Tanguy (Yves-Marie) JOINTER – 1912-1987

Une passe difficile.
« Il n’est pas d’usage qu’un religieux présente sa démission, mais il peut
remettre sa charge à un Supérieur, si au jugement unanime elle ne peut que
dégénérer entre ses mains. De fait, le P. Girard-Reydet ne
m’a pas caché, dès la première minute, que l’on suspectait la sûreté de
lecture des manuscrits et le bien-fondé de nos nihil obstat. Il m’a dit
également que l’édition avait fortement dévié de la ligne Bonne Presse, Mon
service est aussi en déficit, de 110 millions, et mes nouveautés en sont
sans doute responsables pour une part. En outre la direction me reproche
d’avoir surpris sa bonne foi en portant de l’un à l’autre les problèmes
d’édition à résoudre. Je n’avais pas tellement défendu les intérêts de la
maison, du
moins je les ai compromis par mes imprudences. Elle a encore bien d’autres
griefs que je sens et qu’il m’est difficile d’exprimer. Un statut de
l’édition a été établi, lourde machine administrative de deux conseils
composés chacun de 6 membres.. Je pense qu’à esprit nouveau, à méthodes
nouvelles, il faut un homme neuf. L’affaire Michel de Saint Pierre a
cristallisé cette année d’incompréhension mutuelle…».

Religieux de la Province de France, Provincial de Bordeaux (1958-1964).

Jeunesse et formation.

Yves-Marie Jointer est né à Paris, le 8 avril 1912, dans une famille originaire du Trégor (Bretagne) auquel et à laquelle il reste toujours très attaché. Il suit les cours à l’école communale de Lanmeur jusqu’en 1923 avant d’entrer à l’alumnat de Saint- Maur (Maine-et-Loire) où il est scolarisé de 1923 à 1926. Il accomplit ses humanités à Arras (1926- 1927) et à Clairmarais (Pas-de-Calais), de 1927 à 1928. Le 28 octobre 1928, il prend l’habit religieux au noviciat de Scy-Chazelles (Moselle), sous le nom de Frère Tanguy. Il y fait sa première profession le 29 janvier 1930. Suivent deux années au scolasticat de Saint-Gérard en Belgique (1930-1932) et une année d’enseignement à l’orphelinat de Toulouse (Haute-Garonne). En 1933, il commence sa théologie à Lormoy (Essonne), est admis à la profession perpétuelle le 21 novembre 1934. Il est ordonné prêtre le 21 février 1937.

Enseignement et Presse (1937-1958).

Le Père Tanguy fait ses débuts apostoliques dans l’enseignement à l’alumnat d’humanités de Cavalerie (Dordogne) pendant deux ans (1937-1939). De 1939 à 1949, il est professeur de seconde au collège Saint-Caprais d’Agen (Lot-et-Garonne). Il est alors nommé directeur des Editions de la Bonne Presse qui, rebaptisées Editions du Centurion, prennent un nouvel essor. M. Monnin, Président-Directeur général de B.P., témoigne du bon travail du P. Tanguy: « je conserve de lui le souvenir d’un esprit gai et distingué, d’un homme discret, d’une parfaite courtoisie, avec lequel il était facile de travailler ». A l’automne 1956, le P. Tanguy est envoyé à Rome pour créer l’édition française de l’Osservatore Romano. Revenu à Paris quelques mois après, il est chapelain de Notre-Dame de Salut,

rue François ler. Au cours de l’été 1957, il est nommé supérieur du collège d’Agen. Saint- Caprais est alors un établissement quelque peu poussiéreux et vieillot où le P. Tugdual Tréhorel n’a pu mener à la fois le combat pédagogique et la rénovation des lieux. Le P. Jointer et son ami, M. Gauthier, décident la toilette et le rajeunissement du collège.

Provincial de Bordeaux (1958-1964).

En 1958, le P. Tanguy est nommé Provincial de Bordeaux: cette Province compte à la veille du Concile de Vatican II 373 religieux dont 240 prêtres, 87 frères de ch?ur et 46 coadjuteurs. Le noviciat est commun aux Provinces françaises (Pont-l’Abbé d’Arnoult), de même le scolasticat de philosophie (Layrac). L’enseignement tient une grande place dans les oeuvres de la Province, avec 3 collèges (Agen, Tarbes, Toulouse), avec 2 orphelinats (Toulouse, Kerbernès), avec une maison pour enfants et apprentis à Madrid, avec une maison de vocations tardives (Blou) et avec 6 alumnats (Cahuzac, Melle, Saint-Maur, Cavalerie, Elorrio en Espagne, Eugenopolis au Brésil). Les secteurs paroissiaux sont urbains (Angoulême, Caudéran, Fumel, La Rochelle, Melle, Madrid, Barcelone, Suquets, Eugenopolis et Neropolis). Une vingtaine de religieux de l’Ouest travaillent aux O.G.F. Le P. Jointer fait construire une nouvelle résidence provinciale à Bordeaux-Caudéran, dotée d’une belle chapelle (1962). Ces années bordelaises sont pour le P. Tanguy celles du temps de l’âge mûr, du temps des décisions et d’une certaine solitude. Il se trouve aussi partagé entre la nécessité de prendre des décisions audacieuses et l’inconfort d’accepter des situations inachevées.

Nouvelles racines 1964-1987).

En 1964, le P. Tanguy est nommé supérieur de Cahuzac (Gers). L’alumnat est fermé en 1967, la communauté se consacre exclusivement au ministère paroissial. Entre 1969 et 1971, le P. Tanguy redevenu P. Yves, réside à Lormoy où le scolasticat est devenu maison de retraites spirituelles. Il passe ensuite deux années au Canada, à Cap Rouge, où l’Assomption partage un séminaire avec d’autres Congrégations. A son retour durant l’été 1973, il est nommé aumônier des Petites S?urs de l’Assomption, à Paris rue Violet. Le P. Yves trouve la mort en janvier 1987, accidentellement, sur la route: depuis une semaine, une vague de froid sévit sur l’Europe. Le P. Yves et son ami de toujours, M. Prosper Gauthier, sont sans doute surpris par une plaque de verglas, le samedi 17 janvier 1987, à Saint-Félix de Lauraguais (Haute-Garonne). Les obsèques de ces vieux amis que la vie et la mort ont réunis pour toujours sont célébrées en l’église Notre-Dame de Mazamet (Tarn). Le corps du P. Yves est porté à Layrac, le 21 janvier, date de l’inhumation dans le caveau de l’Assomption au cimetière de Layrac.

Bibliographies

Bibliographie et documentation: Documents Assomption, Nécrologe (IV) 1987-1990, p. 2-3. Assomption-France, Nécrologie, année 1987, p. 124-125. Voulez-Vous? (bulletin de Layrac), 1987, n° 139, p. 14-23. Lettre du P. Yves Jointer au P. Wilfrid Dufault, Paris, 21 octobre 1955. Dans les ACR, importantes correspondances du P. Yves-Tanguy Jointer (1940-1964), rapports sur la Province de Bordeaux (1958-1964), sur la Mission au Brésil (1960), articles dans L’Echo de Notre-Dame de Cahuzac (1964-1968), rapports de visites canoniques des maisons (1958-1964).