Stéphane ROUSSEV – 1858-1883

Kavagatch, 1883.
«Notre orphelinat Saint- Joseph a passé lui aussi par bien des épreuves. Un
de nos plus anciens religieux de la mission (a),atteint d’une paralysie
progressive depuis le jour de l’an, nous a quittés pour une vie meilleure
au
mois de juin dernier. Un jeune clerc du rite oriental (b), qui désirait
travailler a la conversion de ses frères dans notre Congrégation, s’est
éteint entre nos bras dans les meilleurs sentiments de foi, après avoir eu
la consolation de prononcer ses voeux de religion sur son lit de mort et en
laissant par écrit à ses parents sa dernière volonté: leur prompt retour à
l’Eglise catholique. Quelques-uns de nos enfants, recueillis pendant la
guerre russo-turque (c) et à qui nous avions donné avec l’assistance
corporelle l’aumône souverainement plus précieuse de la foi, sont allés
recevoir dans le ciel la récompense de leurs souffrances et de leurs
douleurs. L’un d’eux, mépris
même de tous ses camarades à cause de ses infirmités, mais plein de pitié
et de résignation, a fait la mort la plus
édifiante». P. Pierre
Descamps.
(a) Léon Cusse
(b) Stéphane Poussev
(c) guerre de 1878-1879.

Notices Biographiques A.A

Religieux bulgare, profès in articulo mortis. Un religieux quasi-inconnu. Nous ne possédons sur le Frère (1) que des renseignements fragmentaires. Il est dit dans la collection des Souvenirs (1895): « Le P. Antoine [Silbermann] a la bonté de nous faire remarquer que, jusqu’ici, nous avons écrit dans notre nécrologe, Stéphan Essel, au lieu de Stephan Rousseff, mort le 29 juin 1883, âgé de 25 ans… Stephan Rousseff, natif de Maleo Tirnovo (Bulgarie) était sous-diacre et avait fait ses études à la Propagande [Rome]. Renvoyé en Orient pour cause de santé, il rendit quelque service à Philippopoli et mourus à l’hôpital d’Andrinople, où il prononça ses vœux in articulo mortis ». Rétrospective sur Andrinople/Karagatch, année 1883. Nous extrayons d’une lettre-circulaire du P. Pierre Descamps, datée de Karagatch du 31 janvier 1894, quelques renseignements sur la vie et l’œuvre des Religieux de l’Assomption à cette époque: « La mission des Pères de l’Assomption d’Andrinople a fait cette année un pas de plus vers le but queue se propose: le retour des Orientaux à l’unité catholique. Un de nos religieux, bulgare latin, a passé au rite slave (2). Un de nos Frères de Philippopoli(s) est venu se faire ordonner prêtre selon le même rite, dans notre chapelle (3). Ce sont là, on peut le dire, les deux événements principaux de l’année. Etant surtout ici pour travailler au retour des Orientaux, nous n’avons l’espérance de réussir qu’en allant vers eux. Si nous les attendons, les préjugés séculaires qui les retiennent loin de la vérité, les arrêteront toujours. Nous avons donc fait, avec l’approbation de la Sacrée Congrégation de la Propagande, A.A ce pas qui répond au désir si hautement exprimé par le pape Léon XIII pour la conversion des Orientaux. Mais nous commençons seulement. Nous ne possédons pas même notre chapelle de rite oriental, attendant touts les jours les ressources qui nous permettront de la faire. De plus les épreuves, les souffrances, les impossibilités même de cette année ont été là pour nous dire sans cesse: vous ne faites rien, c’est le Seigneur qui fait tout. Servi inutiles sumus. Notre école d’Andrinople nous donne sans contredit de grandes espérances. Elle nous met en contact avec la partie grecque de la ville dont personne ne s’occupe. Mais quelle patience ne faut-il pas pour continuer cette œuvre ! A quelle résistance ne devons-nous pas nous attendre! Les Russes, qui travaillent aussi ce pays, viennent d’ouvrir pour les Bulgares un grand gymnase ou séminaire dans un bel emplacement. Les étairies grecques, qui possèdent d’abondantes ressources, ont établi depuis deux ans de nombreuses écoles dans les divers quartiers de la ville. Si nous obtenons un jour ou l’autre quelque bon résultat, nous ne serons pas tentés de l’attribuer à l’efficacité de nos moyens. Ajoutons que, pendant toute l’année, les religieux chargés de cette école ont dû parcourir deux fois par jour, et les trois quarts du temps à pied, six bons kilomètres pour aller faire la classe en ville et retourner le soir à la maison de Karagatch. C’était dur, surtout les jours de mauvais temps. Aujourd’hui la maison est constituée distincte de celle de Karagatch. Il y aura moins d’héroïcité, sans doute, mais l’école y gagnera, nous le ressentons dès maintenant. Par ordre du P. Picard, le P. Galabert, supérieur de notre mission en Bulgarie, réside pour le moment dans cette maison …. ». (1) Les transcriptions de son nom sont multiples: Rousseff, Roussef, Roussev. (2) Il s’agit du P. Francesco Schiskov (1850-1929), passé au rite slave le 10 décembre 1883. (3) Il s’agit du Frère Jacques Chilier (1839-1896), profès perpétuel en octobre 1863 qui rejoint Philippololi cette même année, pour venir en aide au P. Galabert. Mgr Petkov lui demande d’accepter le sacerdoce: le Frère Jacques est ordonné diacre dans le rite slave, le 22 septembre 1883 et prêtre le lendemain. Il est ainsi le premier Assomptionniste prêtre de ce rite.

Bibliographies

Bibliographie et documentation : Souvenirs 1895, no 234, p. 322-323. Notice biographique par le P. Marie-Alexis Gaudefroy. Lettre du P. Pierre Descamps sur l’organisation de la mission à Karagatch, janvier 1884. Notices Biographiques