Vélik (Gueorgui Yonkov) VITCHEV – 1923-1985

Pokrovon, 1964.
« A présent je me trouve à
350km de Sofia où je remplace le P. Euthyme [Manolov] qui doit se soigner
les nerfs. En même temps je prêche une
retraite d’une semaine à 5 Sœurs Eucharistines qui se trouvent dans le même
village. Pour cela j’utilise les Méditations pour une retraite de notre
cher P. d’Alzon que j’ai traduites en bulgare. Votre lettre que m’a remise
l’archimandrite Méthode
Stratiev, futur remplaçant de Mgr Kourtev, est venue me surprendre ici dans
ce village des Rhodopes. Ici est venu Angelo Roncalli en 1925. Je me suis
peut-être mal expliqué pour la copie du certificat que Sœur Christine m’a
donnée de votre part. Il doit être légalisé par un commissariat à Rome et
ensuite à la légation bulgare de Rome. Vous pouvez toujours
m’expédier ce document à Sofia. J’espère toujours pouvoir accompagner Mgr
Kourtev à la troisième session du Concile du Vatican et m’ordonner aux
études. Le P. Ivan me donne de bonnes nouvelles des religieux qui vous
envoient leurs
meilleures salutations fraternelles.
Merci pour tous vos soins paternels. Votre plus petit confrère dans le
Christ ». P. Vélik.

