Tudec (Emile) ALANOU – 1923-1985

Portrait.

Apprécié comme un homme pieux et régulier, Emile Alanou qui a fait le choix
d’un prénom religieux breton à sa profession, est doté d’un jugement
équilibré et serein, de bon conseil dans les instances communautaires.
C’est avec une grande force de caractère qu’il se dévoue joyeusement dans
l’apostolat où il se montre compatissant à toutes les misères physiques et
morales des populations.
Esprit peu porté à la spéculation pure, ne manquant pas cependant de moyens
intellectuels grâce à un esprit réfléchi et à une âme droite, il
a souffert d’une surdité précoce qui l’a certes
handicapé dès les années de sa formation mais qui l’a comme poussé à un
plus grand degré d’intériorisation et à une
écoute plus forte dans la relation individuelle du ministère.
Comme professeur il se fit apprécier par le sérieux et l’application de ses
préparations, et comme vicaire, son dévouement à toute épreuve lui ouvrit
bien des portes et bien des cœurs. En communauté il sut se montrer affable
et s’il sembla manifester un peu de réserve à l’occasion, on ne peut que
l’attribuer à son handicap naturel.

Religieux français de la Province d’Amérique du Sud.

Les années de formation.

Emile Alanou est né le 13 mai 1923 à Peumerit dans le Finistère. Il commence ses études à l’abbaye de Langonnet chez les Pères du Saint- Esprit qui mettent un frein à son désir de vocation en raison d’aptitudes jugées insuffisantes (1935-1941) et il les poursuit à la maison de vocations tardives de Blou (Maine-et- Loire) de 1941 à 1942 où il recommence sa classe de première, grâce à des amis qui lui font connaître l’Assomption. Entré au noviciat de Pont-l’Abbé-d’Arnoult (Charente-Maritime) en octobre 1942, il y prononce ses premiers vœux le 26 octobre 1943. Après deux années de philosophie à Layrac (Lot-et-Garonne) de 1943 à 1945, il commence sa théologie à Lormoy dans la banlieue parisienne mais doit la terminer à Layrac où il prononce ses vœux perpétuels le 26 octobre 1946. Il est ordonné prêtre à Toulouse par Mgr Garrone le 12 mars 1949.

Le choix sans retour de la Mission en Amérique latine.

Attiré par le P. Régis Escoubas, il part pour le Chili, arrive à Santiago le 21 novembre 1949 et devient professeur d’apologétique à la maison de formation N.S. de los Angeles (El Golf, à San- tiago). De 1951 à 1962, à l’école apostolique de Mendoza, il enseigne le latin et le français, remplit les fonctions d’économe, fait œuvre de missionnaire dans les campagnes des alentours. A partir de 1963, il est vicaire à la paroisse Notre-Dame de Lourdes de Santiago. Il gagne l’affection des gens par l’entière disponibilité de son service, réalisant une tâche silencieuse mais profonde dont les résultats sont le secret du Seigneur. C’est en octobre 1967 qu’il demande et obtient son affiliation définitive à la province d’Amérique du Sud puisque, jusque-là,

il relève toujours de sa province originaire, la Province de Bordeaux. Envoyé en 1974 à la paroisse de Los Placeres de Valparaiso, il est atteint d’un premier infarctus qui limite sérieusement ses activités. Transféré en 1981 à la communauté de N.S. de Los Angeles de Santiago, il y célèbre l’eucharistie, entend les confessions, administre les baptêmes. Heureux de pouvoir faire quelque chose, en dépit de sa maladie, il ne perd pas sa jovialité et apporte son esprit fraternel dans les rencontres de communautés ou de Province.

Le tremblement de terre du 3 mars 1985 aggrave sa maladie cardiaque. Bientôt des complications pulmonaires l’obligent à entrer à l’hôpital. Ne pouvant plus parler, il écrit en grands caractères sur une feuille:

« Je meurs pour mon Dieu et pour mon Eglise ». Et discret, simplement comme il a vécu, il décède le 7 août 1985 à Santiago où il est inhumé.

En témoignage de fraternité religieuse.

Nous extrayons d’une lettre adressée au P. Quénard le 12 juin 1951 quelques lignes du P. Alanou témoignant de son habituelle affabilité dans les relations personnelles et de sa discrète modestie: « Je ne sais pas si mes élèves me font honneur. En tout cas ils sont très heureux et très flattés d’adresser ces quelques mots au Père de la grande famille assomptioniste. Vous pourrez deviner à travers les fautes leurs sentiments et leurs vœux de fête qui, je n’en doute pas, sont sincères. En sachant qu’ils sont en seconde année d’humanités, correspondant à la classe de cinquième en France, on est tout disposé à leur pardonner leurs nombreuses fautes. Je n’ai rien enlevé du charme, en évitant toute correction… ». Sans doute le P. Emile sait-il se souvenir de ses propres difficultés, au temps de ses études pour encourager ses élèves, sans les charger de leurs imperfections…

Bibliographies

Bibliographie : Documents Assomption n° spécial 1987, Nécrologe 1984-1986, p. 78-79. El Eco de Lourdes, 1985, n° 943, p. 42-43.