Religieux de la Province de Lyon. Une vocation contrariée par l’épreuve. Alix-Charles Renaud est né le 19 février 1882 à La Chenalotte dans le Doubs. Il compte un oncle prêtre, notabilité au diocèse de Besançon. Alix entre au petit séminaire diocésain de Notre-Dame de Consolation pour ses études secondaires couronnées par le baccalauréat (1895- 1900). Il entre au grand séminaire à Vesoul (Haute-Saône) pour deux années de philosophie (1901-1903), puis à celui de Besançon pour trois années de théologie (1903-1905). Survient l’heure de l’épreuve, une grave affection à l’oreille gauche qui nécessite une opération infructueuse et qui le laisse dans une demi-surdité. Ses supérieurs lui laissent entendre que ce handicap lui interdit tout exercice de vie apostolique sacerdotale. Alix essaie la vie bénédictine à Solesmes (1906-1907), sans succès. C’est alors qu’il se tourne vers l’Assomption. Le 6 août 1907, il prend l’habit à Louvain, sous le nom de Frère Walbert. Après la première année de noviciat, conclue par la profession des vœux le 6 août 1908, il se rend avec ses 60 compagnons à Gempe, en pleine campagne. Il est envoyé pour une année d’enseignement à Bure (1909-1910). Il prononce ses vœux perpétuels le 6 août 1910 à Gempe. Il est désigné pour aler terminer ses études de théologie à Notre-Darne de France à Jérusalem où il est ordonné prêtre, le 9 juillet 1911. Ce séjour le marque à vie. La proximité du Saint-Sépulcre lui donne l’idée de confectionner des réductions du tombeau du Christ. Cet artisanat qui devient son violon d’Ingres, lui permet d’offrir ces maquettes de plâtre, coloriées, à toutes ses connaissances, y compris au Pape. Ministères. En septembre 1911, le P. Walbert inaugure son activité sacerdotale. Il est appelé à l’enseignement en Belgique, au Bizet (1911-1912), à Zepperen (1912-1913), à Bure (1913- 1918) et à Sart-les-Moines (1918-1919). Il revient en France au service de la maison des vocations tardives alors établie aux Fssarts (Seine-Maritime), de 1920 à 1923, sous la direction du P. Elie Bicquemard qui le tient en grande estime. En 1923, son destin suit l’évolution de la Congrégation en pleine transformation. L’alumnat d’humanités à Vinovo (Italie) ayant été supprimé en 1922, le P. Didier Nègre, son supérieur, trouve l’ancien collège des Frères de Saint-Gabriel à Lorgues (Var) comme maison de remplacement. En fait les humanistes passent à Miribel-les-Echelles tandis que les vocations tardives s’implantent à Lorgues où le P. Walbert va enseigner. Le P. Elie Bicquemard, devenu Provincial de Lyon, se souvient de son ancien confrère et le dirige en 1925 vers Miribel où, accueilli par le P. Zéphyrin Sollier, le P. A.AWalbert va inaugurer une carrière de 40 ans. ?Il y tient la place de professeur en classe de première, puis de seconde jusqu’en 1945. Professeur vivant et visuel, il multiplie ses légendaires petits carrés, corrige sans retard ses copies et accompagne les promenades. Seul bachelier du corps professoral, directeur académique, il fait accréditer à ce poste le chanoine Joseph Foillet de Lyon pour laisser les religieux, officiellement toujours prêtres séculiers, dans leur semi-clandestinité. Lui, toujours nommé par précaution M. Renaud, accepte d’être directeur académique de l’alumnat de Saint- Sigismond (Savoie) où il va régulièrement signer les registres, de préférence au temps des vendanges. En 1938, le P. Saint-Martin lui demande de prêcher la retraite aux étudiants de Tor di Nona à Rome. Le P. Walbert s’y prépare avec joie, mais il doit être opéré d’urgence de la prostate, opération qui se pratique à l’époque en deux temps et nécessite une immobilisation d’activité. Une lettre d’obédience en 1938-1939 l’affecte à Toulon-La Ginouse (Var) où seuls ses bagages arrivent. La mobilisation militaire requiert les jeunes religieux au front et l’on fait appel aux plus anciens pour parer aux urgences de remplacement. C’est ainsi que le P. Walbert reprend ses classes de lettres et ses petits carrés pour un nouveau bail à Miribel de 25 ans (1939-1964). Jusqu’à la fin de la guerre, il assure ses cours. Puis il est chargé du secrétariat du bulletin Le Petit Alunmiste, en remplacement de M. de Villeneuve. Il est ainsi en relations de correspondance avec les nombreux amis et bienfaiteurs de l’oeuvre, ne se contentant pas de réponses administratives, mais recueillant les renseignements familiaux, réconfortant et conseillant ses correspondants avec le mot du coeur. Pendant 20 ans, du matin au soir, en bon secrétaire il rédige lettre après lettre, expédie ses ‘tombeaux’ et assume la place d’un bon grand- père. Homme ordonné, il prend soin du ficher d’adresses, mais surtout il sait grandir l’intérêt de son service, d’abord en considérant la personne même du correspondant. Il fait de la lettre une conversation, rendant son interlocuteur non pas un anonyme bienfaiteur, mais une personne en situation, comprise dans ses soucis et joies de famille, de travail, de responsabilité, grâce à tous les renseignements soigneusement à chaque fois collectés et méthodiquement ordonnés. Il connaît l’âge de la personne, ses liens de parenté, déchiffrant à la loupe les écritures parfois difficiles, notant les deuils, les anniversaires, accompagnant ses envois d’images, calligraphiant même des diplômes d’associés. En 1964, il atteint ses 82 ans. Il peut raisonnablement se disposer à la retraite. Il va désormais inverser ses deux maisons de référence: lui qui prenait ses vacances à Lorgues y gagne sa résidence fixe et revient en vacances à Miribel. Bon pied bon oeil, il aime arpenter les allées du jardin et de la pinède au pied de la colline boisée de Saint- Ferréol. Contemplant la chaîne des Maures, il évoque les hautes falaises de la Chartreuse dont il a gravi tous les sommets. Joyeux, toujours affable et bon enfant, il a su assumer dans la sérénité son handicap de la surdité. Taillé pour être centenaire, solide comme une vieille voiture Renault comme aimait le lui dire le Docteur traitant des Echelles, M. Jacques Guillot, le P. Walbert vit à Lorgues quelques années seulement de paix, dans le repos et le silence. Il meurt subitement, sans secousse, le 8 janvier 1968, à Lorgues où il est inhumé le mercredi 10.
Bibliographies
Bibliographie et documentation: B.O.A. juin 1969, p. 286-287. Lyon-Assomption, février 1968, no 12, p. 11-13. Le Petit Alumniste (Miribel), février 1968, no 770, p. 4-9 et 11-12. Lettre du P. Walbert Renaud au P. Médard Hudry, Miribel-les-Echelles, 31 décembre 1951. Dans les ACR, du P. Walbert Renaud, correspondances (1909-1966). On doit au P. Walbert Renaud de nombreuses biographies de religieux parues dans le Petit Alumniste et le bulletin, Rhin-Guinée. Notices Biographiques