Religieux français.
Acte de décès et épitaphe pour pièce d’identité.
Victor Bourrely (1) est né à Saint-Laurent de Carnois (Gard), le 28 août 1814 et non en 1817 ou 1813, comme cela est écrit sur les nécrologes parce qu’établis, d’après la seule pièce d’identification alors détenue, son acte de décès dressé le 18 janvier 1881 à la mairie du Vlllème arrondissement de Paris: « Acte de décès de Victor Borelly, âgé de 66 ans, sans profession, né à Saint-Laurent de Carnols (Gard), décédé en son domicile, rue François 1er, n° 8, ce jour, à six .heures du matin, fils de père et de mère décédés dont les noms ne sont pas connus par les déclarants Alfred Mariage et Simon Duperrier … ». Nous connaissons sa signature, apposée sur sa feuille de profession perpétuelle, datée du 25 décembre 1855 à Mirmand (sic), dans la proche banlieue de Nîmes. Victor Borelly fait effectivement partie de ce groupe de frères formés par le P. d’Alzon et le P. Henri Brun à l’orphelinat-colonie agricole-noviciat de Mireman dans les années 1853-1855 qui font dire à l’époque au fondateur, toujours optimiste, ‘qu’il lui pleut des vocations à verse’ et le 13 septembre qu’il a « à Mireman une vingtaine de Frères convers qui dorment et se préparent à faire un jour du bien aux petits enfants qui voudront être élevés à la campagne. J’espère aussi pouvoir utilement préparer un jardin potager pour la maison de Nîmes ». Sans doute Victor a-t-il reçu l’habit le 24 décembre 1853, d’après la lettre de Noël 1853 du P. d’Alzon à Marie-Eugénie de Jésus: « Hier soir, nous avons donné l’habit à 5 frères convers ». Il n’existe pas à l’époque de registre pour les professions, celle du Fr. Victor n’est donc pas enregistrée. Mais, à la mort du religieux, le P. Vincent de Paul Bailly n’omet pas de le recommander aux prières des lecteurs. On y lit en effet: « Le frère Victor Borely (sic),
des Augustins de l’Assomption, mort à Paris le jour de la fête de la chaire de saint Pierre à Rome, à 66 ans, après 30 ans de profession religieuse. Simple frère convers, il a édifié profondément ceux qui l’ont rencontré ici-bas et sans parler prêchait la perfection. Il est mort avant d’avoir trouvé l’occasion de faire de la peine à quelqu’un ». On reconnaît là la signature fraîche du P. Bailly.
L’homme, derrière l’image?
Il est bien difficile de retracer la véritable personnalité et le parcours de ce religieux, en dehors des images reçues qui le présentent sous les traits de la Légende dorée. D’après la correspondance du P. d’Alzon, le Frère Victor a vécu au collège de Clichy (il s’y trouve certainement en 1857). Après la fermeture du pensionnat (1860), il est nommé à Auteuil, sous le supériorat du P. Picard qui l’estime beaucoup. Fr. Victor a d’ailleurs servi d’aide aux maçons, avec le Fr. Benjamin Bonnefoy, pour bâtir le premier François 1er, cette maison dont les textes disent qu’elle était une ‘bicoque’. Sans doute y est-il demeuré ensuite le reste de son existence. Le P. Picard disait de lui qu’il était si ‘édifiant’ en prière à la petite chapelle de Notre-Dame de Salut que le général de Charrette, un habitué, cherchait à le frôler en passant près de lui: « je me suis frotté à un saint, ça me portera bonheur ». Comme tous les religieux de la rue François 1er, en novembre 1880, il connaît les expulsions, manu militari. Quand il meurt, le 18 janvier 1881, revenu dans les murs après la tourmente de novembre 1880, il reçoit l’hospitalité de la tombe des Petites-Sœurs de l’Assomption au cimetière de Montparnasse. Un petit enfant de chœur, Sébastien Coggia, avant de devenir le P. Antonin, s’en souvient. Après l’installation du noviciat transféré d’Osma à Livry (1886), l’Assomption se préoccupe de rassembler ses défunts dans le parc de l’abbaye. On y transporte donc les restes du Fr. Victor, avant 1893. Mais l’Assomption est expulsée de France en 1901. Le 14 décembre 1911, les religieux défunts enterrés à Livry sont exhumés pour être transportés dans la tombe Bailly du cimetière Montparnasse à Paris.
(1) Telle est l’orthographe exacte de son nom, retrouvé dans les tables décennales de l’état civil, aux archives déparmentales du Gard, commune de Saint-Laurent de Carnois (5 Mi SR67). On en donne les formes variées suivantes: Borreli, Borelly, Borrelly. En fait, Victor porte à peu près le même nom que le curé de Rochebelle d’Alès, ami pleuré du P. d’Alzon en 1878 (lettre 6407), l’abbé Auguste Bourély, natif de Saint-Hippolyte du Gard.
Bibliographies
Bibliographie et documentation: Siméon Vailhé, Vie du P. d’Alzon, t. II, p. 52-53. Almanach du Pèlerin, 1882. Le Pèlerin 1881, n° 212, p. 64; n° 214, p. 93. Notice biographique par le P. Marie-Alexis Gaudefroy. Lettres d’Alzon, t. XIII (1996), p. 437. L’Assomption 1897, n° 12, p. 188-189. Lettre à la Dispersion 1925, n° 166, p. 766-768. Lettre à la Dispersion 1942, n° 848, p. 388.