Symphorien (Elie) TERRAZ – 1872-1944

Varna, 1904.
« Il y a quelque deux mois, je vous adressais une lettre audacieuse
demandant tout simplement le Catéchisme en images, sous prétexte que ce
serait très bien pour nos enfants catholiques. Je ne sais si j’ai eu alors
la conscience bien nette de mon indiscrétion, mais j’ai jeté
la lettre à la poste en ne réfléchissant pas sur la gravité de mon péché.
Puis j’ai eu du remords en me reprochant d’avoir signé une telle demande.
Mais le P. Vincent de Paul est aussi charitable que son saint patron,
sollicité de tous les côtés! Voilà que deux mois après, la poste nous remet
un avis de colis postal à retirer. C’est curieux quand même comme on répond
vite à la Bonne Presse! Vous ne pouvez vous faire une idée combien nous
sommes contents, même si
à la douane de Varna on ne reste jamais moins de 4 heures, même pour un
petit colis! Quand on
me demanda de déclarer le contenu, je déclarai sans sourciller que
c’étaient des almanachs. Grâce à vous, le catéchisme entre maintenant par
les yeux et par les oreilles de nos enfants et il n’en sort plus.
Je fais réciter à votre intention la prière avant et après l’instruction
religieuse. Grand
merci, bon et charitable Père! ».

Religieux de la Province de Paris. Résumé biographique. Elie Terraz, frère du futur Père Marc et cousin du Frère Humbert, est né le 20 février 1872 à Notre- Dame du Pré (Savoie), en Tarentaise. Il connaît la vie de l’alumnat à Notre-Dame des Châteaux (1886- 1889) et achève sa formation à l’alumnat de Nîmes (Gard), de 1889 à 1890. C’est au noviciat de Phanaraki (Turquie) qu’il prend l’habit le 15 août 1891, sous le nom de Frère Symphorien et la conduite du P. Ernest Baudouy. Il y prononce ses premiers vœux, le 15 août 1892. Envoyé aux études à Notre-Dame de France à Jérusalem (1893-1898), il y est reçu à la profession perpétuelle, le ler novembre 1893 et ordonné prêtre par Mgr Appodia, le 17 septembre 1897. Tout jeune prêtre, il est envoyé à la mission de la Nouvelle-Orléans, aux U.S.A., auprès des noirs à évangéliser (1898-1900). Il revient à la mission d’Orient dans différents postes: Gallipoli (1900-1902) et Eski-Cheir (1902- 1903) en Turquie et Varna, en Bulgarie (1903- 1905). Sur l’avis de ses supérieurs, il est envoyé de nouveau aux U.S.A., New York (1905-1919). Il y sollicite et obtient sa pleine naturalisation de citoyen américain, possédant bien la langue anglaise (1911). Cette naturalisation ne lui évite pas les tracas de la première guerre mondiale. Le P. Symphorien est mobilisé une première fois à Chambéry (Savoie), du 15 août au 3 novembre 1914, à titre d’infirmier. Il peut retourner à New York en décembre 1914. Remobilisé une seconde fois au titre de la loi Dalbiez, il est rappelé en France en février 1916 et il est affecté comme infirmier militaire dans un hôpital lyonnais (juin-décembre 1916). Mis en sursis d’appel, il regagne New York le 25 janvier 1917. De New York, il passe en 1919 au noviciat de Notre-Dame de Lumières (Vaucluse), de 1919 à 1920. Page : 41/41 Son obédience suivante le conduit en Belgique à Taintegnies (1920-1921), puis à Zepperen (1921) où il est professeur d’anglais. Au moment de la création des Provinces en 1923, il fait le choix de la nouvelle Province de Paris, tandis que son frère, le P. Marc est affecté à celle de Bordeaux. Leur neveu, le P. Donatien Terraz, reste, lui, dans la Province de Lyon. Après deux années passées à Zepperen (1921-1923), le P. Symphorien reprend du service en Amérique, mais cette fois au collège de Worcester (1923-1930). Son dernier poste est pour Davézieux (Ardèche) où il est nommé à partir de 1930. Il est chargé d’inculquer aux jeunes alumnistes les premiers rudiments de la langue anglaise. Comme cette tâche ne suffit pas à remplir les journées d’un vétéran des missions d’Orient et d’Amérique du Nord, il consacre une bonne partie de ses temps libres à la paroisse de Davézieux, laissée sans curé depuis 1930. L’évêque de Viviers souhaite d’ailleurs que cette paroisse soit desservie par les religieux de l’Assomption, venus établir un alumnat sur la commune en 1927. Le P. Symphorien donne la description des lieux en 1933. « Davézieux se trouve situé sur un plateau en bordure de la rive droite du Rhône. Plus de 20 villages sont éparpillés sur ce plateau de 20 km d’étendue. Quand le temps est clair, on aperçoit très nettement à lEst la cime immaculée du Mont Blanc, les Alpes de Savoie, les montagnes du Dauphiné qui, à cette saison de l’année, sont couvertes d’une neige éblouissante… Au milieu de ce plateau, dans une cuvette des mieux réussies, se cache la ville d’Annonay, une véritable évocation de quelque vieille cité orientale. Vous verrez là des maisons de 400 ans au moins, construites par des maçons qui ignoraient l’usage du fil à plomb. On se demande comment les murs tiennent encore debout. Pourquoi Mer en Italie voir la tour penchée de Pise? Venez à Annonay, vous verrez des maisons penchées par centaines et, à certains endroits même, d’énormes madriers tendus au-dessus de votre tête à travers la rue, étayant des maisons qui menacent de s’écrouler sur la tête des passants … ». Le P. Symphorien meurt à Davézieux le samedi 28 octobre 1944. Il y est inhumé le lundi 30 octobre, jour même du décès d’un autre religieux de la maison, le Frère Jean-Baptiste Lagarde. Page : 42/42

Bibliographies

Bibliographie et documentation: Nouvelles de la Famille occupée, 1944, n° 39, p. 1. Lettre du P. Symphorien Terraz au P. Vincent de Paul Bailly, Varna, le 27 décem- bre 1904. Dans les ACR, du P. Symphorien Terraz, correspondances (1898-1933).