Religieux bulgare de la Province de France. Un itinéraire particulier. « En 1973, je suis venu à Rome en qualité d’ancien élève du collège Saint-Augustin de Plovdiv (1936-1939), après avoir commencé mes études au petit séminaire à Yambol. Obligatoirement je suis passé par la caserne durant deux ans (novembre 1944-janvier 1947). Mes démarches pour me rendre en France ou en Italie afin d’y accomplir mon noviciat et faire des études de théologie à l’Assomption, furent infructueuses en raison des événements de l’époque. Le collège fut fermé, quatre religieux m’ont donné une instruction théologique sur place. Le 6 avril 1952, j’ai été ordonné prêtre dans le rite slave par Mgr Kourtev. Mes quatre professeurs étaient alors en prison, j’ai continué ma quatrième année de théologie tout seul C’est seulement en 1973 que le P. Paul Charpentier put entreprendre des démarches auprès de la Congrégation des Religieux, m’accordant la dispense du temps de noviciat, eu égard aux circonstances, à mon passé et à mon désir de vie religieuse. La réponse fut positive pour moi et pour le P. Stephan Gotchev, ancien assomptionniste sous le nom de Frère Clément jusqu’en 1918, désireux d’adhérer de nouveau à la famille de l’Assomption. Le P. Charpentier me donna une lettre pour Mgr Stratiev qui a reçu ma promesse de religieux dans J’église de l’exarcat apostolique: j’ai lu la formule de la Règle traduite en bulgare, intercalée dans les prières selon le rite prévu pour les religieux. C’était le 20 décembre 1973 vers les onze heures du matin, moi-même étant agenouillé devant l’évêque. J’ai signé l’acte par lequel je promettrai de vivre selon la Règle des Augustins de l’Assomption. Avec le consentement du P. Paul Charpentier, de retour à Pokrovan où je suis curé et avec la permission de Mgr l’Evêque, j’ai appelé Stephan Gotchev avec lequel je vivais jusque-là en communauté, et je l’ai autorisé à mon retour à faire la même démarche pour l’accueillir comme religieux dans la Congrégation; selon le même rite que celui suivi à Sofia pour ma promesse, le P. Gotchev, agenouillé devant moi, a fait sa promesse à la date qu’il a choisie lui-même, le 2 février 1974. Depuis, nous continuons à vivre en communauté à Pokrovan, en compagnie du diacre Doitchev. Chaque jour nous sommes fidèles à réciter nos prières selon notre rite, en y ajoutant les prières pour les religieux vivants et défunts de la Congrégation ainsi que pour les bienfaiteurs. Nous sommes devenus tous deux religieux de la Congrégation de l’Assomption pour travailler à la réalisation de l’A.R.T. ». D’après la lettre du P. Vélik Vitchev au P. Hervé Stéphan, Rome, 30 septembre 1975. Ainsi le P. Vélik a-t-il su patienter 25 ans avant de devenir Assomptionniste! Mais n’a- t- Notices Biographiques A.Ail pas vécu en religieux toute sa vie? Page : 341/341 Compléments biographiques. Gueorgui Yonkov Vitchev est né le 19 décembre 1923 à Srem en Bulgarie. il fait ses études secondaires à lalurnnat de Yambol, puis au collège Saint-Augustin de Plovdiv (19361939). Après ses deux années de service militaire, il ne peut obtenir en 1948 un visa pour venir en France faire son noviciat. Ses études de théologie se font sur place. Il peut être ordonné prêtre séculier en 1952, année même où son oncle, le P. Kamen, est fusillé. De 1952 à 1958, l’abbé Gueorgui aide un autre de ses oncles, le P. Ivan Vitchev, à la paroisse de Plovdiv. En 1958, il est nommé à Sofia, fait une nouvelle demande d’admission à la vie religieuse à l’Assomption. Malgré un induit de Rome dispensant de noviciat, l’abbé Georgui ne peut prononcer des vœux. Mgr Kourtev et le P. Ivan s’y opposent formellement. Le 20 décembre 1973, l’abbé Gueorgui définitivement devient le P. Vélik. De 1964 à 1975, il est curé de Pokrovan dans les Rhodopes. Il forme communauté avec l’ex-Père Clément Gotchev, devenu le P. Stefan, réadmis à l’Assomption à la même époque. En 1975, le P. Vélik prend en charge la paroisse de l’Ascension à Plovdiv, rejoignant son vieil oncle, le P. Ivan alors âgé de 88 ans. Il aménage la crypte en résidence communautaire pour les rencontres et les retraites. Même le ministre des Cultes le félicite pour cette belle réalisation! Il a la joie de pouvoir venir par deux fois jusqu’à Rome. Prêtre zélé, toujours disponible, accueillant et fraternel, il devient responsable de la communauté assomptionniste bulgare en diaspora. En octobre 1983, il a la joie de pouvoir participer en France à une réunion des Supérieurs aux Essarts (Seine-Maritime). En Bulgarie, considéré comme un Pionnier de I’œcuménisme, reçu au Phanar par le Patriarche dans une réunion officielle, le P. Vélik connaît en 1984 une de ses dernières grandes joies, célébrer le centenaire de la paroisse de l’Ascension. Mais ses jours sont désormais comptés. Il écrit le 19 décembre 1984 qu’il ne voit plus que la nuit et qu’il n’entend plus que le silence. Il perd le fil de ses idées, devient paralysé partiellement. En décembre 1984, il doit être hospitalisé. Le scanner révèle une tumeur au cerveau. Le P. Vélik est opéré longuement le 8 janvier 1985. On l’entend murmurer. ‘Mon Dieu, si tu as encore besoin de moi, laisse-moi, sinon, prends-moi. Une bronco-pneumonie se déclare. Le P. Vélik meurt au soir du 12 janvier 1985, à 61 ans. Ses Frères et ses paroissiens mesurent la perte immense à son départ. Le P. Vélik n’est plus là avec sa voix forte, son grand sourire pour étreindre fraternellement ses compagnons de vie. Beaucoup ont témoigné et témoignent une grande estime au P. Vélik. Mgr Méthode Stratiev ne latin pas nommé archimandrite, titre accordé aux supérieurs de monastères dans un pays où les religieux sont normalement des moines? D’après P. Noël Bugnard. Le P. Vélik n’a-t-il pas obtenu auprès de son Créateur, par ses grandes qualités humaines et spirituelles faites d’équilibre, de zèle et d’initiative apostoliques, de maturité précoce et de bon sens fraternel, la palme accordée aux véritables confesseurs de la foi? Aux rares visiteurs qui osaient percer la nuit de son isolement en franchissant les frontières et les contrôles, il aimait écrire, à leur annonce: Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur! Page :342/342

Bibliographies

Bibliographie et documentation: Documents Assomption, Nécrologe (111) 1984-1986, p. 49-51. Assomption-France (A.T.L.P.), Nécrologie n° 4, année 1985, p. 60-61. Lettre du P. Vélik Vitchev à un Supérieur Majeur, Pokrovan, 13 juin 1964. Dans les ACR, du P. Vélik Vitchev, correspondances (1964-1982). On doit aussi au P. Vélik Vitchev plusieurs traductions (textes assomptionnistes, textes liturgiques slaves) , une iconographie des saints Cyrille et Méthode (1982), quelques récits souvenirs (une épopée patriarcale, 1950), une histoire de la résistance bulgare aux Turcs au XIxème siècle (thèse restée inédite mais connue par des historiens qui la citent, d’après le témoignage du P. Julian Walter).