Stefan (Ludovic) SOCACIU – 1906-1991

Vultureni, 1977.
« Je vous envoie ces lignes
avec beaucoup de retard, car je suis parti à la recherche du P. Serinde.
C’est par vous que j’ai su que le Père était gravement malade et je n’ai
pas eu de
paix jusqu’à ce que je l’ai visité. Après quelques investigations, j’ai
découvert qu’il se trouvait dans son village natal, dans la Vallée du Jiu.
Je suis resté quelque temps auprès de lui, il est vraiment très malade mais
aussi tout joyeux. Il ne se laisse pas abattre par la souffrance. J’ai
beaucoup travaillé à l’embellissement de la grotte de la Madone du
Bradet que le Père lui-même a restaurée: elle est très belle et est
redevenue un lieu de pèlerinage. Elle se trouve dans un site très
pittoresque. Chaque jour j’ai aidé le P. Berinde à s’habiller le matin, à
se déshabiller le soir. Je le chausse et le déchausse, les lacets étant
trop serrés ou trop lâches, mais jamais comme il faut. Tout cela nous
détend, car le Père est bon. Je l’ai quitté à regret, le laissant aussi
malade qu’à mon arrivée. Il a l’intention de retourner à Craiova dès que le
froid commencera. Comment vat-il se débrouiller là-bas, tout seul
? Ici, c’est l’automne, il fait froid et pluvieux. L’hiver frappe à notre
porte ».

Notices Biographiques A.A

Religieux roumain de la Province de France. Une vie dans le silence, le service et l’isolement. Né le 23 septembre 1906 à Vultureni en Roumanie, de parents bons chrétiens, Stefan Socaciu (1) est le quatrième de neuf enfants. Après l’école primaire, il suit les cours de l’école des Arts et Métiers de Cluj et devient maître menuisier, ce qui lui permet d’occuper un poste de professeur dans une école secondaire de Cluj où il enseigne aussi le dessin. Esprit religieux, il n’est pas attiré par la vie du monde. En 1939, il frappe à la porte du noviciat assomptionniste de Beius. Il y est reçu par le P. Austin Treamer qui, malheureusement, doit quitter la Roumanie à cause de la guerre. Le Frère Stefan poursuit son noviciat, commencé à Beius le 8 février 1941, avec le P. Maxence Peyron et finit son temps de probation religieuse à Blaj où il prononce ses premiers vœux, le 18 février 1942. Durant plusieurs années, il se dévoue à la Casa Domnului de Blaj. Il fait de tout, du jardinage, de la cuisine et surtout, il embellit avec goût la chapelle et la maison. Il aime la vie commune, y entretient le bon esprit, la joie et l’humour. Transféré à Bucarest, probablement en 1944, il y continue son dévouement discret et intelligent. Le P. Marie- Alype Barrai, supérieur de la communauté, a de nombreuses relations avec beaucoup de gens. Le Frère Stefan sait les accueillir avec le sourire et se lie d’amitié avec nombre d’entre eux, surtout avec le peintre Irachie, devenu prêtre vers la fin de sa vie. Il est apprécié aussi par le P. Vitalien Laurent et les autres religieux de l’Institut byzantin, passé à Bucarest en 1937. Il prononce ses vœux perpétuels le 25 décembre 1945. En 1948, la suppression de l’Eglise unie met fin à l’apostolat assomptionniste de Bucarest. Les Pères de l’Institut byzantin sont expulsés. Pour éviter la confiscation des deux maisons de Bucarest, le P. Barrai les cède à la Croix-Rouge, A.A réservant le sous-sol de l’institut byzantin pour les religieux. Le Frère Stefan s’y trouve, rendant toujours de bons services. Les Assomptionnistes roumains, dispersés s’y rendent de temps en temps. Quand le P. Barral est lui-même expulsé, le Frère Stefan y reste avec le P. Emile Jean jusqu’en 1951, puis il se retire dans la maison paternelle à Vultureni. Après la mort de ses parents, il y reste avec une de ses sœurs veuve et la famille de sa fille. Il les aide aux travaux des champs et de la maison. Il loge dans une petite bâtisse à part, où il arrange comme un musée, avec des tableaux du peintre Irachie, en particulier un grand tableau de deux mètres représentant le P. d’Alzon, vieux, debout, le camail sur la tête et un gros livre en main. Le Frère Stefan collectionne aussi de vieux livres, de la poterie ancienne et d’autres objets d’art. Même des professeurs universitaires de Cluj visitent son musée. Il vit en bonnes relations avec les prêtres orthodoxes du voisinage et embellit leur église. Tous les gens du village le respectent. Pour la messe, il se rend dans les églises de rite latin. Entre temps, jugé apte pour le sacerdoce, il commence à étudier la théologie. Vu ses bonnes dispositions, il est présenté à l’ordination, conférée le 14 septembre 1978 par l’évêque, Mgr Todea Alexandru, devenu depuis cardinal, logeant à l’époque à Reghiu. Le jour même, le P. Bernard Steff conduit le nouveau prêtre dans sa famille où il est reçu avec grande joie. Son musée devient chapelle et il y célèbre chaque jour la messe. Il ne prêche pas par la parole mais par la manière de célébrer: toute son attitude est une prédication. La santé du Frère Stefan n’est pas bonne. Il supporte de nombreuses migraines sans se plaindre. Ses faiblesses augmentant, il doit être hospitalisé à plusieurs reprises. Ses neveux ayant acheté un appartement à Cluj, il s’y transporte et il est soigné avec affection par sa famille. De temps en temps, il peut être visité par des religieux de passage, PP. Dehouck et Maurice Laurent. Il meurt le 15 juillet 1991, à l’âge de 85 ans. Il est inhumé le 17 dans le cimetière de Vultureni, près de l’église. (1) On trouve aussi comme prénom Ludovic, qui pourrait être celui de sa profession religieuse. Stefan est également le prénom de son père.

Bibliographies

Bibliographie et documentation: Documents Assomption, Nécrologe (V) 1991-1993, p. 33-34. Assomption-France, Nécrologie année 1991, p. 220-221. Lettre du Frère Stefan Socaciu à Sceur Marie-Alexandrine Bora, Oblate de l’Assomption, Vultureni, 21 septembre 1977. Notices Biographiques