Théophane (Paul) BACHARD – 1906-1961

Le voyage d’une vie

« En plein océan, sur le Désirade, le 13 janvier 1948, A la vitesse de 10
nœuds à l’heure, nous approchons progressivement des côtes de l’Amérique
latine. Ce voyage a été marqué par quelques faits: tout d’abord les deux
premiers jours, j’ai subi le mal de mer. Lorsque nous avons quitté le Havre
dans la nuit du 27 décembre, la mer était un peu houleuse et je n’ai pas du
tout le pied marin, par contre les P P. Touvron et Duret ont bien tenu le
coup et n’ont pas été dérangés.
Du 27 décembre au 5 janvier, en rade de Dakar, nous n’avons pas vu la
terre. Au lieu de descendre à terre, je suis descendu à l’infirmerie à
cause d’un furoncle. Le 8 janvier le docteur me l’a ouvert en y faisant une
dizaine de piqûres avec des pointes de feu.
Le samedi 10 janvier a eu lieu la fête du baptême de la ligne: par des
personnages déguisés en dieux et déesses de la mer, les passagers qui
passaient l’Équateur pour la première fois sont barbouillés, rasés et
précipités dans un grand bassin d’eau. Comme malade, j’en fus exempté.
Les passagers sont entre 300 et 400: milieu cosmopolite où l’on entend
parler toutes les langues… »

Religieux français affilié à la Province d’Amérique du Sud.

Une vocation d’aîné, issue de milieu modeste.

Né le 1er décembre 1906 à Pompaire (Deux-Sè- vres) au diocèse de Poitiers, Paul fait sa scolarité primaire à l’école publique du village, puis le secondaire à la maison des vocations d’aînés de Saint-Denis sous la direction du P. Didier Nègre, dans la banlieue parisienne (1931-1934). Il prend l’habit le 30 septembre 1934 au noviciat de Pont-l’Abbé-d’Arnoult (Charente-Maritime), présenté par le P. Michel Pruvost. Le P. Pol de Léon Cariou, maître des novices, le présente à la première profession le 30 septembre le 1er octobre 1935, il reçoit le prénom de Théophane. Puis ce sont les années de philosophie à Scy- Chazelles en Moselle (1936), à Lormoy dans l’Essonne (1937), suivies des études de théologie toujours à Lormoy (1938-1942), pendant cette période difficile de privations de la guerre. Mobilisé en 1939, il est réformé pour raison de santé. Fils de paysans, le P. Théophane aime la campagne et les gens simples qui l’habitent, plus que la ville trop anonyme à ses yeux. Il prononce ses vœux perpétuels à Lormoy le 1er novembre 1938 où il est également ordonné prêtre le 26 juillet 1942.

Volontaire pour la Mission en Amérique latine.

De 1943 à 1946, le P. Théophane est envoyé à l’alumnat de Saint-Maur sur les bords de la Loire où, en cette période troublée, il peut rendre bien des services, notamment pour la surveillance des élèves. Il gagne ensuite le noviciat de Pont-l’Abbé-d’Arnoult où il prête son concours tant à l’intérieur de la communauté pour l’économat qu’à la paroisse dont l’Assomption a la charge. Il s’offre alors au P. Régis Escoubas, Provincial de Bordeaux, pour exercer du ministère dans le ‘campo’ chilien.

Notices Biographiques A.A Page : 115/115 Fin décembre 1947, il s’embarque à bord du Désirade, en compagnie de deux autres confrères, le P. Joachim Duret -qui deviendra Provincial d’Amérique du Sud- et du P. Clovis Touvron dont toute la vie apostolique va se dérouler au Chili.

C’est d’abord à Belgrano en Argentine qu’il débarque, près de la capitale Buenos-Aires, où il est nommé vicaire (1948-1956). En 1936, il passe les Andes pour remplir les fonctions de vicaire dans la paroisse de Los Placeres à Valparaiso au Chili. Simple et aimable en communauté, il s’y montre soucieux d’une pauvreté vécue, à l’unisson du milieu qui l’entoure. Il éprouve quelque difficulté à parler la langue espagnole, ce qui le handicape pour des contacts assidus avec la population. En 1959, il se rend à l’autre paroisse de Los Andes comme économe de la communauté et du noviciat. Il éprouve beaucoup de joie à satisfaire son goût et son habileté aux travaux manuels. Du matin au soir, il surveille le travail à la ferme qui ravitaille la communauté et n’hésite pas à prêter la main pour les travaux agricoles dont il a l’habitude depuis son enfance.

Emporté par un cancer.

Cependant sa santé commence à s’affaiblir: il ressent de grandes douleurs dans le dos. Transporté à l’hôpital de Santiago, on ne tarde pas à diagnostiquer un cancer déjà avancé. Depuis 1954, il a demandé à être affilié officiellement à la Province d’Amérique du Sud. C’est son Provincial qui a la tâche délicate de l’avertir de son état préoccupant. Il n’a pour toute réponse qu’un mot: ‘Que la volonté de Dieu se fasse’. Il revient à Los Andes où il reprend la vie régulière et continue à partager le travail de tous les jours en communauté. Mais les douleurs augmentant, il est obligé de garder la chambre. Il refuse les piqûres de morphine, voulant ainsi participer aux souffrances de la Passion. Il meurt comme un saint le 22 septembre 1961 à Los Andes où il est inhumé.

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Bibliographies

Bibliographie : El Eco de Lourdes 1961, n° 733, p. 11-12. B.O.A. octobre 1962, p. 172. Lettre à la Famille 1962, p. 221-222. Lettre à la Famille 1948, n° 45, p.24.