Théophane (Louis-Romain) SARZIER – 1918-1939

Les Essarts, 1936.
« L’année de mon noviciat approche de son terme, c’est dans quelques
semaines à peine qu’il s’achève. Aussi, moi Louis Sarzier, en religion
Frère Théophane, je viens humblement et de mon plein gré vous demander la
faveur d’être admis à prononcer mes premiers vœux et d’être compté au
nombre des religieux de la Congrégation de l’Assomption.

Pendant mes études à l’alumnat, j’ai connu l’Assomption et j’ai été attiré
par elle. Je suis entré au noviciat avec l’intention de me consacrer à Dieu
dans le sacerdoce et la vie religieuse à l’Assomption. Pendant cette année
de prière et de réflexion, j’ai appris à Le connaître et à L’aimer
davantage, et mon désir n’a fait que s’accroître et s’affermir.

Je crois vraiment que c’est la voie où le bon Dieu m’appelle. Je compte sur
sa grâce et sur le secours de la Sainte Vierge Marie pour persévérer dans
ma vocation.

Veuillez croire, mon Père, à mon respectueux et filial attachement en Notre
Seigneur
».

F. Théophane.

Notices Biographiques A.A

Religieux de la Province de Paris. Une vie tôt enlevée. Louis-Romain Sarzier est né le 22 mai 1918 à Tain- l’Hermitage (Drôme). Après ses classes primaires à Boizas (Ardèche), de 1924 à 1930, il fait ses études secondaires dans les alumnats de Davézieux (Ardèche), de 1930 à 1933, et de Vérargues (Hérault), de 1933 à 1935. Le 2 octobre 1935, il prend l’habit au noviciat de la Province de Paris, aux Essarts (Seine-Maritime), sous le nom de Frère Théophane. Le P. Marie-Albert Devynck, son maître des novices, lui trouve « une intelligence de bon aloi qui doute parfois d’elle-même et s’embarrasse aussi de peu de chose, une mémoire et une application excellentes, une élocution distinguée qui en fait un bon lecteur et un bon acteur. Religieux simple, timide et un peu hésitant, il apporte à sa formation dévouement, soin et prévoyance, ainsi que docilité et confiance ». Le 3 octobre 1936, le Frère Théophane prononce ses premiers vœux. Il se rend quelques jours après au scolasticat de Layrac (Lot-et-Garonne) pour une année complémentaire d’études. Sa formation philosophique se poursuit dans la maison Saint-Jean à Scy-Chazelles (Moselle). Une mauvaise grippe en avril 1939, suivie d’une pleurésie, met fin à ses jours alors que tout laisse prévoir une amélioration prochaine de sa santé, le 2 mai 1939. Il n’a que 21 ans. Le corps du Frère Théophane repose dans le cimetière de Scy-Chazelles, aux côtés du Père Marie-Emile Ladret. Circonstances du décès du Frère Théophane. « De nos sept ou huit principales victimes du rude hiver que nous avons eu cette année et qui, dans toute la région, a vu sévir une mauvaise grippe à forme rapidement pleurétique, le Frère Théophane restait seul alité, mais ayant d’ailleurs inquiété, dès le début de sa maladie, A.A par suite d’une très haute température qui dépassa les 40° matin et soir, pendant plus d’un mois. Mais, en dépit d’une grave chute de la barre fixe, survenue l’an dernier et dont il disait se ressentir parfois, le Frère Théophane était d’une santé robuste et d’un tempérament plutôt rude. Il résistait merveilleusement, conservant de bonnes couleurs, un bel optimisme et un surprenant appétit. Le docteur qui le voyait fréquemment, avec nos autres malades, n’attribua d’abord sa forte fièvre qu’à une vive réaction de la nature qui autorisait les meilleurs espoirs. Il fit pour plus de sûreté une ponction aux fins d’analyse du liquide pleural dans lequel on ne trouva ni bacilles ni purulence. Des remèdes énergiques, sous forme principalement d’injections, soutenaient le malade dont la température finit par s’infléchir et amorcer une descente. Mais voici qu’une nouvelle consultation révéla que la pleurésie du côté droit se compliquait d’un commencement de congestion pulmonaire du côté gauche et que la gravité du mal se précisait. Le pauvre Frère était bien atteint et la médication s’intensifia en conséquence. Le docteur prescrivit des piqûres aux sels d’or et vint voir tous les deux jours notre grand malade. Celui-ci transpirait abondamment mais, sauf à certains moments où le teint devenait terreux, les bonnes couleurs persistaient et surtout l’appétit qui favorisait la suralimentation et une certaine euphorie. Pourtant aux derniers jours d’avril et tandis que la fièvre baissait, le Frère fut pris d’un essoufflement qui le fatiguait davantage. Le docteur prescrivit un nouveau remède pour faciliter la respiration et soutenir le cœur. Le malade se plaignit aussi de douleurs intestinales qui gênaient son sommeil jusque-là satisfaisant. Néanmoins le docteur à sa dernière visite constata des deux côtés de la poitrine un meilleur état, le liquide pleural ayant diminué et la congestion s’étant comme circonscrite. Au matin du 2 mai, je vins dire au Frère Théophane que j’avais célébré la messe de communauté pour lui. Il me remercia en souriant et me dit qu’il n’avait pas reposé pendant la nuit. Dans la matinée, il se confessa. Il était même plus gai que d’habitude, seule la respiration ne s’améliorait pas. Le P. Vianney le trouva expirant à 19 heures, avant l’Office ». D’après le récit du P. Saint-Martin, 19 mai 1939.

Bibliographies

Bibliographie et documentation: Lettre à la Dispersion, 1939, n° 792, p. 390-391. Notiée biographique par le P. Marie-Alexis Gaudefroy. Lettre du Frère Théophane Sarzier au P. Bernardin Bal-Fontaine, Les Essarts, 7 septembre 1936. Notices Biographiques