie) par une cérémonie ultime à Notre-Dame de La Garde, où l’on monte malgré un violent mistral. Le P. Emmanuel Bailly et le P. Picard font le récit des principaux faits de la traversée. Les malades sont soignés à Marseille. Un autre prêtre, l’abbé Vincent, curé d’Aboncourt (Franche-Comté) meurt chez les Frères de Saint-Jean de Dieu à Marseille, ne pouvant rejoindre sa paroisse. Ce premier pèlerinage est composé de 1.000 personnes dont 400 prêtres, les 6 suivants se limitant à environ 400. Tous les diocèses de France se trouvent représentés et, à l’issue de chacun des pèlerinages, un récit en est publié. Avant la construction de l’hôtellerie de Notre-Dame de France à Jérusalem, les pèlerins se contentent, pour dormir, de tentes sur le mont Carmel et des couvents des Franciscains ‘Casa Nova’ à Jérusalem. Le P. Marie-Jules Chicard est à l’origine du chant-départ qui scande les pèlerinages:
‘Il faut partir, tel est le cri d’alarme. Reçois, chère Sion, une dernière larme; il faut partir, tel est le cri d’alarme.
Encore une prière! En quittant le Saint-Lieu. Plutôt que t’oublier, s’éclipse la lumière, Jérusalem, adieu’.
Bibliographies
Bibliographie et documentation: L’Assomption 1904, n° 93, p. 139-141. Notice biographique par le P. Marie-Alexis Gaudefroy. Lettres d’Alzon t. XIII (1996) p. 446. Lettres d’Alzon, t. X (1994) p. 374 et n. 1; t. XI (1995), p. 200 202, 293; XII (1995) p. 433, 434 et 435 n. 1, 437. Les principaux faits de ce premier pèlerinage à Jérusalem au cours duquel meurt le Frère Simon sont racontés dans la revue ‘Souvenirs’, année 1882, mais également dans Le Pèlerin. Pages d’Archives, avril 1961, n° 13 (L’Assomption à Jérusalem par G. Quenard). Notices Biographiques