Valéry (Victor) QUOITIN – 1890-1935

Sart-les-Moines, 1924.

« Ma conduite va paraître bien singulière à ceux qui ne pourront en
connaître le mobile: n’a-t-elle pas tout au moins les apparences
d’ingratitude vis-à-vis de la Congrégation qui m’a fait ce que je suis? Ici
l’on va dire que c’est l’appât de l’argent à un moment où l’Etat vient
d’élever de 5200 à 6000 francs le traitement des vicaires et
des curés. Croyez bien, mon Père, qu’il n’en est rien. Car si la maison de
Bordeaux qui me connaît bien et que je connais, veut me recevoir à titre de
prêtre auxiliaire ou familier, je suis prêt à faire avec le même
empressement le travail que l’on m’avait confié jusqu’à il y
a trois mois à peine service du chant, de la bibliothèque, du patronage qui
commençait à se développer, service des malades etc… Je dédommagerais
peut-être ainsi un peu la Congrégation de ce qu’elle a fait pour moi et je
pourrais poursuivre le désir
que j’ai de travailler au bien des âmes, libéré d’un fardeau. Avant de
terminer, je m’excuse de vous occasionner des ennuis et des soucis au
sujet de ma pauvre personne ».

P. Valéry Quoitin.

Notices Biographiques A.A

Religieux belge de la Province de Bordeaux, réaffecté en Belgique (1924). Le temps de la formation. Victor Quoitin voit le jour le 9 juillet 1890 à Neuvillers, commune de Recogne, dans la province du Luxembourg belge, au diocèse de Namur. Il fait ses études de grammaire à l’alumnat de Bure (1904- 1908) et passe à celui de Taintegnies pour ses humanités (1908-1909). Il entre ensuite au noviciat de Gempe (Belgique) où il reçoit l’habit le ler novembre 1909, sous le nom de Frère Valéry. Le ler novembre 1910, il prononce ses vœux annuels à Gempe et, le ler novembre 1911, le P. Eugène Monsterlet reçoit ‘ ses vœux perpétuels à Elorrio en Espagne où il assure quelques cours. De 1911 à 1912, il rend le même service d’enseignement à l’alumnat du Bizet; l’année suivante il est employé à l’alùmnat de Brethnal Green à Londres (Angleterre). De 1913 à 1919, il fait toutes ses études ecclésiastiques à Louvain (Belgique) et il est ordonné prêtre le 20 septembre 1919 à Malines. Il ne tarde pasà être envoyé en France à la maison de Bordeaux-Caudéran (Gironde) où il se dévoue avec zèle dans le ministère à la chapelle de Notre-Dame de Salut (1919-1924). Le choix de la Province de Bordeaux. Au moment de la division de la Congrégation en provinces, le P. Valéry qui avait marqué son attachement pour un ministère de type paroissial, est cependant envoyé en Belgique, sa province d’origine, pour une charge d’enseignement. Pendant une année, il est professeur à Sart-les-Moines (1924-1925). Il traverse une crise qui lui fait mettre en doute sa vocation religieuse. Il s’en ouvre très librement au P. Gervais Quenard: « J’ai confié au P. Rémi Kokel toutes mes répugnances à faire classe, mon inexpérience dans ce domaine et aussi ma faiblesse de poitrine, A.A -m’interdisant de longs discours. J’espérais en venant à Sart-les-Moines exercer le même ministère qu’à Caudéran. Il n’en a rien été. J’ai douze heures et demi de classe par semaine. Il m’en a beaucoup coûté de quitter Bordeaux. J’avais l’impression que mon ministère sacerdotal était fini. Oui, ce fut dur pour moi de laisser les enfants du catéchisme et du patronage, les plus grands surtout sur lesquels j’avais de l’influence par nos petites réunions et spécialement par la confession et la communion du premier dimanche du mois. Ce fut dur aussi d’abandonner les vieux et les vieilles, les malades du quartier auprès desquels mon ministère m’appelait. Avec le climat si doux de la Gironde et le bon soleil, avec une santé toute petite, je rendais quelques services. C’est donc bien à regret que je me sais éloigné de la communauté de l’Avenue de Mirande où aux imprévus du ministère, on sait al-. lier une grande régularité et une vie religieuse édifiante. Habitué à la vie active, la vie sédentaire de professeur me pèse et me fatigue. Depuis une année ici, rien n’a atténué le malaise qui me chagrine et me rend malade. Ma grippe avec diagnostic de pleurésie sèche par le docteur d’ici vient plus de ce surmenage que m’avant tant recommandé d’éviter mon docteur de Bordeaux, que du climat, cette année exceptionnellement doux en Belgique. Je demande à Notre-Seigneur d’apaiser la tempête de mon cœur ». Mais comme il demande avec insistance d’être affilié à la Province de Bordeaux, le Père Valéry peut repasser à nouveau en France. Il est affecté à la paroisse de Tasdon-la Rochelle (Charente-Maritime) où il remplit les fonctions de vicaire dans cette paroisse confiée aux religieux (1925-1935). Le Père Valéry se dévoue particulièrement aux oeuvres de jeunesse et de patronage. Il y est très apprécié. Il est emporté en quelques jours par une encéphalite léthargique. Transporté à Bordeaux (Gironde), il meurt à la clinique du Sacré-Cœur, le 5 septembre 1935, à l’âge de 45 ans. Le corps du Père Valéry est inhumé au cimetière de la Chartreuse à Bordeaux.

Bibliographies

Bibliographie et documentation: Lettre à la Dispersion, 1935, n° 600, p. 369; n° 604, p. 401-402. Notice biographique par le P. Marie-Alexis Gaudefroy. Lettre du P. Valéry Quoitin au P. Gervais Quenard, Sart-les-moines, 28 novembre 1924. Dans les ACR, du P. Valéry Quoitin, quelques correspondances (1919-1931). Notices Biographiques