Tharcisius (Pierre-Georges) SANTU – 1910-1991

Paris, 1960. « Le P. Provincial
[Paul Charpentier] m’a transmis votre lettre d’obédience pour Javel.
Permettez-moi d’abord de vous dire toute ma joie pour le travail
apostolique que nous avons pu faire à Sèvres grâce aux décisions de la
Congrégation, nous établissant en plein milieu ouvrier, dans
la pauvreté, nous permettant une action missionnaire très en liaison avec
l’effort de toute l’Église. Ma joie est grande encore de savoir qu’il m’est
possible de partir sans regarder en arrière, car la continuation est
doublement assurée. C’est confiant que je pars à Javel, non à cause de mes
capacités – vous savez ce que je pense à mon sujet – mais parce que le
Seigneur doit être présent là où vous m’envoyez et que l’œuvre de Dieu doit
être faite. Les découvertes faites à Sèvres, les horizons rnontrés doivent
m’aider dans ma nouvelle tâche. Il est certain que la chrétienté
rencontrera de grosses épreuves dans les années à venir. Il faut l’aider à
être fervente pour la préparer à les surmonter. D’autre part ce n’est pas
en ghetto que le Royaume de Dieu s’établira et l’élan missionnaire donné
par
le P. Marie-Michel [Cornillie] doit s’intensifier. Mon plus grand désir est
de ne faire qu’un dans la joie, la fraternité et la ferveur avec les
autres».

Notices Biographiques A.A

Religieux de la Province de France. Curriculum vitae. Pierre-Georges Santu est né le 17 mai 1910 à Paris. Il commence ses études au Lycée Condorcet jusqu’à la classe de seconde et les complète, après le service militaire, à la maison des vocations tardives de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), de 1933 à 1934. Il prend l’habit au noviciat des Essarts (Seine- Maritime), le ler octobre 1934, sous le nom de Frère Tharcisius. Il y fait profession le 3 octobre 1935. Suivent deux années de philosophie au scolasticat Saint-Jean de Scy-Chazelles (Moselle), de 1935 à 1937. Commencée à Lorrnoy (Essonne) en 1937, sa théologie est interrompue en 1939. n est profès perpétuel depuis le ler novembre 1938. Mobilisé au 74ème régiment d’Artillerie, il soutient vaillamment le moral de ses camarades épuisés par les combats. Il revient à Lormoy en 1940, y est ordonné prêtre par Mgr Pie Neveu le 27 juillet 1941 et termine sa théologie en 1942. Il devient alors, résidant toujours à Lormoy, aumônier fédéral de la J.O.C. et de la J.O.C.F. à Juvisy-sur-Orge (Essonne). En avril 1943, ü se présente à l’abbé Rodhain, aumônier fédéral des prisonniers de guerre qui demande des aumôniers clandestins pour l’Allemagne. Il s’engage comme machiniste à l’Opéra de Munich. La ville compte alors 25.000 Français, prisonniers et jeunes du S.T.O. Avec la fraternelle complicité du clergé local, le Père Tharcisius qui reprend son prénom de Pierre anime secrètement J.O.C., J.A.C., J.E.C., et scouts. Autant qu’il le peut, il aide les internés du camp de Dachau, proche de la ville. Il intègre dans une perspective chrétienne un groupe de résistance et d’information. Les Américains arrivent à Munich le 29 avril 1945. Quelques jours plus tard, il visite Dachau où il retrouve deux Assomptionnistes dont l’apostolat avait été trop visible, les PP. Delory et Wieland (1). A.A Rentré à Paris le 3 juin 1945, le P. Santu est nommé aumônier national de la branche ‘Action au travail’ de la J.O.C.-J.O.C.F. et réside à l’avenue Denfert-Rochereau. L’année suivante, il fonde à Sèvres (Hauts-de-Seine), avec quelques compagnons, la mission ouvrière, plus connue sous le nom de La Cloche. Il anime les aumôneries d’Action catholique ouvrière et des équipes de religieuses, notamment des Petites Sœurs de l’Assomption. De 1960 à 1967, il est curé et supérieur à Saint Christophe de Javel dans le XVème arrondissement de Paris. De 1967 à 1982, il est curé dans la banlieue Nord, à Sainte-Maria Goretti (Saint-Denis) et à Sainte-Thérèse des Joncherolles (Pierrefitte). Il est en outre supérieur de la communauté de 1979 à 1985. En avril 1985, il est nommé aumônier de la maison de repos des Oblates de l’Assomption au Mesnil- Saint-Denis (Yvelines), près de Versailles. Ses forces continuant à décliner, il est accueilli chez les Petites Sœurs des Pauvres à Paris, le 29 septembre 1986. Le 19 mars 1990, il est hospitalisé à Sevran (Seine-Saint-Denis). Pierre Santu voulait achever sa vie dans la pauvreté la plus grande possible. E avait rencontré l’abbé Pierre. Il souhaitait terminer sa route mêlé aux vieillards d’une maison d’Emmaüs. Ce désir s’est réalisé ailleurs. On ne choisit pas sa pauvreté, disait-il en souriant, alors que déjà sa mémoire sombrait. C’est avec des malades comme lui qu’il a témoigné jusqu’au bout (2). Il meurt le 30 juillet 1991. Ses obsèques sont célébrées en l’église Saint Dominique à Paris, le 2 août. Le P. Paul Charpentier, au début de l’homélie, cite une sorte de testament spirituel rédigé par le défunt à l’occasion de ses 25 ans de sacerdoce. Le corps du P. Pierre repose au cimetière de Montparnasse, dans le caveau de l’Assomption. (1) Le P. Christophe Delory, arrivé à Vienne au début de mai 1943, est arrêté le 21 mars 1944 et déporté à Dachau le 7 juillet. Le 17 mai 1945, le P. Santu rédige une note sur Dachau, ses diaboliques installations et ses survivants squelettiques dont il arrive que trois cents meurent dans la même journée. Sur l’expérience du P. Santu en Allemagne, lire le livre de Jean Pélissier, préfacé par Jean Rodhain, Si la Gestapo avait su!, Bonne Presse, 1945. (2) De l’homélie du P. Paul Charpentier, le jour des obsèques du P. Pierre Santu.

Bibliographies

Bibliographie et documentation: Documents Assomption, Nécrologe (V) 1991-1993, p. 37-38. Assomption-France, Nécrologie année 1991, p. 223-226. Le Journal du Dimanche, 31 octobre 1971 (article de Victor Franco: Ils étaient volontaires pour l’enfer). Dans les ACR, du P. Tharcisius Santu, rapports sur Sèvres (1951-1960), sur Saint- Christophe de Javel (1960-1966), correspondances (1939-1964). Le P. Tharcisius Santu a écrit des articles dans Le Passeur (journal paroissial de Saint- Christophe de Javel, Paris), a donné des souvenirs de guerre et de captivité (1939-1945). Lettre du P. Santu au P. Wilfrid Dufault, Paris, 24 juillet 1960. Marie-Michel Cornillie, 1946 La Cloche, Une aventure? Un témoignage?, 1977, 135 pages. Notices Biographiques