Vital (Léon-Charles) CHAFFARD – 1882-1951

Nozeroy sous la neige.
« Depuis douze jours, le courrier n’est plus expédié, tant la neige est
abondante. Le train ne fonctionne plus. Aujourd’hui un traîneau emporte la
correspondance à Champagnole. C’est le dimanche 1er février que le P. Alix
[Gruffat] s’est alité. Le docteur a annoncé une sérieuse bronchite. Les
premiers jours, le malade était très abattu, il va mieux maintenant, mais
il devra garder le 1it et la chambre encore quelque temps. Nous
avons eu aussi quelques cas de grippe, mais rien de bien
grave. Le moral est élevé. Tout à l’heure nous allons chanter la messe pour
le regretté P. Jules [Boutry], un
vétéran de la Mission d’Orient. Nous faisons la neuvaine à Notre-Dame de
Lourdes pour la France, pour les prisonniers, pour la paix, pour nos
malades, pour l’Assomption. Mercredi 11 février, je donnerai aux alumnistes
une conférence avec projections au cartoscope sur Lourdes et Notre-Dame de
Lourdes, dévotion bien assomptioniste
».
P. Vital.
Lettre à la Dispersion, 1942, n° 849, p. 299.

Religieux de la Province de Lyon.

Un parcours de formation sur quinze ans.

Léon-Charles Chaffard est né à La Compote, petite localité à l’intérieur du massif des Bauges (Savoie), le 21 juillet 1882. Alumniste à Notre- Dame des Châteaux (Savoie) de 1895 à 1898, il termine ses études secondaires à la maison de Brian (Drôme) en 1900 et opte pour la vie religieuse à l’Assomption. Il se rend en Belgique pour son noviciat, à Gempe (1900) et rejoint, sous le nom de Frère Vital, celui de Phanaraki en Turquie où il prononce ses vœux perpétuels le 18 septembre 1902. Commencent ensuite des études de philosophie à la maison de Kadi-Keuï (Constantinople) de 1902 à 1904. Selon la coutume du temps, le Frère Vital est employé dans des maisons d’œuvres, pendant trois ans, de 1904 à 1907, comme professeur d’alumnat au Bizet, commune à cheval sur la frontière franco- belge, et à Bure dans le diocèse de Namur (1). Frère Vital reprend ensuite le régime des études, à Louvain, pour la théologie (1907-1910): il y est ordonné prêtre le 17 juillet 1910. Après une année de professorat à Sart-les-Moines (Belgique), il va à Rome achever sa théologie.

Par monts et par vaux, au gré des affectations.

La vie apostolique et sacerdotale du P. Vital est assez mouvementée. On le retrouve à Sart-les Moines (1911), au Bizet (1911-1913), terrains connus pour lui, mais il est envoyé ensuite pendant toute la période de la première guerre mondiale enseigner au collège de Worcester aux Etats-Unis (1913-1918). A peine revenu en France, le voici cette fois envoyé en Espagne, à l’alumnat d’Elorrio (1919-1921). Ses pérégrinations ne sont pas terminées: en 1921, il part pour l’Amérique du Sud, d’abord au poste de Buenos-Aires en Argentine (1921-1923), puis à Valparaiso au Chili (1923-1927).

Nozeroy sous la neige. « Depuis douze jours, le courrier n’est plus expédié, tant la neige est abondante. Le train ne fonctionne plus. Aujourd’hui un traîneau emporte la correspondance à Champagnole. C’est le dimanche 1er février que le P. Alix [Gruffat] s’est alité. Le docteur a annoncé une sérieuse bronchite. Les premiers jours, le malade était très abattu, il va mieux maintenant, mais il devra garder le 1it et la chambre encore quelque temps. Nous avons eu aussi quelques cas de grippe, mais rien de bien grave. Le moral est élevé. Tout à l’heure nous allons chanter la messe pour le regretté P. Jules [Boutry], un vétéran de la Mission d’Orient. Nous faisons la neuvaine à Notre-Dame de Lourdes pour la France, pour les prisonniers, pour la paix, pour nos malades, pour l’Assomption. Mercredi 11 février, je donnerai aux alumnistes une conférence avec projections au cartoscope sur Lourdes et Notre-Dame de Lourdes, dévotion bien assomptioniste ». P. Vital. Lettre à la Dispersion, 1942, n° 849, p. 299.

Notices Biographiques A.A Durant cette période de sa vie, son apostolat change: le voici passé de l’enseignement à la prédication et au ministère paroissial. Lorsqu’il rentre en France en 1927, définitivement, après deux séjours dans les deux hémisphères de l’Amérique, il est nommé à Fumel (Lot-et-Garonne) où il reste deux années (1927-1929) avant de gagner Toulouse, à l’orphelinat de la grande Allée où il est supérieur. C’est alors que le P. Vital demande à ses supérieurs et obtient d’être affilié à sa province d’origine, la province de Lyon (1934). Il va séjourner pendant presque dix ans au noviciat de Nozeroy (Jura), y compris pendant la période de la seconde guerre où l’on essaie de maintenir sur place un alumnat provisoire en attendant de reconstituer le noviciat que les mobilisations militaires des candidats à la vie religieuse, l’exode et, parfois, des années de captivité ont durement désorganisé. En 1943, le P. Vital, à cause de sa santé, doit séjourner dans la maison de Lorgues (Var) quelque temps. C’est de là qu’il part pour la Tunisie en 1945, comme aumônier d’un pensionnat tenu par des religieuses de jésus-Réparateur, à Sillonville près de Nabeul. Après quelques années consacrées à l’enseignement, la vie du P. Vital s’est ainsi accomplie dans le ministère pastoral. Une santé fragile, une grande nervosité semblent lui avoir interdit une activité de longue durée, trop intense. C’est sans doute ce qui a produit chez lui une certaine instabilité. C’est à Nozeroy qu’il a retrouvé le calme propice à une ‘vie mixte’ de services auprès des novices et de prédications à l’extérieur. En Tunisie, il pressent que sa maladie de coeur lui fera quitter son poste d’aumônier parce que ce travail excède ses forces. Le 29 septembre 1951, il est conduit à la clinique Saint-Augustin de Tunis. Alors que l’on entrevoit pour lui l’espoir d’une proche convalescence, la mort l’emporte bruquement le 11 octobre 1951 au soir. A ses côtés, veillent sur ses derniers moments, les PP. Octavien Ball et Auguste Gabel, appelés en urgence. C’est le premier religieux à être enterré sur le sol tunisien. Son corps repose au caveau du diocèse encore en construction, à Tunis.

(1) Depuis la fusion des communes en janvier 1977, Bure se trouve administrativement dans la Province du Luxembourg belge, auparavant dans la Province de Namur.

Bibliographies

Bibliographie et documentation: Lettre à la Famille 1951, n° 123, p. 74-75. Il y a aux ACR de nombreuses corrrespondances du P. Vital Chaffard (entre 1905 et 1942) dont des nouvelles publiées dans la Lettre à la Dispersion depuis les postes variés de ce religieux.