Ulysse (Etienne-Joseph) MARTIN – 1845-1921

Santiago, 1921.
« Les chaleurs surprirent le P. Ulysse vers le milieu de novembre. Il ne
put bientôt prendre que du liquide et il resta au lit, absolument incapable
de s’aider en rien. Le docteur et l’infirmier disaient qu’îl pouvait durer.
Cependant, une petite fièvre persistait. Le 23 novembre, par prudence, nous
lui avons proposé, et il accepta, les derniers sacrements qu’il reçut très
bien. Il se passa quelque chose de fort remarquable. La lucidité d’esprit
lui revint complètement. Il comprit qu’il allait mourir, il fit le
sacrifice
de sa vie, il put se confesser plusieurs fois, il répondait très bien aux
prières et répétait les oraisons jaculatoires. Quand on lui faisait baiser
le crucifix, il avançait les lèvres et des larmes coulaient de ses yeux.
Son agonie a été très douce,
sans aucune secousse violente. Il s’est éteint. Les funérailles ont eu lieu
lundi matin, 5 décembre. Le corps avait été exposé le dimanche à la petite
chapelle et beaucoup de fidèles étaient venus prier. Après le mois de
Marie, on le transporta au sanctuaire
devant une immense assistance fort recueillie. A la messe d’enterrement, il
vint beaucoup de monde».P. Félicien Vandenkoornhuyse.

Religieux français.

Sur les traces d’un religieux.

Etienne-Joseph Martin est né le 20 février 1845 à Saint-Hilaire-d’Ozilhan (Gard), au diocèse de Nîmes. On croit savoir que toutes ses études secondaires se sont faites au collège de l’Assomption et l’on peut suivre dans la correspondance du Fondateur le premier parcours religieux d’Etienne. Il prend l’habit le 2 mars 1867 au noviciat du Vigan, sous le nom de Frère Ulysse (1). Il a 22 ans accomplis. En décembre 1867, le P. d’Alzon le dit tonsuré avec les Frères Barthélemy Lampre, Pierre-Baptiste Morel et Paul Favatier (2). En avril 1868, le Frère Etienne doit arriver au collège de Nîmes, si l’on se fie à l’ordre express donné par le P. d’Alzon au P. Hippolyte Saugrain: « Envoyez sur-le-champ Frère Ulysse Martin pour nous aider, nous sommes écrasés » (3). En janvier 1869, il est question de lui pour aider le P. Halluin à Arras (Pas-de-Calais): « Le P. Halluin réclame le Fr. Etienne et le F. Francesco » (4). Le Frère n’apparaît pas dans la correspondance du Père d’Alzon pendant les années 1869-1870. En décembre 1871, nous retrouvons la trace du Frère Ulysse-Etienne grâce à une indication du P. d’Alzon au P. Picard: « Le P. François et le Frère Etienne vous arriveront vers le 15 janvier [1872] » (5). On peut supposer que comme beaucoup d’autres religieux en formation discontinue, le Frère est assez mobile et se prête à tous les emplois intérimaires dans les communautés où l’on fait appel à lui. Il prononce ses vœux perpétuels le 2 janvier 1872, au Vigan (Gard) et gagne Paris quelques jours après, sans doute pour quelque temps: « Si le Frère Etienne persiste à vouloir s’en aller, je puis le mettre sacristain au collège [de Nîmes] (6) ». Il demande à être relevé de ses voeux (janvier 1873). En février 1873, le P. d’Alzon lui propose d’être sacristain au Vigan, mais la situation se gâte quelques pages plus loin.

« Frère Etienne m’écrit pour me dire qu’il ne peut se décider à rentrer chez nous. Je lui dis qu’il aille où il voudra, que je ne tiens pas à le garder, que seulement le Pape peut, le relever de ses voeux. Il fera donc ce qu’il voudra » (6). Il est question de lui en mai 1877 pour les Ordres mineurs que par négligence il ne peut recevoir dans les temps. Le 22 décembre 1877 il peut être ordonné sous-diacre (à Montpellier?), à l’âge de 32 ans passés de 10 mois. A quoi attribuer ce retard aux Ordres? A une faiblesse dans les études, à ses difficultés d’orthographe, à un manque de formation ou de conviction? Il est certain que ce religieux n’est pas flatté par les remarques de son Supérieur Général. Quoi qu’il en soit, le Frère Ulysse parvient au sacerdoce à 33 ans le 29 septembre 1878, ordonné à Montpellier par Mgr de Cabrières dans la chapelle des religieuses de l’Assomption (7). En novembre 1880, il est l’un des quatre religieux sécularisés, protégés par Mgr Besson et autorisés par le gouvernement à garder le collège de Nîmes. De 1881 à 1896, il quitte la Congrégation. Il redemande son admission en 1896 et refait son noviciat à Livry (Seine-Saint-Denis). De 1897 à 1909, il est en poste à Rome où il s’occupe de l’église Saint-Venance qui est prise en charge par la Congrégation, église attenante à la résidence de l’Ara Caeli. En 1910, le P. Ulysse est volontaire pour la mission du Chili. Il meurt à Santiago le 3 décembre 1921, à 76 ans et 9 MOIS. Les quelques lignes qui lui sont consacrées restent très discrètes sur sa personnalité et sur son parcours à l’Assomption.

(1) Lettres, tome VI, p. 240 n. 2. (2) Lettres, tome VI, p. 427 et 428 n. 2. (3) Lettres, tome VII, p. 59. (4) Lettres, tome VII, p. 214. On peut remarquer que le Frère Ulysse est désigné sous son prénom de baptême, Etienne. (5) Nous nous en tenons à la supposition du P. Désiré Deraedt qui estime le Frère Etienne en poste au Vigan. (6) Lettres, tome 10, p. 9. Deuxième citation, o. c. p. 22. (7) Lettres, tome 12, p. 562.

Bibliographies

Bibliographie et documentation. Lettre à la Dispersion 1922, n° 3, p. 17. Lettres d’Alzon, 1996, t. XIII, p. 456. Notice biographique par le P. Marie-Alexis Gaudefroy. Dans les ACR, du P. Ulysse Martin, sa formule de profession (2 janvier 1872).