Venant (Jean) KEREZEAN – 1887-1975

Testament.

Je me suis donné à Dieu pour travailler de tout mon coeur à l’oeuvre de la
Rédemption, dans la vie religieuse et le sacerdoce. Dieu merci, j’y ai
travaillé, aussi bien que possible, dans la prière, les devoirs
apostoliques du ministère pendant 45 ans, et par le sacrifice. J’ai
supporté beaucoup de fatigues, de souffrances dont Dieu connaît le nombre
et la grandeur. J’ai défendu 1es droits de Dieu et des âmes dont j’ai été
chargé. J’ai combattu le bon combat… Dieu veuille m’aider à prier le
reste de ma vie pour les âmes dont j’ai été chargé, celles qui me sont
chères, qui se recommandent à moi, à la place et pour celles qui ne prient
jamais, les souffrants
sur la terre et dans le purgatoire, pour l’Eglise, la Congrégation, la
France. Qu’Il veuille un jour me recevoir au ciel ».

Texte manuscrit du P. Jean.

« Je suis prêt à rester et à mourir sur place plutôt que de laisser les
deux paroisses et la clinique sans prêtre. Mais je désire aussi qu’un plus
jeune que moi poursuive mon apostolat, pour le plus grand bien des âmes, et
je suis prêt à lui céder la place, quoiqu’il doive m’en coûter ».

Religieux de la Province de Paris.

Une vocation éprouvée.

Jean Kérézean naît le 19 janvier 1887 à Plouvien «Finistère) d’une famille paysanne. C’est en 1896 que ses parents prennent une ferme à Plougnin et c’est dans cette commune que Jean fait ses études primaires couronnées en 1899 par le certificat d’études. Enfant pieux, il aime les églises, les cérémonies, les sermons et les chants. A l’automne 1899, le recteur de Plougnin le conduit à Langonnet, au diocèse de Vannes, chez les Spiritains. La mort de son père, Pierre oblige sa mère, Marie-Yvonne Francès, à abandonner l’exploitation agricole, à rappeler son fils et à le placer comme valet de ferme pour gagner le pain de la famille chez un meunier- facteur qui, ne pouvant être au four et au moulin, lui confie la distribution du courrier. En 1902, Jean entre comme apprenti chez un menuisier- charpentier qui lui fait cultiver ses champs et son jardin! En 1909, il passe au service du recteur de Plouguernau et de ses 5 vicaires. C’est Le Pèlerin qui lui fournit l’adresse de la maison pour vocations tardives de Sart-les-Moines en Belgique. Le P. Marie-Auguste Leclerc, en tournée de recrutement, fait agréer sa demande d’admission. Le 21 septembre 1910, à 23 ans, Jean arrive à Sart-les- Moines où le P. Eustache Pruvost lui fait parcourir le cycle des études secondaires (1910-1914). Postulant en juillet 1914, il parvient à pied, courageusement à gagner Limpertsberg au Luxembourg. Le P. Antoine de Padoue Vidal organise tant bien que mal des cours de philosophie, ne pouvant admettre à la vêture ou au noviciat. La famine réduit postulants, novices et étudiants à travailler dans des fermes. Jean, moins dépaysé que d’autres, se fait agriculteur et éleveur. Dans la nuit du 21 au 22 décembre 1917, 38 jeunes gagnent Louvain pour mettre fin à cette situation. Le Il février 1918, Jean peut enfin prendre l’habit, à 31 ans,

sous le nom de Frère Venant et commencer son noviciat, sous la direction du P. Possidius Dauby. Le 19 mars 1919, il prononce ses premiers v?ux. De 1919 à 1920, il fait à Taintegnies une deuxième année de philosophie. De septembre 1920 à juillet 1924, à Louvain, il accomplit ses années de théologie. Profès perpétuel le 20 mars 1922, il est ordonné prêtre, à 37 ans passés, le 27 juillet 1924 par Mgr Louis Petit.

Quarante-cinq ans d’un ministère fervent.

Le P. Venant peut enfin réaliser cette vocation sacerdotale si longtemps désirée. il commence son ministère par une année d’enseignement à l’alumnat du Bizet (1924-1925), alumnat reconstruit sur un plan nouveau. Ce n’est pas là son charisme et il préfère se mettre à la disposition des deux curés, belge et français, du Bizet. Début septembre 1925, le P. Venant arrive à l’orphelinat du P. Halluin à Arras (Pas-de-Calais). Il est adjoint au P. Saintobert pour les surveillances. De 1926 à 1939, il est chargé de l’aumônerie de la maison du Faubourg d’Amiens, tout en donnant des leçons de catéchisme rue de Beaufort. Il assure également un ministère dominical à Notre-Dame de Lorette. Il prèche des retraites de communion solennelle, assure des intérims dans des paroisses. le ministère pastoral est sa grande joie et sa raison de vivre. Homme rigoureux et d’un zèle apostolique indépendant, il n’est pas un confrère facile. Les relations fraternelles spontanées et détendues ne sont pas son fait, il préfère la vie de solitude dans un presbytère campagnard ou dans une chambre d’aumônier. Nommé à Clairmarais en août 1939, le P. Venant qui reprend son prénom Jean se retrouve bientôt seul à cause de la guerre durant laquelle le bâtiment est réquisitionné par l’armée française d’abord, puis allemande le 23 mai 1940. Il devient alors curé de deux paroisses du Pas-de-Calais, Halinghem et Widehem (1940-1947). Il est alors nommé à Vérargues (Hérault) pour desservir les paroisses de Saturargues et de Villetelle qu’il gagne à pied, car il répugne aux moyens de locomotion mécanique (1947-1951). Une nouvelle obédience l’affecte au Vigan, comme aumônier des Orantes (1951-1955). Le P. Henri Bétard l’en retire pour lui confier les paroisses de Vérargues et de Saint-Sériés, l’alumnat de Vérargues étant fermé depuis septembre 1954. Ce ministère prend fin le 10 novembre 1969 lorsque le P. Jean tombe, défaillant, sur la route. Le maire de Saint-Sériés conduit le P. Jean à Chanac (Lozère) où l’accueille fraternellement le P. Marie-Jean Fosse. Il rend encore tous les services qui lui sont possibles, mais il ne goûte guère les plaisanteries de la vie commune. Le 14 juillet 1974, il a la joie de fêter ses noces d’or sacerdotales. Usé jusqu’à la corde, le P. Jean décline fortement à partir du mois de novembre 1974. Il n’a plus la force de célébrer et garde la chambre. Le vendredi 24 janvier il s’éteint comme la flamme d’une lampe sans huile. Il est inhumé le 28 janvier 1975 à Chanac, au nouveau cimetière (1), en présence de son neveu, le P. Joseph Pelléau (1912-1993).

(1) L’ancien cimetière de Chanac est près de l’église paroissiale. Le nouveau est situé le long de la route départementale RN 44, en direction de Sainte-Enimie.

Bibliographies

Bibliographie et documentation: Documents Assomption, Nécrologe (1) 1975-1980, p. 7. ART Informations, 1975, n° 55, p. 4. Testament manuscrit du P. Jean Kérézean. Paris-Assomption, avril 1975, n° 142, p. IV-VIII. A Travers la Province (Bordeaux), février 1975, n° 229, p. 8 Extrait d’une lettre du P. Venant (Jean) Kérézean au P. François Péjac, Vérargues, juillet 1968. Dans les ACR, une correspondance du P. Kérézean, Clairmarais, 23 août 1940.