Religieux français.
Un converti orienté par Marie-Eugénie de Jésus.
Jean-François-Victor Cardenne naît le 8 août 1821 à Paris de Jean-Baptiste-Hubert Cardenne et de Jeanne-Eléonore Gilbert. Très tôt orphelin de père (1831), il est confié à la tutelle de sa mère, femme pleine de tendresse pour son fils, mais peu religieuse et encore moins expérimentée laquelle se remarie à un certain Magloire-Brevet. Placé au petit séminaire d’Avon (Seine-et-Marne), près de Fontainebleau où le nouveau foyer s’est transféré, le jeune Victor ne choisit pas la voie cléricale mais en 1839 commence à Paris des études de droit et mène une vie de bohème, astreint à une forte précarité. Il n’est pas sur qu’il obtienne une licence en droit, mais en 1844, par un concours de circonstances, il revient à la foi et à la pratique religieuse. Il est mis en relations par son confesseur avec la jeune fondatrice des Religieuses de l’Assomption, Mère Marie- Eugénie de Jésus laquelle l’oriente vers le P. d’Alzon en 1845 et l’enseignement au collège de Nîmes qui commence sa renaissance. Professeur d’histoire, il entre dans les projets fondateurs de l’abbé d’Alzon qui à cette même période lance une Association de tertiaires laïcs pour souder l’esprit du corps enseignant et fonde une congrégation religieuse (décembre 1845). La présence de Victor Cardenne est de toute fidélité dans sa marche qui débouche vers le choix de la vie religieuse (1846-1847), de toute loyauté stimulante dans ses devoirs de professeur expérimenté et plus encore de parfait dévouement aux pauvres dans l’œuvre du patronage et les Conférences de Saint-Vincent de Paul au collège. On sait que grâce aux liens de l’abbé d’Alzon avec M. Bailly, Nîmes est la seconde ville de France, après Paris, à connaître cette forme chrétienne d’action sociale popularisée et dynamisée par de jeunes étudiants dont Frédéric Ozanam,
béatifié par le pape Jean-Paul II en 1997. Mais les privations que la vie de bohème a imposées au jeune Victor, ont déjà fortement altéré sa santé. Le 25 décembre 1850, il prononce ses premiers vœux annuels de religieux comme frère. Le 24 août 1831, il est de la petite équipe fondatrice du pensionnat parisien, rue du Faubourg Saint-Honoré, avec les abbés Charles Laurent et Paul-Elphège Tissot, eux-même en devenir religieux. C’est ainsi que tous trois inaugurent l’habit assomptionniste le 12 octobre 1851 dans la petite chapelle de ce pensionnat. Atteint de tuberculose, le Frère Victor doit revenir auprès de sa mère à Fontainebleau, rue de l’Abreuvoir, où il meurt le 14 décembre 1851 après avoir prononcé ses vœux perpétuels le 7 décembre, inaugurant aussi le nécrologe des Religieux de l’Assomption. Il est inhumé à Fontainebleau, laissant une réputation de sainteté.
Récit d’une sainte mort.
Le P. Siméon Vailhé a publié en 1924 dans la revue de L’Assomption le récit des derniers moments du Frère Victor tels que les a consignés la religieuse garde-malade qui soigna le Frère jusqu’au bout et Jules Monnier, l’un des deux professeurs agrégés du collège de Nîmes, voulut honorer la mémoire de son ami Victor Cardenne en écrivant sur lui la notice intitulée: Un Maître chrétien.
« Le 10 décembre le Frère Victor fut très souffrant et demanda à plusieurs reprises de l’eau de La Salette. Il demandait toujours cette eau quand il se sentait mal. Je lui choisis pour lecture les petites Méditations pour un malade, par Fénelon. Il me pria de les lui relire le soir. Le 11 (décembre), à 8 heures du matin, il attendait M. le curé (l’abbé Papillon) pour l’administrer. Je lui avais fait dire ses prières comme d’habitude… La journée du 12 fut assez bonne. Il me demanda d’écrire à M. d’Alzon à Nîmes pour lui transmettre ses souvenirs et ses adieux en lui demandant pardon si avait jamais pu l’offenser ainsi qu’à M. Laurent de la même manière sans oublier les domestiques dont Nicolas qui l’avait si bien soigné… La journée du 13, il fut très gai. Il désirait connaître les nouvelles politiques. Je les lui lus. Il voulut faire une partie de solitaire. Il me gagna, ce qui le fit rire de bon cœur. .. A huit heures, le 14 décembre au matin, il rendit sa belle âme à son Créateur. H.M. ».
L’Assomption 1924, n° 272, p. 36-40.
Bibliographies
Bibliographie et documentation: Lettres d’Alzon, t. I (P.T. édition 1978), p. 118-119. Jules Monnier, Un Maître chrétien, Notice sur F.-V. Cardenne (Souvenirs, Méditations, Prières, Entretiens), Paris-Nîmes, 1854, 298 pages. L’Assomption 1902, n° 64, p. 55-56; n° 65, p. 75-76; n° 66, p. 91-92; n° 67, p. 107-108; 1924, n° 272, p. 36-40. Lettres d’Alzon, t. XIII (1996), p. 467. Notice biographique par le P. Marie-Alexis Gaudefroy. Henri Galeran, Croquis du P. d’Alzon, p. 258 et 261. Les Archives romaines ont gardé trace des lettres de Victor Cardenne au P. d’Alzon (1846- 1851) ainsi que celles à Monnier, Germer-Durand, M. Marie-Eugénie de Jésus (1846-1851).