Timothée (Paul, G.) FALGUEYRETTE
1857-1919
Religieux français.
Un Assomptionniste du Midi.
Paul-Guillaume Falgueyrette [ou Falgueyrettes] est né à Saint-Ambroix (Gard), le 8 décembre 1857. Il est l’un des premiers élèves à Notre-Dame des Châteaux (Savoie), de 1871 à 1873, passe à Nîmes de 1873 à 1875, prend l’habit religieux à Paris le 11 novembre 1875 sous le nom de Frère Timothée. Il prononcera ses vœux perpétuels le 29 septembre 1879. Contemporain du Fondateur, il est vite repéré par le P. d’Alzon qui s’y connaît en hommes et le désigne au P. Alexis Dumazer comme ‘un garçon franc et bien disposé.’ Après l’année canonique de noviciat (1875- 1876), il est envoyé dans les maisons d’œuvres où l’on a besoin de personnel: Clairmarais (1876-1878), Alès (1878-1880). Il s’initie en même temps aux études de la philosophie. Le P. Alexis Dumazer, sévère dans ses remarques scolaires, laisse percer son admiration pour son élève hors du commun: « Les études philosophiques déterminent chez le Frère Timothée un développement intellectuel très remarquable. Malheu,reusement la forme ne répond pas au fond. Du point de vue de la perception rapide des idées et de l’acribie de l’esprit dans les recherches, c’est le meilleur élève de la classe de philosophie ». C’est à Osma en Espagne qu’il va poursuivre sa formation théologique (1880-1885). Il y est ordonné prêtre le 25 mars 1882. On l’envoie à la fondation du collège Saint-Louis à Madrid, essai sans suite (1882). En 1885, il retrouve le Collège de Nîmes qu’il ne va plus quitter pendant 34 ans, jusqu’à sa mort le 7 novembre 1919, à 62 ans. Il y assume la classe de rhétorique, passe une licence de lettres à Montpellier où il doit renoncer à l’agrégation, parce que ne pouvant s’engager à enseigner dans l’enseignement d’Etat. C’est lui qui en 1909 va prendre la direction du ‘collège exilé’, boulevard de la République,
deuxième implantation de ce collège avant la construction du troisième par le P. Delmas, route d’Arles, en 1929-1930. Il est reçu comme membre de l’Académie de Nîmes (1918) et il a reçu comme le P. d’Alzon la dignité de chanoine de la cathédrale de Nîmes. Le P. Timothée est inhumé à Nîmes, à Saint-Baudile dans la tombe de l’Assomption.
Un témoignage de première main.
« L’abbé Falgueyrette est un de ceux dont la vie calme et bien ordonnée peuvent promettre la plus heureuse et la plus longue vieillesse. Dans cette existence tout entière consacrée au devoir et à la pratique des vertus de son état, rien d’extraordinaire ni d’anormal. On a dit avec raison: ‘Heureux les peuples qui n’ont pas d’histoire’. On pourrait le dire également de ceux dont la vie offre la régularité et l’harmonie d’une eau que ne trouble jamais aucune tempête. Dans cette vie si simple en apparence et si calme en réalité, on peut étudier tour à tour l’homme, le professeur et le prêtre: l’homme est avant tout un sympathique, sympathie qui trouve sa source dans une bienveillance inaltérable. La bonté est le fond de son caractère et tous ceux qui l’approchent lui reconnaissent ce mérite. Quelles que soient ses occupations, si accablants que soient parfois les soucis causés par la direction d’une grande maison où le Supérieur est la cheville ouvrière, il vous écoute toujours avec condescendance et alors même qu’il ne peut satisfaire à votre demande, la façon dont il refuse ne vous laisse ni rancune ni amertume. C’est surtout dans son rôle de professeur que l’abbé Falgueyrette se montre incomparable. Pas admis à concourir à l’agrégation, il reste simple licencié ès-lettres. Il emploie les loisirs que lui laissent ses devoirs d’état à perfectionner ses études et à étendre dans tous les sens le cercle de ses connaissances. Rien ne lui reste étranger. Son ardeur au travail facilitée par une riche mémoire, il devient un littérateur de premier ordre, tout en fortifiant ses connaissances par des études accessoires. Pendant 35 ans il forme ses jeunes élèves au culte du beau et à la défense du vrai. Qu’il explique un chant d’Homère ou un chœur d’Eschyle, qu’il développe en les commentant les longues périodes de Tite-Live ou les vigoureux raccourcis de Tacite, qu’il fasse sentir à ses jeunes auditeurs le charme de notre littérature si riche et si variée il est toujours intéressant et il sait relever par des vues nouvelles et des rapprochements ingénieux ce que l’enseignement des belles lettres a quelquefois de fastidieux et de monotone. A le voir au milieu de ses élèves avides de recueillir son enseignement varié et fécond, on croît voir Socrate entouré des jeunes Athéniens et expliquant à ses disciples cette science nouvelle: ‘Connais-toi toi-mêàme’. Jamais enfin son rôle de professeur ne lui fait oublier ses devoirs de prêtre. Dans ses relations mondaines comme dans sa chaire de professeur il est un modèle de régularité et de zèle. Comme directeur du collège, il a à parler aux enfants aux principales fêtes de l’année. C’est merveille de voir avec quel à-propos il sait intéresser ces jeunes intelligences et former ces jeunes âmes à la piété et à la vertu… ». D’après Jules Riboulet, o. c.,
Bibliographies
Bibliographie et documentation: L’Assomption, 1920, n° 223, p. 123. Lettres d’Alzon t. XIII (1996), p. 447-448. Notice biographique par le P. Marie-Alexis Gaudefroy. Maison de l’Assomption (Nîmes) 1938, n° 4 p. 19-20. Paris-Assomption juillet 1951, n° 7 p. Jules Riboulet, L’Abbé Falgueyrette, Nîmes, 1920, 8 pages. Ont été conservés dans les ACR du P. Timothée Falgueyrette ses discours de distribution des prix au Collège de l’Assomption de Nîmes (1888-1910), un peu de sa correspondance (1882-1919), des articles historiques et de spiritualité, ses souvenirs sur sa période espagnole (1882-1885). Notices Biographiques