Valérien (Gustave) DONCHE – 1876-1902

Lettre commune.
« Sur l’invitation du P. Alfred
[Mariage] nous venons vous prier de nous accorder une petite faveur. Depuis
8 ans, nous n’avons pas vu nos parents; notre vielle mère et notre sœur
seraient heureuses de nous voir au saint autel. Un oncle complètement
paralysé désespère de recevoir notre bénédiction. Nous avons aussi une
question de partage qui traîne depuis que nous sommes majeurs. Il faudrait
aussi établir notre sœur qui depuis longtemps a manifesté le désir d’être
religieuse. Depuis cette année nous assistons à tous les offices grecs
chantés, nous nous sommes perfectionnés dans la musique grecque et nous
savons exécuter des messes dans la plus pure mélodie orientale. Les gens
nous demandent de continuer ainsi tous les dimanches. Nous
travaillons de toutes nos forces à l’œuvre que vous aimez. Quelle
reconnaissance nous vous devrions si nous
pouvions recevoir une réponse affirmative et prendre le
bateau qui correspond avec la fin des classes, le jeudi 7 août! Vos deux
enfants, Père Valérien Donche, Père Tiburce, Koum-Kapou le 25 juillet 1902.

Valérien (Gustave) DONCHE

1876-1902

Religieux français.

Frère doublement.

Le bref parcours de vie de Gustave Donche, né comme son frère Ernest, futur Père Tiburce, le 16 mars 1876 à Boëge (Haute-Savoie) est évoqué dans la notice biographique précédente qu’il est inutile de doubler. Rappelons seulement le cadre biographique de cette existence écourtée par la maladie: alumnat à Notre-Dame des Châteaux (1890-1892) et à Brian (1892-1894), entrée au noviciat à Livry le 10 août 1894, première profession à Phanaraki le 15 août 1895, profession perpétuelle le 30 août 1896 à Phanaraki, ordination sacerdotale le 2 septembre 1900 à Kadi-Keuï, professorat à Koum-Kapou de 1896 à 1902. Nous reproduisons les circonstances détaillées du décès du P. Valérien telles que les rapporte, dans le style du temps, une lettre-témoin du P. Marie-Joseph Novier, en poste à Koum-Kapou en octobre 1902. Le Père Valérien est mort, le lundi 21 octobre 1902, à l’âge de 26 ans accomplis, à l’hôpital français de Constantinople où il est opéré d’une occlusion intestinale. Il a été inhumé au cimetière de Pancaldi, à Constantinople (Phanaraki).

Récit d’une mort.

« Le bon Dieu vient de demander un nouveau sacrifice à la maison de Koum-Kapou en rappelant à lui le P. Valérien Donche. Le vendredi 17 octobre [1902], le Père éprouva de violentes douleurs d’entrailles qui ne firent qu’augmenter malgré les soins du médecin. Le dimanche matin [20 octobre] nous le transportâmes à l’hôpital [français] où le chirurgien [Dr Denis] conclut à une occlusion intestinale. Sans une opération le Père était perdu et encore on ne pouvait répondre du succès, la maladie étant très avancée.

Le Père instruit de son état réclama lui-même l’opération qui fut faite le dimanche à 3 h. de l’après-midi. Il s’y prépara par une confession générale, fil le sacrifice de sa vie pour l’Eglise, l’Assomption, le P. Picard, la mission, la mission grecque en particulier à laquelle il se dévouait depuis trois ans. Il a été admirable de soumission à la volonté de Dieu, répétant qu’il s’était donné à Dieu par la profession religieuse et que Dieu pouvait le prendre quand il voudrait. Après l’opération, il parut y avoir un mieux pendant quelques heures; le malade n’éprouvait plus de douleurs, et quoique faible, il causait tranquillement. Mais bientôt les symptômes de l’empoisonnement du sang par la maladie apparurent; les vomissements commencèrent et le Père s’affaiblit de plus en plus. A 11 heures du soir, il reçut l’Extrême- Onction et l’indulgence plénière in articulo mortis en pleine connaissance; il suivait attentivement les prières et répondait lui-même Amen après chaque onction. Il garda sa connaissance jusque vers 4 heures du matin [lundi, 21 octobre], renouvelant souvent le sacrifice de sa vie, ne voulant que faire la volonté de Dieu et répétant avec beaucoup de foi et de piété les oraisons jaculatoires qu’on lui suggérait, et que lui-même après l’Extrême-Onction avait demandé qu’on lui suggérât. Il rendit le dernier soupir à 9 heures du matin, au moment où nous achevions les prières des agonisants. Je vous demande, mon Révérend Père, de vouloir bien faire dire les prières de règle pour le repos de son âme. Cette mort si inattendue, arrivant au moment d’ouvrir les réunions pour les œuvres grecques, nous laisse l’espoir que le bon Dieu veut nous accorder de plus grandes grâces pour ces œuvres si difficiles puisqu’il nous demande de plus grands sacrifices

Bibliographies

Bibliographie et documentation: L’Assomption 1903, n° 74, p. 24-28. Les Missions des Augustins de l’Assomption, 1902, n° 79, p. 175. Lettre commune des Frères Donche au P. Picard, Koum-Kapou, 25 juillet 1902. Lettre du P. Novier au P. Picard, Koum-Kapou, 22 octobre 1902. Notice biographique par le P. Marie-Alexis Gaudefroy. Notices Biographiques