Willem (W.-Hubert-Marie) HACKEN – 1905-1980

Un homme de foi.
« J’ai souvent eu envie de vous donner de mes nouvelles, mais je craignais
de vous importuner, vous sachant submergé de courrier. Aujourd’hui je
prends le taureau par les cornes et me décide malgré tout. Je prie
tous les jours le Seigneur, ici dans ma solitude, pour que les Supérieurs
Majeurs aient la force d’âme et la générosité nécessaires pour entraîner
par leur exemple et leur vie exemplaire tous leurs sujets à leur suite. Je
me fais beaucoup de soucis en voyant la baisse des vocations dans le monde
en général et chez nous en particulier, et je me demande si cela ne
provient pas justement du manque d’entraîneurs parmi nos éducateurs. Aussi
me suis-je décidé, depuis qu’on m’a empêché de retourner au Congo où je me
suis donné généreusement durant 27 ans, d’offrir ma vie et mes souffrances
tant physiques que morales, pour la sanctification des religieux et des
prêtres,
pour les vocations. Depuis que vous m’avez vu au jubilé à Boxtel, j’ai
passé 4 fois par l’hôpital, notamment 23 jours
à l’hôpital de Liège, avec une formidable arythmie au cœur, due sans doute
à mon ennui de ne pouvoir retourner en mission… ». P. Willem au P.
Dufault 29.12.1967.

Religieux de la Province de Belgique-Nord.

Formation.

Willem-Hubert-Marie Hacken est né le 21 janvier 1905 à Sittard, aux Pays-Bas, dans le diocèse de Ruremonde. Après ses classes primaires au collège épiscopal de Sittard, il entre à l’alumnat de Boxtel (1916-1920) et à celui de Sartles-Moines (1924- 1927). Ayant choisi la vie religieuse à l’Assomption, il prend l’habit, le 30 octobre 1927 à Taintegnies, sous le nom de Frère Willem et la responsabilité du P. Aubain Colette. Il prononce ses premiers vœux le 1er novembre 1928: « C’est un religieux excellent, énergique, dévoué, sans ambition, qui souhaite partir en mission ». Il poursuit ses études ecclésiastiques à Saint-Gérard (philosophie: 1928- 1930) et Louvain (théologie: 1931-1934): reçu profès perpétuel le 1er novembre 1931, il est ordonné prêtre à Louvain par Mgr Van Cauwenbergh le 26 décembre 1934. Le Frère Willem a fait ses premières armes dans l’enseignement à Kapelle-op-den-Bos (1930-1931). Il est affilié à la Province de Belgique en 1947.

En mission au Congo.

De 1935 à 1963, le P. Willem peut réaliser son rêve de vie missionnaire au Congo: il est au service de la mission dans les postes suivants: Bunyuka (1935- 1938), Beni (1938-1941), Manguredjipa (1941- 1944), Mbingi (1944-1949), Mutwanga (1949- 1955) et Manguredjipa (1955-1961). Le P. Willem a certainement le don de la parole. Orné d’une barbe vénérable, il sait de sa voix chaude et forte discourir longuement et alimenter un dialogue avec des auditeurs de tout acabit. Sa stature imposante peut faire illusion sur sa santé plutôt fragile. Il doit se modérer à cause de son cœur. Mais, renonçant à la brousse, il fait son service fort régulièrement a la mission.

Il ne possède qu’une radio avec batterie et doit alimenter la conversation avec les potins locaux. A Mbingi dans les années 1948, il prend un groupe d’aspirants-frères, il leur bâtit une maison à eux. Plusieurs las d’attendre se fatiguent, mais il en reste quelques-uns pour fonder la Congrégation des Frères de l’Assomption avec le P. Rombaut en 1952. Au moment des années difficiles consécutives à l’indépendance du Congo, le P. Willem est en forêt à 100km. de Butembo, à Manguredjipa. Il vient chaque mois au contrôle médical. Un dimanche, une bande de jeunes gens vont le prendre sur sa colline et lui lier les mains pour le traduire devant les autorités locales. Mais plus sensé, le chef le libère! En 1963, pour des raisons de santé, le P. Willem rentre définitivement en Europe, le pays congolais ‘en folie’ n’étant plus fait pour un homme cardiaque.

Aumônier jusqu’à la limite de ses forces.

En juin 1963, le P. Willem est nommé aumônier de la maison de repos de Beloeil à Henri- Chapelle, en Belgique. Il y reste jusqu’au jour de sa retraite, le 9 juin 1978. De 1978 à 1980, il réside à Zepperen. Complètement usé, le cœur doit être aidé pour son fonctionnement par un pacemaker. Les dernières années de sa vie, le P. Willem doit être hospitalisé 14 jours en clinique. Comme ce n’est pas un tempérament d’intellectuel, il n’aime guère la lecture et souhaite reprendre un service actif, même si sa santé ne lui permet plus un travail pastoral. Il trouve le temps long et aime que l’on s’occupe de lui. Il lui est difficile d’admettre qu’en prenant de l’âge, il n’a plus la force suffisante pour assurer un service, même s’il prétend qu’il va mieux et qu’il peut retourner à son aumônerie. Mais les Sœurs elles-mêmes ont constaté que ses rêves étaient vains, malgré sa volonté et qu’il ne peut plus se suffire à lui-même. Dans son livre- journal, quelques jours avant sa mort, il écrit: « Si vous pleurez ma mort, vous pleurerez sur vous-mêmes ». Le 5 juin 1980, la veille de sa mort, tentant une dernière fois de le maintenir en vie, on le transporte à la clinique St-Joseph de St-Truiden où il meurt le 6 mai 1980. Il est inhumé au cimetière de Zepperen, le 10 mai 1980.

Bibliographies

Bibliographie et documentation:

Documents Assomption, Nécrologe (I) 1975-1980, p. 94. Onder-Ons, 1980. Limburgsch Dagblad, 8 septembre 1956, p. 3. De Nieuwe Limburger, 13 septembre 1956. Marc Champion, Province du Zaïre, Religieux défunts 1929-1994, Butembo, 1994, p.35-36. Du P. Willem Hacken, dans les ACR, deux correspondances, Henri-Chapelle (1963 et 1967).